Mali – France : « quand l’intérêt de la nation est en jeu, on doit pouvoir taire les divergences et ne regarder qu’à la nation »

Emmanuel Macron, président de la République de France
Emmanuel Macron, président de la République de France © Crédit Photo DR

La guéguerre entre le Mali et la France qui s'estompe peu à peu, sans pour autant connaître son épilogue, est riche d'enseignements desquels on peut tirer des leçons.

Mais que d'invectives, que de passe-d'armes, que de qualifications de noms d'oiseaux n'a-t-on pas eues entres les dirigeants de ces deux pays?

A l'interview du Ministre de l'Europe et des Affaires Etrangères Français d'alors, M. Yves le Drian, dans laquelle il traitait le pouvoir malien « d'illégitime » qui prenait des « mesures irresponsables », avait répondu l'expulsion du territoire malien de l'ambassadeur de France au . Cette décision à la limite de « l'outrecuidance » et de péché de lèse-majesté, avait suscité indignation, émoi et tollé général dans le milieu politique français.

Les hommes politiques français de gauche ou de droite, sont allés chacun de son indignation et de ses commentaires.

De Marine le Pen à Éric Zemmour en passant par bien d'autres hommes politiques, tous dans une unanimité invraisemblable, avaient fait chorus pour condamner le gouvernement malien, rappelant à souhait le sacrifice de 53 soldats français, morts pour protéger le Mali, en insistant sur l'incapacité des militaires maliens à protéger leur propre pays.

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Certains sont allés jusqu'à proposer des mesures de rétorsion à l'encontre du Mali.

Ce qu'il convient également de souligner, c'est que ces hommes et femmes politiques français, n'ont jamais eu à évoquer les propos discourtois, à la limite de l'insulte, des ex-ministres Yves le Drian et de Florence Parly, déversés à longueur de journée sur le gouvernement d'un pays souverain. Ces réactions s'attardaient sur les effets d'une réaction, en occultant les causes qui avaient conduit à cette réaction.

Cette réaction des politiques français de tous bords, met en évidence un fait : les dirigeants et opposants français peuvent avoir des divergences sur des problèmes de politique interne, sur l'Europe et sur bien d'autres problèmes.

Ils peuvent s'invectiver, s'entredéchirer, se déverser des propos orduriers, mais lorsqu'il s'agit de la politique africaine de la France, surtout dans la sphère francophone, leurs divergences s'estompent et une belle unanimité se dégage à l'effet de protéger les intérêts, fussent-ils au détriment des populations africaines.

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A ce stade, on ne reconnaîtra ni la gauche, ni la droite, ni l'extrême gauche encore moins l'extrême droite. Seuls comptent, la grandeur de la France et les intérêts de celle-ci, qui leur assurent un confort qu'ils perdraient si la France venait à être éjectée de son pré-carré africain.

Ils peuvent bien se battre et s'injurier au sujet des « gilets jaunes », des « 35 heures » ou hier « des avions renifleurs », mais aucun d'entre eux ne dénoncera les exactions de la France en Afrique, comme la soixantaine de jeunes ivoiriens tués devant l'Hôtel Ivoire par les soldats français en novembre 2004.

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Quand certains d'entre eux veulent en parler, ils parlent si fort, que personne n'entend !

Cette belle unanimité s'est maintes fois observée sur des dossiers brûlants comme celui de la Côte d'Ivoire de 2002 à 2011. Ainsi, lorsque le président Laurent Gbagbo, alors président de la Côte d'Ivoire, avait maille à partir avec les présidents français Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, dans leur volonté de lui tordre le bras, un des commentaires des plus abjects qu'on a eu à entendre, est venu de M. François Hollande, dont le parti siégeait à l'International Socialiste avec le Front Populaire Ivoirien (FPI). Celui-ci avait déclaré que le président Laurent Gbagbo, aux prises avec une horde de rebelles, soutenus en sous-main par son pays la France, était « infréquentable » !

Tous ceux des dirigeants socialistes qui avaient commerce avec le président Gbagbo, s'ils ne rasaient pas les murs, s'étaient enfermés dans un silence de cimetière, de peur d'être pris pour des traitres à la nation française, à l'exception de quelques-uns d'entre eux.

Si ce comportement des politiques français est souvent à déplorer, au regard des leçons qu'ils n'hésitent pas à vouloir donner, il n'en demeure pas moins que c'est une belle leçon qu'ils servent aux africains, prêts à s'allier à l'extérieur pour détruire leur propre pays, et assouvir des ambitions personnelles.

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Belle leçon en effet !

Quand l'intérêt supérieur de la nation est en jeu, on doit pouvoir taire les divergences et ne regarder qu'à la nation.

C'est aussi le lieu de revenir sur les soldats tués au Mali. Les africains en général et les maliens en particulier, compatissent à la douleur qui étreint les familles. Mais brandir cela à tout bout de champ, est vraiment indécent. Faut-il rappeler que plus de 12 000 maliens sont morts pendant la seconde guerre mondiale pour défendre la France, sans réellement savoir ce pourquoi ils sont allés se battre si loin de chez eux ?

Alors, Il faut veritablement savoir raison garder.

Written by Nazaire Kadi

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