Thiam – Ouattara, la guerre des CV : « le PDCI se cherchait un champion qui aurait un curriculum vitae ressemblant un peu à celui de Ouattara » (Venance)

Venance Konan, journaliste ivoirien et ancien DG de Fraternité Matin
Venance Konan, journaliste ivoirien et ancien DG de Fraternité Matin © Crédit photo DR

Venance Konan remet en question les réalisations attribuées à Tidjane Thiam, dit Superthiam, candidat PDCI à la présidentielle de 2025.

Dans un article publié récemment, Konan fustige l'exagération des partisans de Superthiam, qui lui attribuent des mérites qu'il n'a pas réellement. Il cite notamment la construction de la basilique de Yamoussoukro et de la mosquée du Plateau, deux projets auxquels Superthiam n'aurait, selon lui, apporté qu'une contribution minime.

Konan critique également le PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire) pour avoir propulsé Superthiam à la tête du parti, malgré son manque d'expérience et de vision claire pour le pays. Il estime que le PDCI est aveuglé par son désir de retrouver le pouvoir et qu'il ne voit pas les dangers de confier la gouvernance du pays à un homme inexpérimenté.

Ci-dessous l'intégralité de l'article de Venance :

Superthiam

Ah, qu'avons-nous fait au bon Dieu pour ne l'avoir pas eu plus tôt ! Il est si beau, si intelligent, si brillant, si fort qu'il a tout réalisé dans ce pays, et parfois même avant sa naissance. Et que lui avions-nous donc fait pour que pendant plus de vingt longues années, il ne nous ait plus adressé la parole ? Mais ne pleurons plus. Il est revenu auprès de nous, notre super héros, il s'appelle Superthiam. Le pays est sauvé. Alléluia ! N'a-t-il pas déjà sauvé des grandes entreprises européennes ? Merci à vous, grands sages du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) qui avez eu le flair de détecter ce grand talent, et qui l'avez convaincu de revenir sur les bords de notre lagune Ebrié qui est loin d'avoir le charme du lac Léman de Genève.

Superthiam, il est vraiment fort. Les « douze travaux de l'Eléphant d'Afrique » de Bédié ? C'était lui. La basilique de Yamoussoukro, c'était lui, forcément. C'est lui qui en avait soufflé l'idée à Houphouët-Boigny, avait tenu la main à l'architecte Pierre Fakhoury pour en dessiner les plans, inspiré Césaréo qui suivait les travaux, tout. Le pont Félix Houphouët-Boigny, c'était lui aussi. Quand on est un super héros, on est capable de tout, même de réaliser des choses avant de naître. Donc, la mosquée du Plateau, ça ne pouvait être que lui. C'est lui qui a trouvé les financements, a dirigé les travaux de sa construction, l'a décorée, a posé les nattes pour les fidèles, a apporté l'eau pour qu'ils fassent leurs ablutions, tout. Le 10 avril dernier, notre super héros a déclaré devant les fidèles de la mosquée du Plateau que c'est lui qui, en 1996, a passé trois mois à lever les financements pour sa construction, et a ensuite passé trois années à la bâtir.

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Pour la vérité historique, disons que Superthiam a certes participé à la recherche des financements, en a trouvé en 1996 auprès de la Fondation Zayed Bin Sultan Al-Nahayan, mais cela était loin de suffire à construire la mosquée. Rappelons qu'après le coup d'Etat de 1999 qui a vu le départ de Superthiam du pays, les travaux de construction de cette mosquée se sont arrêtés et n'ont véritablement repris qu'à l'avènement du président Ouattara. Et ce sont depuis lors, quelque onze milliards de nos francs qui y ont été injectés grâce au Président de la République, pour que cette mosquée soit aujourd'hui fonctionnelle. Donc entendre Superthiam dire que c'est lui qui a construit et décoré cette mosquée est un peu fort du café. Arrêtons un peu les impostures.

Le PDCI se cherchait un champion qui aurait un curriculum vitae ressemblant un peu à celui d'Alassane Ouattara. Il faut dire qu'avec le décès d', ce parti était devenu orphelin et cherchait désespérément quelqu'un qui le prendrait en charge et lui permettrait de rêver de s'approcher du pouvoir suprême. Il se trouvait qu'au même moment, Superthiam, héros planétaire, cherchait un poste qui correspondrait à son envergure. Ministre en France ? Trop petit pour lui. Directeur général du Fonds monétaire international ? Trop petit. La Banque mondiale ? On fait quoi avec ça ? Président de la Côte d'Ivoire ? Voilàààà ! Comme dirait l'ancien mari de Simone. Il fallait passer par la présidence d'un parti.

Le PDCI se cherchait un président super héros. Superthiam ne remplissait pas toutes les conditions ? Pas grave ! On tordit donc le cou aux textes, bouscula des susceptibilités et hop ! Superthiam fut propulsé à la tête du vieux parti. Et depuis lors, on veut à tout prix démontrer qu'il est un génie, un grand visionnaire qui certainement projettera la Côte d'Ivoire dans le peloton des cinq grands pays de ce monde en moins d'une année. Arrêtons de rêver. La manière dont le PDCI et le concerné lui-même tentent de nous convaincre de son génie devrait nous mettre la puce à l'oreille.

Au stade où nous sommes, il ne saurait être question de changer de capitaine pour suivre une mode ou parce qu'un parti estime qu'il est éloigné du pouvoir depuis trop longtemps. Il s'agit pour nous de conserver des acquis, et de continuer sur une trajectoire que nous voyons clairement. Nous voyons tous ce qui a été réalisé dans notre pays en quelques années, en l'absence de Superthiam. Restons concrets et éloignons-nous des illusionnistes. La gouvernance de notre pays en ces temps de graves menaces dans notre septentrion est une affaire trop sérieuse pour être placée en des mains inexpérimentées.

Venance Konan

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Written by Colombe Blanche

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