Mamadou Traoré : « mettre Bédié, Ouattara et Gbagbo à la retraite par une disposition constitutionnelle est un risque de conflit »

Mamadou Traoré, proche de Guillaume Soro, donne son avis sur la limitation de l'âge à 75 ans pour la présidentielle.

Pour la gouverne des uns et des autres, je voudrais leur dire que toutes les lois qui ont été prises sur mesure ont fini par toucher ceux qui les ont prises. Une loi prise sur mesure est une loi qui vise particulièrement un individu ou un groupe d'individus. Quand le Gourou du Restaurant était le super Premier ministre de Jah Houphouët, pour museler l'opposition, il a fait prendre une loi anticasseurs.

Cette loi consistait à jeter en prison tous les opposants qui, suite à leurs manifestations, auraient provoqué des casses. C'est au nom de cette loi anticasseurs qu'il a fait jeter et Simone Gbagbo en prison en 1992,suite à l'assaut final qu'ils ont lancé contre le pouvoir de Jah Houphouët.

Et comme Dieu ne dort pas, en septembre 99, les lieutenants de celui qui a fait prendre cette loi anticasseurs ont été jetés en prison, au nom de cette loi, par Bédié, suite à une marche qu'ils ont effectuée et qui a provoqué des casses. La loi qu'ils ont fait prendre contre l'opposition a fini par s'appliquer à eux quand ils ont rejoint l'opposition.

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Il en est de même de la limitation de l'âge à 75 ans. Cette disposition constitutionnelle a été prise en 1995 par Bédié pour bloquer la candidature éventuelle de Philippe Grégoire Yacé.

Et, entrée dans l'opposition, cette disposition constitutionnelle aurait pu frapper Bédié si la rébellion n'avait pas exigé que tous les signataires de Marcoussis soient candidats. C'est cette revendication de Guillaume Soro, en tant chef rebelle, qui a permis la candidature de Ouattara et de Nzueba en 2010. Car en 2010, Bédié était frappé de forclusion par son âge.

Et lors d'un congrès du PDCI, comme la limitation de l'âge du candidat au poste de Président du PDCI avait été fixée à 75 en 1995, touchait Bédié, il a fait supprimer cette disposition dans les textes du parti doyen. C'est cette modification que le PDCI a réclamée à Ouattara lors de la révision constitutionnelle de 2016.

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Car ,cette disposition constitutionnelle qui avait été prise par Bédié en 1995 a fini par le rattraper.
Voici pourquoi je suis contre toute modification constitutionnelle qui vise directement des individus.
Car ceux qui prennent ces décisions seront toujours rattrapés par les lois qu'ils prennent contre leurs adversaires politiques.

Ne dit-on pas qu'il n'y a jamais deux sans trois ? Si la loi a fini par rattraper Ouattara et Nzueba, elle rattrapera à coup sûr, ceux qui veulent prendre des lois pour bloquer leurs adversaires politiques.
Je le dis et le répète.

Mais les faire mettre à la retraite à travers une disposition constitutionnelle est pour moi un gros risque de conflit pour notre pays. Je rappelle que c'est à cause de ces trois que notre pays a connu toutes ses grandes crises politico-militaires de ces dernières décennies.
Il ne faudrait pas l'oublier.

Written by Mamadou Traoré

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