Cherté de la vie en Côte d’Ivoire: Koné Katinan fait des propositions à Ouattara

Dans son 4e numéro de la Tribune du PPA-CI, Koné Katinan, est revenu ce 21 juillet 2022 sur la sortie de Patrick Achi en rapport à la cherté de la vie en Côte d'Ivoire.

𝗖𝗛𝗘𝗥𝗧𝗘 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗘 𝗘𝗡 𝗖𝗢𝗧𝗘 𝗗'𝗜𝗩𝗢𝗜𝗥𝗘 : 𝗗𝗘𝗖𝗥𝗬𝗣𝗧𝗔𝗚𝗘 𝗗𝗘 𝗟'𝗜𝗡𝗧𝗘𝗥𝗩𝗜𝗘𝗪 𝗥𝗘𝗔𝗟𝗜𝗦𝗘𝗘, 𝗟𝗘 𝟭𝟭 𝗝𝗨𝗜𝗟𝗟𝗘𝗧 𝟮𝟬𝟮𝟮, 𝗗𝗘 𝗠. 𝗣𝗔𝗧𝗥𝗜𝗖𝗞 𝗝𝗘𝗥𝗢𝗠𝗘 𝗔𝗖𝗛𝗜, 𝗣𝗥𝗘𝗠𝗜𝗘𝗥 𝗠𝗜𝗡𝗜𝗦𝗧𝗥𝗘, 𝗖𝗛𝗘𝗙 𝗗𝗨 𝗚𝗢𝗨𝗩𝗘𝗥𝗡𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧 𝗗𝗘 𝗖𝗢𝗧𝗘 𝗗'𝗜𝗩𝗢𝗜𝗥𝗘.

Dans une interview consacrée à la cherté de la vie, et retransmise simultanément sur la chaîne nationale RTI 1, sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI) et sur la Radio Côte d'Ivoire, le lundi 11 juillet 2022 à Abidjan, le Premier Ministre, , a assuré que la question de la cherté de la vie est au cœur de l'action gouvernementale et que le Gouvernement fait le maximum pour que la population soit la moins impactée possible.

Il a dit et je cite : « 𝐿𝑒 𝐺𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢𝑖𝑡 𝑎𝑢 𝑞𝑢𝑜𝑡𝑖𝑑𝑖𝑒𝑛 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑒. 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑝𝑒𝑟𝑚𝑎𝑛𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠. 𝐿𝑎 𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑎𝑢 𝑐œ𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑔𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑙𝑒. 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑒𝑛𝑜𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑟𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑦 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑎𝑡𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛𝑠. 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑙𝑙𝑜𝑛𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑖𝑛𝑓𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛. »

Pour le Premier Ministre, le renchérissement du coût de la vie est dû principalement à la survenue de la pandémie de la Covid-19, qui a entraîné le confinement de la quasi-totalité de la population, et à la récente guerre russo-ukrainienne qui a occasionné le quasi-doublement du cours du pétrole à l'international et le triplement du prix de l'engrais.

Le Chef du Gouvernement est revenu sur les mesures prises par l'État, depuis le début du renchérissement du coût de la vie, pour contenir l'impact de cette inflation sur la population. Il s'agit d'une subvention de 400 milliards de FCFA qui a permis, entre autres, de maintenir le prix du Super à 735 FCFA et celui du Gasoil à 615 FCFA et d'apporter une subvention aux meuniers, du plafonnement des prix de 21 produits de grande consommation constitués essentiellement de denrées de première nécessité (huile, sucre, lait, farine boulangère, etc.), de la soumission à autorisation de l'exportation de certaines denrées alimentaires produites et consommées localement: l'attiéké, l'igname, etc.. et de versements de filets sociaux pour soutenir les couches défavorisées.

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D'ici à 2025, a-t-il annoncé, le Gouvernement prévoit la modernisation de l'agriculture ivoirienne avec un accent particulier sur le vivrier car les modes de production et de vie ont changé. À ce titre, Patrick Achi mise sur le développement de neuf agropoles dont celui du Centre est déjà opérationnel. Il a annoncé le lancement imminent de l'agropole du Nord. L'objectif d'ici à 2025, selon les axes stratégiques de la vision 2030 du Président , est d'atteindre la souveraineté alimentaire, non seulement pour les produits vivriers, mais aussi pour les marchandises.

Le PPA-CI , qui se préoccupe au plus haut niveau de la problématique de la cherté de la vie, a suivi avec attention l'intervention du PM et les solutions que le gouvernement tentent de trouver à cette problématique. C'est pourquoi, par la présente, le PPA-CI fait sa propre analyse de la question et propose ses propres solutions.

La définition économique de « la vie chère » est l'inflation. La première constitue la manifestation visible de la seconde.

L'inflation se définit comme un accroissement excessif des instruments de paiement (billets de banque, capitaux, etc..) par rapport aux biens et services disponibles et qui entraine une hausse des prix et une dépréciation de la monnaie. Elle se caractérise par la persistance de l'augmentation de la moyenne des prix, indépendamment des variations sectorielles, et s'observe sur l'ensemble du spectre économique sur une période assez longue de plusieurs trimestres consécutifs. Elle se traduit par une perte du pouvoir d'achat. La monnaie se déprécie par rapport à elle-même et c'est en cela que l'inflation se distingue de la dévaluation qui est une dépréciation de la monnaie par rapport à une devise étrangère de référence. En un mot, l'inflation est le déséquilibre conjoncturel entre le volume des instruments de paiement qui circulent et les biens et services existants.

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Cette précision permet de bien comprendre la critique que nous formulons sur les solutions proposées par le Gouvernement. Le Chef du gouvernement, tout en reconnaissant que la vie était chère pour nos compatriotes, se félicite que cette cherté soit de moindre mesure par rapport à celle que connaissent les autres pays de la sous-région.

𝗣𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, pour comparer un phénomène économique entre plusieurs pays, il faut les situer dans le même contexte. C'est pourquoi, comparer l'inflation en Côte d'Ivoire à celle du Mali et du Burkina Faso est économiquement erroné. Le contexte du Mali est différent de celui de la Côte d'Ivoire. Le Mali fait face à un embargo commercial et à une déconnection des circuits financiers suite aux sanctions qui ont été méchamment imposées à son peuple. Ce pays fait donc face à deux facteurs aggravant de l'inflation. La rareté des biens et services et la rareté des moyens des instruments de paiement. Il en est de même pour le Burkina Faso. Les deux pays ont en commun d'avoir perdu le contrôle sur une bonne partie de leur territoire. Le déplacement, du fait de l'insécurité, des populations, notamment rurales, perturbe les circuits de production à l'intérieur des deux pays.

𝗗𝗲𝘂𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, les statistiques ivoiriennes sont muettes sur les détails importants. En effet, bien qu'étant dans le spectre économique, pris dans son ensemble, toute inflation est portée par un ou plusieurs secteurs économiques. Le taux d'Inflation synthétique, qui est une écume qui cache la réalité de la souffrance des populations, pourrait expliquer pourquoi toutes les mesures prises par le Gouvernement n'arrive pas, jusqu'à présent, à contenir la cherté de la vie qui s'accentue. Les ivoiriens ne s'en plaindraient, aussi bruyamment, si tel est que le riz, l'huile, la banane, la viande avaient augmenté de seulement 4,8%. Par exemple, l'Institut de Statistiques du Ghana a fait un rapport qui mentionne clairement que l'inflation au Ghana, qui est du reste très élevée, est portée par le secteur du transport, suivi de celui de l'alimentation. Ensuite, nul ne sait quelles sont les classes sociales qui sont les plus touchées par l'inflation en Côte d'Ivoire. La classe pauvre, la classe moyenne ou la classe supérieure ? Ces données sont déterminantes pour orienter l'action de lutte contre l'inflation .

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A défaut de statistiques détaillées, le PPA-CI a procédé à une levée des prix des produits sur le terrain entre deux périodes voisines pour connaitre le niveau de l'inflation de certains produits de grande consommation. Par ailleurs le PPA-CI a pu relever des différences, parfois importantes, entre les prix que le ministère du commerce affiche comme étant les prix appliqués et ceux qui sont effectivement appliqués sur le marché.

[ 𝑫𝒆𝒔 𝒕𝒂𝒃𝒍𝒆𝒂𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒆𝒏𝒔𝒆𝒊𝒈𝒏𝒆𝒏𝒕 𝒔𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒎𝒑𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒊𝒏𝒇𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏, 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒆𝒓𝒐𝒏𝒕 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒖𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆́𝒔 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒖𝒏𝒆 𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 𝒑𝒖𝒃𝒍𝒊𝒄𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒂 𝑪𝒐𝒎𝒎𝒊𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝑪𝒐𝒎𝒎𝒖𝒏𝒊𝒄𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒆𝒕 𝑶𝒓𝒈𝒂𝒏𝒊𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝑷𝑷𝑨-𝑪𝑰. ]

𝗧𝗿𝗼𝗶𝘀𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, quels sont les critères d'allocation des filets sociaux ? En effet, comme rappelé ci-dessus, l'inflation est due par l'accroissement excessif des instruments de paiement par rapport aux biens et services disponibles. Par conséquent, accroitre ces instruments dans un contexte d'inflation, c'est aggraver l'inflation. En d'autres termes, c'est apporter du vent, en lieu et place de l'eau, au feu. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle beaucoup d'économistes attribuent l'inflation actuelle aux décisions économiques précipitamment prises par les gouvernements pour lutter contre la Covid-19. En effet, les mesures de confinement ont eu pour conséquence de bloquer la production et parallèlement, l'usage des planches à billets des grandes puissances, pour soutenir ou remplacer les salaires, a consisté à injecter de l'argent dans des économies qui ne produisaient plus. Cela a contribué à créer un déséquilibre entre la masse monétaire qui circule et les biens et services disponibles. C'est pourquoi, les banques centrales ont le réflexe de relever leur taux d'intérêt pour freiner la création de la monnaie par les banques en situation d'inflation. En rendant le crédit cher, les banques centrales dissuadent les ménages à recourir à celui-ci.

Le PPA-CI, par idéologie Parti de gauche, soutient toujours les initiatives d'appui aux couches sociales les plus défavorisées. Il n'est pas contre les filets sociaux. La seule inquiétude, c'est le manque de statistiques détaillées sur les secteurs qui accentuent l'inflation et la non définition des critères qui guident les allocations. Il existe donc un réel risque d'aggraver l'inflation si ces allocations négligent, par exemple, les secteurs de la production, surtout que ces filets sociaux sont financés par emprunt.

𝗤𝘂𝗮𝘁𝗿𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Le Premier Ministre, au cours de son interview, a cité l'enchérissement des engrais, du fait de la crise russo-ukrainienne, comme étant l'une des causes du coût des denrées alimentaires. Cet argument ne peut prospérer que pour les saisons agricoles à venir. La guerre russo-ukrainienne est trop récente pour influencer la saison agricole précédente dont la production était déjà sur le marché bien avant le déclenchement de cette guerre. Notre observation se fonde sur l'étude qu'a menée la Commission de la CEDEAO en partenariat avec le FAO et intitulée « 𝗘𝗩𝗔𝗟𝗨𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘𝗦 𝗥𝗜𝗦𝗤𝗨𝗘𝗦 𝗘𝗧 𝗗𝗘 𝗟'𝗜𝗠𝗣𝗔𝗖𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗥𝗜𝗦𝗘 𝗥𝗨𝗦𝗦𝗢-𝗨𝗞𝗥𝗔𝗜𝗡𝗜𝗘𝗡𝗡𝗘 𝗦𝗨𝗥 𝗟𝗔 𝗣𝗥𝗢𝗗𝗨𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗔𝗚𝗥𝗜𝗖𝗢𝗟𝗘 𝗗𝗔𝗡𝗦 𝗟𝗔 𝗥𝗘𝗚𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗘𝗗𝗘𝗔𝗢 ». Cette étude s'inquiète beaucoup plus pour la production de la saison en cours et non celle de la saison passée dont la production est consommée cette année. La même étude montre que le déficit entre l'engrais disponible en Côte d'Ivoire et le stock nécessaire pour la satisfaction des besoins pour l'année en cours est de 33%. Il s'en suit que plus de deux tiers de l'engrais pour les besoins de la saison en cours sont disponibles. S'il convient de reconnaître qu'il y a une flambée exponentielle du coût des engrais du fait de la crise russo-ukrainienne, il convient toutefois d'en relativiser l'impact sur les cours des denrées alimentaires issue de la saison 2021/2022. D'ailleurs, l'étude de la CEDEAO confirme la faible variation entre la production céréalière de la saison 2021/2022 par rapport à la saison 2020/2021. Elle est de l'ordre de -1,8%. Mais elle (cette étude) prévoit un gap plus important pour la saison 2022/2023 par rapport à celle de 2021/2022 de plus de 20%. Cependant, l'argument du Premier Ministre a l'avantage de lever l'une des faiblesses des politiques alimentaires ivoiriennes qui est le manque de stock de sécurité alimentaire.

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Le stockage sécuritaire est une pratique de prévoyance qu'observent de nombreux pays. Des pays constituent des stocks de sécurité de leurs aliments de base sur plusieurs années, de sorte qu'en cas de crises aux effets mondiaux, comme la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, les populations soient nourries pendant un long temps. C'est d'ailleurs cette pratique, qui permet d'approvisionner le marché ivoirien en riz à un cout réduit, qui rend la production locale très peu compétitive. En effet, le riz qui arrive sur nos marchés provient des stocks anciens des pays producteurs qui sont remplacés par de nouveaux stocks. Le riz des stocks anciens, ayant perdu de la valeur, subit une décote qui le rend plus compétitif que le riz produit localement. Les chiffres donnés par l'Office d'aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) du ministère en charge du commerce étayent largement cette situation. En effet, pour la semaine du 11 au 17 juillet 2022, dans la quasi-totalité des régions de la Côte d'Ivoire, le riz importé de grande consommation (deni cacha) est moins cher que le riz local.

Or depuis 2017, le stock de sécurité mondiale des denrées alimentaires, qui est le ratio stocks/utilisation, est constamment en déclin. Estimé à 35% en 2017, dont 14% pour la seule Chine, ce taux, le plus faible depuis 2008, avait déjà sonné l'alerte des agences mondiales sur l'alimentation. Ce ratio est quasiment nul en Afrique. Depuis 2019, les pays de l'espace CEDEAO tentent de se constituer des stocks de sécurité alimentaire avec l'aide de l'Agence Française de Développement (AFD) et de l'Union Européenne…

La Côte d'Ivoire, qui importe environ 50% de sa consommation de riz, n'a aucun stock de sécurité alimentaire du riz. En cas de crise mondiale, qui bloque les échanges commerciaux du riz, notre pays s'exposera à un risque certain de famine. L'échéance de 2030 annoncée par le Premier Ministre, pour arriver à l'autosuffisance en riz, est un aveux d'échec de la politique du riz du régime actuel si l'on s'en tient à ses propres engagements. Pourtant, que de grandes annonces, qui s'avèrent, 10 ans après, n'être finalement que de la propagande. La politique de riz de ce régime et ses objectifs se lisent aisément sur le site officiel de L'Agence pour le Développement de la Riziculture en Côte d'Ivoire (ADERIZ). Cette politique, connue sous le nom de Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR) 2012-2020 se décline comme suit:

– 2012-2016 : Couvrir la totalité des besoins de consommation par la production (auto-suffisance)

– 2016-2018 : Constitution de stock sécuritaire de riz

– A partir de 2018, la Côte d'Ivoire exporterait du riz.

Le même site annonce qu'en 2017, la Côte d'Ivoire a produit 1.355.911 tonnes de riz blanchi sur les 2 millions de consommation annuelle. Le 20 avril 2020, le Ministre de la promotion de la riziculture déclarait : « la mise en oeuvre du programme d'urgence riz permettra la production de 500.000 tonnes additionnelles de riz blanchi et apportera une réponse concrète aux effets néfastes de la Covid-19 ». Ce qui porterait la production ivoirienne à 1.855.911 tonnes, soit la couverture totale des besoins en riz de la Côte d'Ivoire. En d'autres termes, la Côte d'Ivoire est réputée être autosuffisant en riz selon le gouvernement ivoirien.

𝑫𝒂𝒏𝒔 𝒄𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒏𝒅𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔, 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒓𝒆𝒏𝒅𝒓𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝒍𝒆 𝑷𝒓𝒆𝒎𝒊𝒆𝒓 𝑴𝒊𝒏𝒊𝒔𝒕𝒓𝒆 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆 𝒍𝒂 𝑪𝒐𝒗𝒊𝒅-19 𝒆𝒕 𝒍𝒂 𝒄𝒓𝒊𝒔𝒆 𝒓𝒖𝒔𝒔𝒐-𝒖𝒌𝒓𝒂𝒊𝒏𝒊𝒆𝒏𝒏𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒍𝒂 𝒄𝒂𝒖𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒍'𝒂𝒖𝒈𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒅𝒆𝒔 𝒅𝒆𝒏𝒓𝒆́𝒆𝒔 𝒂𝒍𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒍𝒆 𝒓𝒊𝒛 ?

En fait, il y a plus de propagande que de politique dans l'action gouvernementale ; et quand surviennent les crises, cette propagande est vite mise à nu. Le riz est un enjeu important pour la Côte d'Ivoire. Il convient de rappeler que moins de 5% de riz produit dans le monde est échangé dans le commerce international, soit 31 millions de tonnes sur les 650 millions de tonnes produits annuellement.

Le second secteur qui porte l'inflation est le secteur des hydrocarbures. De janvier à juillet 2022, le super est passé de 615 fcfa/L à 735 Fcfa./L, soit une augmentation de 19,80%. Le prix du gasoil est resté quant à lui constant, 615 fcfa. L'on serait tenté de louer les sacrifices de l'Etat qui a renoncé à une partie des recettes issues de la taxe spéciale unique (TSU) qui frappe les produits pétroliers. Il convient de rappeler que l'Etat n'a daigné renoncé à cette taxe à son profit qu'à compter de janvier 2022, alors que tout indiquait que le pétrole partirait à la hausse. Ce manque à gagner participe de ce que le Gouvernement appelle la subvention des produits pétroliers. Mais il reste une part importante de cette taxe qui est reversée au Fonds d'Entretien Routier (FER) . Elle a représenté pour l'année 2021, environ 36 milliards de Fcfa pour le gasoil et 66 milliards pour le super. Ces estimations sont faites sur la base des données fournies par la direction générale des hydrocarbures (DGH) relativement à la fois aux volumes de carburant vendus sur le territoire national et à TSU perçue par le FER sur chaque litre de carburant. Selon les données de la DGH :

908 642 m3 de super et carburant spécial ont été vendus à raison de 73 FCFA/L de TSU et 1 453 629 m3 de gasoil taxé à 25 FCFA/L. Ces recettes viennent s'ajouter aux recettes récoltées aux différents postes de péage, qui sont autant de source d'enchérissement de la vie, dans un contexte international défavorable.

𝗘𝗻 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀, le PPA-CI propose des solutions immédiates et des solutions à moyen et long terme.

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𝗔𝘂 𝘁𝗶𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗶𝗺𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮𝘁𝗲𝘀:

𝟭. La suspension ou reduction considérable de la part de la TSU, pour une période de 3 mois reconductible, versée au FER.

𝟮. En rapport avec les Conseils régionaux, la mise en place d'un mécanisme d'urgence d'écoulement des produits agricoles vivriers depuis les zones de production. En effet, l'une des faiblesses de l'approvisionnement du marché en produits vivriers est l'état déplorable des réseaux de connexion des zones de production avec les marchés. Les pistes villageoises sont pour la plus part non carrossables. Ce qui entraine une forte disparité dans l'approvisionnement des marchés en viviers d'une région à une autre. A défaut de suspendre la TSU au profit du FER, l'on en affectera le produit au financement de ce mécanisme d'urgence qui doit se bâtir autour de l'ouverture et de l'amélioration des pistes villageoises. Cette mesure est d'autant importante que la synthèse des prix publiée par le gouvernement (OCPV), donne des disparités importantes entre les régions en ce qui concerne les prix des produits vivriers. Par exemple le prix du kilogramme de la banane plantain se négocie à 160 FCFA dans la Marahoué, se négocie à 400 CFA dans le Haut Sassandra, 1240 FCFA dans le Sud Comoé, 1390 FCFA dans l'Indénié-Djuablin, 1170 FCFA dans l'Agnéby-Tiassa, 970 CFA dans le GBEKE et 300 FCFA dans le Gontougo, 230 FCFA dans le NAWA et 690 FCFA à Abidjan. Cette mesure d'urgence rencontre l'une des recommandations que la Commission de la CEDEAO a faite à la suite de l'étude ci-dessus rappelée. En effet, au point 11 de ses recommandations, l'étude préconise de « réorienter les ressources financières disponibles pour résoudre les problèmes alimentaires urgents.

𝟯. Le PPA-CI trouve inefficace et contraire à la solidarité entre les peuples de la CEDEAO l'interdiction d'exporter les produits vivriers vers les autres pays de la sous-région. Cette pratique au niveau du Nigeria et du Bénin, par exemple, a fortement contribué à augmenter l'inflation dans un pays comme la Niger. Cette interdiction accroit le risque des mouvements migratoires des populations affamées vers les autres pays avec leur corolaire de crises sociales et sanitaires. En lieu et place, le PPA-CI propose un mécanisme solide d'achats groupés des produits des engrais pour en faciliter une bonne péréquation entre les différents pays.

𝟰. Il y a nécessité d'aider les usines de production d'engrais du Nigéria et du Sénégal à renforcer leur capacité de production afin de répondre aux besoins urgents d'engrais pour la saison 2022/2023. Cela est également une recommandation de la Commission de la CEDEAO.

𝟱. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲 𝗮̀ 𝗺𝗼𝘆𝗲𝗻 𝘁𝗲𝗿𝗺𝗲, dans un délai d'un à deux mois, commander à l'Institut National de la Statistique (INS) une étude sur les secteurs économiques qui portent l'inflation et les classes sociales les plus touchées, afin de bien orienter les solutions.

𝟲. 𝗔 𝗹𝗼𝗻𝗴 𝘁𝗲𝗿𝗺𝗲, bâtir une véritable politique de Développement de la riziculture loin de la propagande. Abandonner la piste des productions agro-industrielles et accompagner efficacement les paysans dans la production du riz comme ce fut le cas avec la SODERIZ.

𝟳. Prioriser les investissements dans le secteur de l'agriculture conformément à la déclaration de Malabo. A ce propos, l'exemple de la Russie devrait inspirer le gouvernement ivoirien. En effet, frappée par une multitude de sanctions depuis plus d'une décennie qui lui fermaient les portes de certains marchés, la Russie s'est résolument engagée dans l'amélioration de son industrie agricole. Aujourd'hui, non seulement elle s'autosuffit en alimentaire, mais elle contrôle une bonne partie du marché des céréales et des intrants.

𝟴. Toujours, dans le long terme, mener une campagne de sensibilisation audacieuse de sensibilisation pour la reconversion des habitudes alimentaires de nos compatriotes vers la consommation des produits locaux en encourageant aussi la production de ceux-ci.

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