La place Faidherbe de Saint-Louis au Sénégal a été débaptisée par la municipalité de l'ancienne capitale de l'Afrique occidentale française.
Le conseil municipal de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, a décidé de débaptiser la place Faidherbe, figure de l'entreprise coloniale française en Afrique de l'Ouest, et de lui donner un nom en Wolof, la langue la plus parlée du pays, a-t-on appris le mardi 29 septembre 2020 auprès des autorités locales.
La place, au cœur de l'ancienne capitale de l'Afrique occidentale française puis du Sénégal, portera désormais le nom de « Baya Ndar », a indiqué Rahma Sy, la directrice de cabinet du maire de Saint-Louis, Mansour Faye.
Baya est dérivé du mot wolof « bayaal », qui veut dire « place publique, carrefour ». Ndar est le nom local de Saint-Louis, qui fut le premier établissement fondé au sud du Sahara par la France au XVIIe siècle.
Louis Léon César Faidherbe est honoré en France comme une figure militaire qui a préservé le Nord du pays de l'invasion prussienne lors de la guerre de 1870-1871. Au Sénégal, il est connu comme celui qui mena l'entreprise coloniale française en tant que gouverneur dans les années 1850 et 1860.
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Le débat sur la persistance des références à l'époque coloniale a été ravivé au Sénégal, comme dans d'autres pays, par la mort de l'Afro-Américain George Floyd et les manifestations qu'elle a provoquées à travers le monde.
« La débaptisation de la place Faidherbe » aura une « portée historique », a estimé samedi le maire de Saint-Louis, ville classée au patrimoine de l'humanité par l'Unesco.
Le nom de « Baya Ndar » s'est imposé naturellement lors des travaux d'une commission qui a également examiné la possibilité de donner à la place le nom d'une personne ou d'un événement historique, a dit M. Faye, selon des propos diffusés sur internet.
« Nos grands-pères, nos grand-mères, disaient: +On va à la place Baya+ », a-t-il souligné.
Le sort de la statue du général Faidherbe, érigée en 1891 et déplacée début janvier pour rénover la place, sera évoqué « ultérieurement », a précisé le maire. Les détracteurs de Faidherbe dénoncent en lui un conquérant colonial, responsable d'exactions contre les populations civiles.
Si, après concertations, « le conseil décide du déplacement de cette statue, on le fera. Si les populations décident que la statue va rester, naturellement, elle restera », a-t-il dit.