A la place de Ouattara, qu’aurait fait Houphouët aujourd’hui devant la situation actuelle ?

Si Houphouët avait été Président aujourd'hui, à la place de Ouattara qu'aurait-il fait devant la situation actuelle ? Une analyse de KKS. 

Si tant est que le Président Ouattara est un Houphouëtiste et si l'Houphouëtisme renvoie à la philosophie politique d'Houphouët Boigny, alors, le moindre des réflexes que doit avoir le président Ouattara dans le contexte sociopolitique actuel de la Côte d'Ivoire est : Si Houphouët Boigny avait été le Président aujourd'hui, qu'aurait-il fait devant la situation actuelle ? Eh bien ! pour savoir ce qu'il aurait fait il suffit de voir ce qu'il a fait dans les circonstances similaires.

Bref rappel

1966 : HOUPHOUÊT, dans sa politique d'ouverture aux autres peuples de la sous-région, décida d'accorder la double nationalité ivoirienne par la procédure de naturalisation, aux ressortissants des du conseil de l'attente, qui voulaient être . Le projet suscita une levée de bouclier générale et l'hydre des populations qui s'y opposèrent bruyamment et fermement. HOUPHOUËT insista crânement mais le peuple ne céda pas. Sous la pression des populations et dans son souci suprême de préserver la paix sociale, HOUPHOUET BOIGNY s'inclina humblement et retira le projet. Ce fut un échec personnel mais il gagna la paix.

1990 : Nous sommes à la fin des années 80. La situation économique de la Côte d'Ivoire est peu reluisante. Le climat social s'en trouve affecté et le régime du Président Houphouët Boigny doit, pour la première véritable fois après 1966, faire face à une fronde des plus sérieuses. Le soulèvement populaire consécutif aux mesures d'austérité instaurées par le (plan Koumoué Koffi), sous l'injonction des institutions de Bretton woods avait conduit à une crise qui secoua jusque dans ses fondements la Côte d'Ivoire Houphouëtienne.

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Houphouët, jurant presque, se montra intraitable et ferme en martelant que lesdites mesures que rejetaient les populations seraient IN-TE-GRA-LE-MENT appliquées. Malgré la féroce répression, les d'une rare violence se multiplièrent et laissèrent sur le carreau 3 morts.

Devant ce développement dramatique, 3 morts, c'était beaucoup trop pour celui qui avait fait le serment de ne verser aucune goutte de sang pour son pouvoir, houphouët Boigny opta pour le sacrifice de son ego et recula pour non seulement renoncer à l'application des mesures du plan koumoué, mais mieux, céda sur la demande forte des opposants politiques, la réinstauration du multipartisme, lui qui avait toujours refusé d'entendre parler de multipartisme et qui, quelques jours avant, rétorquait à un journaliste, tel un prophète, : « Vous n'avez de cesse tous de transposer vos problèmes de démocratie chez nous. Nous sommes un pays qui n'est pas encore une , mais un Etat hérité de la colonisation…Vous savez bien quel mal nous avons à être Ivoiriens. Nous sommes d'abord baoulés, bétés, yacoubas …Laissez-nous le temps de faire ce que nous devons faire…Partout où le multipartisme a été instauré, il y a eu des conflits, du désordre et de l'instabilité »

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Ainsi, face aux vents contraires qui menaçaient dangereusement le navire ivoire, le vieux sage de Yamousoukro avait plié, cédé et obtenu le ré salutaire pour son pays. Le Président avait compris la nécessité de faire un sacrifice, même si celui-ci était lourd de conséquences pour l'avenir. C'était à l'évidence, la seule issue de sortie de crise à cette époque. Autrement, c'était le chaos qui attendait celui qui avait toujours préféré « l'injustice au désordre. » Les conséquences du premier étant réparables et pas toujours pour le second.

Ces deux hauts faits historiques que je n'ai que le mérite de retranscrire quelquefois textuellement ici, révèlent avec éloquence un des traits de caractère du Président : sa capacité à se surpasser, à se réinventer et à s'adapter pour répondre aux sollicitations du moment. Ce qui n'était pas une faiblesse de sa part, mais bien le contraire.

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Au terme de ce bref rappel, nous pouvons sans risque de nous tromper répondre que si Houphouët avait été Président en ce moment, il aurait pris la sage décision de reporter l'élection du 31 octobre et appeler à un dialogue national pour construire le consensus national qui sauve la nation de l'implosion.

Monsieur le Président, faites honneur à l'houphouetisme ou tout au moins à Houphouët-Boigny.
Comme Houphouët, surpassez-vous, venez à bout de la tyrannie de votre ego et Prenez courageusement la décision qui sauve.

C'est là l'ultime conseil d'un compatriote à son Président qu'il aime entant que créature de .
Quant à vous, chers compatriotes, Prions pour le Président pour qu'il prenne la bonne décision,
Prions pour la Côte d'Ivoire pour que seule la volonté divine s'accomplisse.
Amen !

avion

Point de l’actualité du 28 octobre 2020 à 21H00 GMT

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