Sur RFI, Soro critique « les extrémistes de Gbagbo » qui disent n’avoir « rien fait »

Guillaume Soro et Laurent Gbagbo
Guillaume Soro et Laurent Gbagbo

sur ce dimanche 22 juillet 2018. « Les extrémistes de Gbagbo disent : « On n'a rien fait, nous sommes les victimes »‘, s'est-il insurgé.

Une rumeur persistante veut qu'on vous débarque dans quelques semaines ou quelques jours la présidence de l'assemblée nationale. Est-ce vrai ?

Vous parlez de rumeurs, je l'apprends en même temps que vous. Mais, je pense que la relation excellente que j'ai avec le président de la République, , porte à croire que ce n'est qu'une rumeur.

Vous savez très bien que la relation n'est pas si excellente que cela. Vous êtes à Paris, vous arrivez du Canada, on vient de faire un congrès du RHDP unifié, vous n'y étiez pas et avant que vous ne partiez, on parlait déjà de la tension entre vous et le président. Qu'est-ce qui vous oppose ?

Soyons francs, honnêtes. Je vous dirai les choses très clairement. Je dis que la relation entre le président de la République et le président de l'assemblée nationale est bonne, mais la relation entre Ouattara et Guillaume Soro résiste aux intempéries d'entourages quelques fois excessifs.

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De qui ?

Des deux entourages quelques fois, et j'en subis le très souvent le courroux. Mais je peux dire qu'au-delà de nos entourages, notre relation demeure solide et excellente.

On ne peut pas faire le parti unifié que demande le président de la République, et vous êtes absent. Pourquoi quittez-vous le pays avant ce congrès?

Vous savez bien que j'étais en mission officielle au Canada, ce n'est pas une mission que j'ai inventée.

Vous saviez qu'il y avait ce congrès?

Ce n'était pas un congrès, c'était une assemblée générale constitutive. Il y aura d'autres réunions, il y aura le congrès constitutif, mais pour l'heure, ce n'était que l'assemblée générale des membres fondateurs. Ceci dit, il faut que je précise que ma mission au Canada était depuis un an à l'avance et j'ai tenu le président de la République informé.

Donc, étiez-vous au courant que se préparait cette assemblée générale ?

Je savais bien qu'il y aurait des décisions importantes, que le président envisageait de prendre d'ailleurs, pour vous donner plus d'informations, le président m'avait reçu avant mon voyage. Mais à l'époque, il était question de la dissolution du gouvernement. Donc, c'est quand j'étais en mission certainement que la date de l'assemblée générale a été fixée.

On sait que vous êtes opposé au RHDP unifié…

Je ne suis pas du tout opposé. La question de transformer l'alliance politique du RHDP, en parti unifié, a été longtemps évoquée. Ma position est publique et connue par tous les Ivoiriens d'autant plus que c'est à la rentrée solennelle de la session de l'assemblée nationale que j'ai fait la déclaration que voici : « J'ai dit que le parti unifié, issu du RHDP devrait être un parti d'abord inclusif, et qu'il fallait donc comme moteur, pour la création de ce parti, le dialogue et qu'il ne fallait laisser personne en marge ».

Le RHDP tel qu'il est aujourd'hui, qui exclut de fait le PDCI de Bédié. Vous y adhérez ?

Je garde espoir et je suis optimiste, je rentre en Côte d'Ivoire, je parlerai avec le président Ouattara, je parlerai avec le président Bédié. De toute façon, vous avez pu noter que le président Ouattara a affirmé qu'il continuera de discuter avec le président Bédié.

Il tend la main au PDCI qui n'en veut pas. Jean-Louis Billon a clairement dit qu'il n'en voulait pas.

Je n'ai pas à commenter les propos de telle ou telle personne. Ma position en tant que président de l'assemblée nationale mais surtout, vous savez que je me suis engagé pour le pardon et la réconciliation, donc ma posture désormais, m'impose personnellement à faire en sorte que les deux grands hommes d'Etat que sont le président Ouattara et le président Bédié, ne rompent pas le dialogue, et qu'ils continuent à discuter pour des lendemains meilleurs pour notre pays.

Lors de l'assemblée générale, le président Ouattara a dit, on va faire un parti unifié pour aller aux élections, les gagner, mais on va passer la main à une nouvelle génération. Vous vous sentez concerné, serez-vous candidat à la présidentielle ?

Disons que cette posture du président Ouattara, je la connaissais depuis. Naturellement, il m'en avait parlé. C'est pourquoi, quand il y a eu les folles rumeurs autour du troisième mandat je n'étais pas perturbé parce que je savais que le président de la République, je peux vous dire, j'ai eu des entretiens importants et intenses avec lui, je savais que le président de la République, a toujours eu la posture et la volonté de passer le mandat en 2020 à une nouvelle génération.

Serez-vous candidat ?

J'ai toujours évité de répondre à cette question parce que je ne voulais pas ouvrir une compétition précipitée et anticipée sur 2020. Mais le président de la République, après cette déclaration, je pense que je vais y réfléchir. Je n'imagine pas engager cette réflexion sans en parler d'abord  principalement au président Ouattara, ensuite à Bédié et bien d'autres personnes.

Etes-vous proches de qui ; d'Alassane Ouattara ou de Bédié ?

Aujourd'hui, j'ai une mission qui est presqu'un sacerdoce. C'est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire se réconcilie. Evidemment, mon objectif est de faire en sorte que le traumatisme créé par les élections de 2010, n'existent plus. Nous avons eu des élections en 2015, la maturité des hommes politiques, de la classe politique ivoirienne, nous imposent de faire en sorte que 2020, il y ai aussi  des élections apaisées.

Est-ce qu'on peut faire la réconciliation nationale  quand on sait que la longue crise politique militaire en Côte d'Ivoire, le seul qui est en prison à la Haye est Laurent Gbagbo. Peut-on aller à la réconciliation avec Gbagbo à la Haye ?

Il n'y a pas de préalable à la réconciliation nationale. Elle doit être une volonté individuelle, commune d'aller à la réconciliation nationale. Ceci s'est vérifié au Rwanda, cela s'est vérifié en Afrique du sud, et je dis avec force que cela est possible en Côte d'Ivoire.

Cela est possible en Côte d'Ivoire mais il n'y a que Laurent Gbagbo et Blé Goudé qui soient à la Haye…

Je ne suis pas dans ce slogan de justice de vainqueur ni de vaincu. Le plus important aujourd'hui, huit ans après il faut que les lignes bougent. Avec le discours que nous tenons, nous voyons que les lignes bougent.

Qu'est-ce qui a bougé, qu'est-ce qui a été fait ?

Nous sommes aux affaires, la commission dialogue vérité réconciliation a travaillé, Affi N'guessan est libéré, Michel Gbagbo est libéré, bien d'autres personnes sont libérées il ne faut pas désespérer. Je pense que le président de la République, je suis convaincu certainement y pense et fera en sorte que la Côte d'Ivoire soit inscrite durablement dans le processus de réconciliation d'ici 2020.

Qu'est-ce qui empêche que les Ivoiriens puissent se réconcilier ?

Il faut que les uns et les autres aient l'humilité d'aller au pardon et de la réconciliation. Quand nous autres, parlons de réconciliation, il faut bien savoir qu'il y a des extrémistes dans nos camps que dans le camp de Gbagbo qui ne veulent pas entendre parler de pardon et de réconciliation.

Les extrémistes de Gbagbo disent : « On n'a rien fait, nous sommes les victimes ». Si vous dites que vous n'avez rien fait, comment peut-on aller au pardon ? J'ai dit et je l'ai assumé, j'ai dit que je souhaitais que les prisonniers politiques soient libérés. On peut trouver plusieurs mécanismes. Pour qu'on y arrive, il faut que les deux camps acceptent. Mon discours n'est pas opportuniste. J'ai commencé à parler de la réconciliation depuis 2004.

Le premier symbole fort de cette réconciliation a été organisé en 2007  à Bouaké avec le président Laurent et six autres chefs d'état.

Pourquoi arrête-t-on votre chef de protocole ?

Cette question me consume bien de fois. Mais je me réserve d'entrer dans un certain nombres de détails, au regard du fait que cette question est en instruction, et il faut laisser la justice faire son travail. J'ai été premier ministre, ministre de la défense, je pense qu'il y a des questions qui relèvent du secret d'Etat que je ne peux pas trahir.

Donc, la question Soul To Soul est une question de secret d'Etat ?

Elle relève en parti du secret d'Etat.

Vous connaissez bien Laurent Gbagbo comment se fait-il que vous qui parlez de réconciliation, n'allez pas le voir et que vous ne réclamez pas sa libération ?

J'ai déjà déclaré publiquement que j'irai voir le président Gbagbo pour lui demander pardon. Maintenant, je souhaite que ceci soit possible. Pour aller à et la CPI, il faut une volonté commune.

Au Burkina Faso qu'est-ce qui s'est passé avec ces histoires de coups de téléphone ?

C'est une affaire sur laquelle je ne veux m'étendre. Ce dossier a été réglé diplomatiquement, par le président Alassane Ouattara et son homologue Rock Christian Kaboré.

Allez-vous créer un parti ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour.

Propos retranscrits par Prince Beganssou

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Written by Prince Beganssou

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