Jean Bonin, proche du président du Front populaire ivoirien (FPI) fait une analyse sur l'alliance conclue entre le PDCI-RDA et Gbagbo.
En politique, il n'y a pas d'alliances contre nature…
Cette boutade n'est pas de moi mais de Gbagbo Laurent. Quelques années plus tôt, le FPI, parti de gauche, s'était effectivement allié au RDR, un parti de droite.
Aujourd'hui, les GOR, mouvement insurrectionnel radical de gauche, s'allie avec le PDCI, parti politique d'extrême droite.
On le voit bien, ces attelages incongrus qui piétinent allègrement les idéologies desdits partis ne visent qu'un seul objectif : l'accession au pouvoir d'Etat à tout prix.
LIRE AUSSI : Lettre ouverte du pro-Affi, Jean Bonin à Alassane Ouattara
Il faut garder à l'esprit qu'il existe essentiellement deux (2) types d'alliances politiques :
– l'alliance idéologique, et,
– l'alliance non idéologique.
Personnellement, s'il doit y avoir une rupture définitive entre les GOR qui eux ont opté pour une alliance non idéologique avec le PDCI et le FPI que représente légalement le président Affi, je conseillerais aux militants du FPI deux (2) schémas:
– une alliance pseudo idéologique avec le RHDP basée sur un programme consensuel et commun de gouvernement qui prendrait en compte les intérêts croisés du peuple (FPI) et ceux du monde des affaires (RHDP).
– une campagne de sensibilisation des populations sur la capacité du président Affi, homme politique modéré, compétent et sérieux, seul capable de rassembler les ivoiriens, toutes tendances politiques confondues, autour du développement inclusif du pays.
LIRE AUSSI : Affaire Vice Média Hamed Bakayoko : « pourquoi dévoiler cette enquête aux Ivoiriens à 4 mois des élections ? »
La 1ère option a l'avantage d'assurer que le couple FPI – RHDP gagnera la présidentielle d'octobre 2020 dès le 1er tour, si Gbagbo n'est pas candidat. Or, la probabilité que Gbagbo revienne au pays et soit candidat s'évapore un peu plus chaque jour avec les discours guerriers qu'entonnent les GOR depuis l'allègement de la libération conditionnelle de Gbagbo.
Malheureusement, cette rhétorique guerrière brouille et sape tout le travail de négociation que le président Affi a entamé avec le pouvoir RHDP en vue du retour effectif de Gbagbo. Cette attitude contre-productive m'amène à me demander si les GOR et le PDCI souhaitent vraiment au fond d'eux-mêmes le retour de Gbagbo au pays.
La deuxième option qui exclut toute alliance du candidat du FPI avec un autre parti politique ne garantit pas une victoire au 1er tour mais n'interdit pas pour autant qu'il soit présent au 2ème tour. Elle lui assure que dans tous les cas le FPI sera au pouvoir ou dans le pouvoir en tant que faiseur de roi. C'est ce que le PDCI arrivé en 3eme position derrière le RDR a fait au 2ème tour de la présidentielle de 2010.
L'option de faire éventuellement alliance avec le RHDP ne devrait point gêner ni choquer les militants du FPI. Gbagbo lui-même l'a déjà fait dans le cadre du Front Républicain. Par ailleurs, le RDR qui est issu des entrailles du PDCI, avec lequel il s'est allié durant 13 ans, dans l'alliance RHDP, n'est fondamentalement pas différent du PDCI. Lorsqu'il était au pouvoir le PDCI faisait pire que le RDR aujourd'hui.
Qui ne se souvient des emprisonnement de toute la famille de Gbagbo et de son exil ? Qui a oublié que le PDCI ne voulait pas de commission électorale indépendante, d'urnes transparentes, de vote à 18 ans, d'encre indélébile et de bulletin unique. Non, pour ce que je sais et que j'ai vu, le PDCI n'est pas un parti démocratique.
Il n'y a aucun complexe à faire une alliance avec le RDR, sans pour autant intégrer le RHDP, comme l'avait fait le PDCI. Il est indiscutable que le PDCI, dans le cadre du RHDP, est comptable du bilan politique du RDR. C'est le cas en ce qui concerne notamment :
– son implication dans la crise post électorale de 2010,
– l'extradition à la CPI de Gbagbo et Blé Goudé,
– les emprisonnements politiques,
– les exilés politiques,
– le gel des comptes,
– la Commission Electorale Indépendante de 2010 et 2015 qui étaient pire que l'actuelle CEI…
LIRE AUSSI : Affaire Hamed Bakayoko : Abou Cissé, l'oncle de Ouattara réagit : « je ne doute pas de la véracité des faits »
Le PDCI peut essayer de distraire certains GOR en se faisant passer hypocritement pour un soutien inconditionnel de Gbagbo, voire même son avocat défenseur à la place de Me Altit. Il peut duper les nigauds et les naïfs mais pas Jean Bonin.
Contrairement à ce que certains pensent, Affi Nguessan, avec ou sans les GOR, a la position politique la plus aisée dans le bourbier politique ivoirien où l'incertitude et l'indisponibilité de certains candidats se disputent la sénilité et la virtualité des autres.
Alors, PDCI et GOR, attention à ne pas trop tirer sur la fragile ficelle de l'unité du FPI, car elle pourrait casser. Il faut donc intelligemment travailler d'abord à finaliser l'unité du parti avant de conclure d'éventuelles alliances.
Affi Nguessan n'est pas opposé à une alliance avec le PDCI. Ce qu'il souhaite c'est : ALLIANCE D'ACCORD, mais UNITÉ D'ABORD. C'est tellement simple que je n'arrive pas à comprendre la surdité et la cécité politique de certains.
Forza Affi.