Véronique Tadjo à propos du 3eme mandat de Ouattara: « la Cour constitutionnelle doit trouver le courage d’assumer l’énorme responsabilité historique »

« La Constitution comme garantie juridique », Véronique Tadjo fait une analyse du 3eme mandat de Ouattara

C'est le moment de s'interroger sur les changements de Constitutions dans la région ouest-africaine d'une manière générale. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, le est tombé de Charybde en Scylla. Certes, la Constitution de 2000 a donné lieu à des modifications importantes. Là où l'ancien texte imposait qu'un candidat soit « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père et de mère eux-mêmes d'origine », la nouvelle Constitution remplace cette condition par « nés de père ou de mère ».

Un seul des parents d'un candidat présidentiel a maintenant besoin de posséder la nationalité ivoirienne de naissance. Par ailleurs, le fait d'avoir détenu une autre nationalité ne l'empêche plus d'être candidat. Il doit cependant y renoncer avant de soumettre son nom.

Autres changements de taille, un poste de vice-président a été créé, ainsi qu'un . Cependant, le fait que la limite d'âge pour se présenter, auparavant fixée à 75 ans, ait été supprimée – et que l'âge minimal ait été abaissé à 35 ans – représente un recul indéniable. En effet, cette modification permet aujourd'hui à Henri Konan Bédié, le candidat du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), âgé de 86 ans, de se présenter à la magistrature suprême !

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Dans un pays, dont près de la moitié de la population est analphabète et où une infime minorité se donne la peine de lire les textes de loi pour en comprendre les enjeux, la responsabilité de la société civile est grande. Malheureusement, ce qui manque cruellement à la Côte d'Ivoire, c'est une société civile neutre. Celle-ci n'existe pratiquement pas, car trop souvent, elle est infiltrée par des partis liés aux mouvements de l'opposition du moment.

Pour cette raison, beaucoup de personnes hésitent à répondre à ses mots d'ordre de crainte d'être prises en otage par un camp. Pendant ce temps-là, la bourgeoisie ivoirienne est paralysée par son dé de préserver la stabilité à tout prix. Pourtant, elle est bien placée pour faire pression sur l'élite politique avec laquelle elle entretient des liens de parenté et d'alliance. Mais elle n'a pas encore compris que son inaction ne peut que réactiver le terrible cycle de l'instabilité, justement.

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Envers et contre tout, la Cour constitutionnelle doit trouver le courage d'assumer l'énorme responsabilité historique qui est la sienne.

Written by Véronique Tadjo

Véronique Tadjo sur le 3e mandat de Ouattara : « fermez les yeux, c’est être complice, c’est tuer la démocratie »

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