La nomination du vice-président de la Côte d'Ivoire est-elle aux oubliettes ? Une analyse du journaliste ivoirien Ferro Bally.
Alassane Ouattara n'a pas perdu le temps. La nomination des douze nouveaux ministres-gouverneurs, qu'il a annoncée le mercredi 9 juin 2021, s'est opérée le vendredi 18 juin, soit dix jours plus tard, au grand plaisir de sept membres de la dernière équipe gouvernementale dont Raymonde Goudou Coffi, Moussa Dosso et Albert Flindé. »Quand Ouattara dit, Ouattara fait », dira-t-on.
Mais le chef de l'État n'observe pas cette même célérité sur deux sujets sensibles, sur lesquels il traîne les pieds comme s'il les avait jetés aux oubliettes. D'un, la formation de la Haute Cour de Justice. Cette juridiction d'exception, censée juger le président de la République et les membres du gouvernement et bien que prévue dans la Constitution, n'a jamais vu le jour. Au point que l'Exécutif est couvert par l'impunité.
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De deux, la nomination du vice-président de la République. Depuis la démission, le 8 juillet 2020, de Daniel Kablan Duncan qui assumait cette fonction, Ouattara semble avoir renvoyé aux calendes grecques la désignation de la deuxième personnalité de l'État et son dauphin constitutionnel. Le Premier ministre est certainement un supplétif constitutionnel, qui comble le vide constitutionnel.
Cependant, s'inspirer officiellement des exemples nigérian et états-unien pour introduire, dans la Constitution de 2016 créant la IIIè République, cette Institution et faire, quatre ans plus tard, grise mine, traduit des choix politiques au gré du vent. Et alors, « Quand Ouattara dit, Ouattara ne fait pas », pourrait-on commenter.