Le président Alassane Ouattara est officiellement candidat à un 3è mandat jugé anticonstitutionnelle par l'opposition ivoirienne.
L'opposition ivoirienne conteste à Alassane Ouattara le droit de se représenter à un troisième mandat en vertu de l'actuelle Constitution. Nos confrères de France 24 ont tenté d'en savoir.
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Juridiquement, la question se pose. L'opposition juge la candidature d'Alassane Ouattara illégale eu égard à la nouvelle Constitution adoptée en 2016, qui limite – comme l'ancienne du reste — à deux le nombre de mandats présidentiels. « Cette question a beaucoup alimenté les discussions des constitutionnalistes en Côte d'Ivoire, estimait Sylvain N'Guessan, analyste politique de l'Institut stratégique d'Abidjan, dans un entretien accordé le 9 juillet à France 24. Les opposants à Ouattara estiment que, dans la mesure où la nouvelle Constitution de décembre 2016 n'a pas remis en cause son élection d'octobre 2015, il a atteint la limite et n'a plus le droit de se présenter. D'autres pensent au contraire, qu'avec une nouvelle Constitution, les compteurs sont remis à zéro et qu'Alassane Ouattara peut briguer un nouveau mandat. Le contexte est assez complexe. Il faut laisser les institutions en charge de la Constitution se prononcer. »
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Vendredi, Maurice Kakou Guikaoué, secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), interrogé par RFI, a annoncé le dépôt d'un recours contre cette candidature auprès du Conseil constitutionnel.
Dans ce contexte, deux scénarios possibles se dessinent, estime le journaliste Clément Yao, dans un article de « L'Afrique aujourd'hui ». « Dans le meilleur des cas, vu les crispations et polémiques qui enflent autour de la Constitution et en raison aussi du court délai imparti pour le rééquilibrage de la Commission électorale indépendante […], le pouvoir ivoirien pourrait se saisir de ces éléments pour justifier le report de la présidentielle du 31 octobre à une autre date, peut-être, plus consensuelle. »
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Dans l'autre cas, si la candidature du président Ouattara est validée par le Conseil constitutionnel, « la situation pourrait dégénérer avant même la date de convocation des Ivoiriens aux urnes, poursuit le rédacteur. Dans ce scénario du pire, les conséquences seraient désastreuses. Selon plusieurs observateurs, les violences pourraient même dépasser celles qu'a connues ce pays lors de la crise post-électorale de 2010-2011. » Certains observateurs vont même jusqu'à dire que ces mêmes violences pourraient embraser la région déjà fragilisée par les mouvements jihadistes. Ce serait alors « tous les efforts militaires consentis qui pourraient alors voler en éclat », conclut Clément Yao.
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De sombres perspectives que l'analyste politique Sylvain N'Guessan nuance dans un nouvel entretien à France 24. « Je pense que sa candidature sera validée par la Commission électorale ivoirienne (CEI). Cette dernière ne peut en effet avoir le recul requis pour analyser de manière objective l'article 183. Une chose est sûre, dans ce contexte, la candidature d'Alassane Ouattara va engendrer des troubles. Mais je ne pense pas qu'ils s'inscriront dans le temps. »
Le retour de Laurent Gbagbo
Autre point de crispation de la campagne, la question du retour de Laurent Gbagbo. À trois mois du scrutin, les partisans de l'ancien président espèrent toujours son retour au pays. L'ex-chef d'État ivoirien, acquitté puis libéré sous conditions par la Cour pénale internationale, reste dans l'attente de son passeport.
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Mais un tel retour est-il possible ? L'article II de la Constitution ivoirienne stipule qu'aucun Ivoirien ne peut se présenter à un scrutin s'il est en exil. Mais à partir du moment où la CPI permet à Laurent Gbagbo de rentrer, il devient possible de se présenter. « Encore faut-il qu'il en ait la volonté, abonde Sylvain N'Guessan. Si tel est le cas, il serait souhaitable qu'il puisse rentrer. À mon avis, il faudra privilégier le compromis politique : il serait intéressant que le dialogue entamé par le Premier ministre Bakayoko puisse se poursuivre et qu'une solution politique soit privilégiée. »