Constitution ivoirienne : Pour Nazaire Kadia, la question de la légalité de la candidature de Ouattara doit faire objet d'un débat.
Le paysage politique de la Côte d'Ivoire est toujours dominé par la question de la légalité de la candidature du chef de l'Etat à l'élection présidentielle du 31 octobre 2020. Les derniers développements de ce débat, surtout la réaction du chef de l'Etat relativement à la constitution laissent dubitatif. Au cours d'une rencontre avec des chefs traditionnels, la déclaration du chef de l'Etat sur la constitution donne froid dans le dos et n'augure rien d'encourageant quant au futur proche de notre pays.
En effet, il a entre autres déclaré : « …je ne veux pas rentrer dans ce faux débat de la constitution…Qui peut se targuer de connaitre cette constitution mieux que moi ?… ». Alors, si le chef de l'Etat maîtrise mieux que quiconque la nouvelle constitution ivoirienne, pourquoi a-t-il laissé ses collaborateurs, les ministres Cissé Bacongo et Sansan Kambilé ainsi que le professeur Ouraga Obou raconter des contre-vérités aux populations en les regardant droit dans les yeux et en mettant la main sur le cœur ?
S'il savait que les explications que ces experts donnaient au peuple, à l'effet de le convaincre pour voter le oui au référendum, pourquoi ne les a-t-il pas recadrés pour harmoniser leur lecture et la sienne ? Avoir laissé prospérer ce mensonge éhonté pour recueillir le suffrage du peuple, est un acte de haute trahison, qui sous d'autres cieux aurait valu à leurs auteurs une démission de leurs postes, mais également un passage devant la haute cour de justice. Mais ça, ce n'est possible qu'ailleurs !En tout état de cause, il est à retenir que le peuple a été roulé dans la farine et fut véritablement le dindon de la farce !
Les déclarations du chef de l'Etat appellent tout de même des commentaires. Pourquoi et comment peut-il qualifier le débat sur « sa » constitution de « faux débat » ? C'est lui-même qui a pris l'initiative de changer la constitution adoptée sous le régime militaire. Il la trouvait caduque et selon lui plusieurs articles étaient « confligènes ». La nouvelle était censée nous faire rentrer dans la modernité. Mais si le peuple, qui n'a pas eu son mot à dire dans la rédaction de cette constitution, l'a adoptée, il l'a fait en fonction de la lecture et des explications des experts-rédacteurs. Aucune autre explication ni une autre lecture ne lui a été présentée. Et au pas de course, il fut invité au référendum.
Si aujourd'hui un autre son de cloche se fait entendre, venant du premier magistrat de ce pays, son de cloche aux antipodes de ce que le peuple avait entendu, alors le débat doit avoir lieu !Le débat doit également avoir lieu parce que la discordance entre les deux lectures de la constitution, est l'origine de manifestations de protestation ayant entraîné des pertes en vies humaines.
Ne serait-ce que pour cette seule raison, le débat doit avoir lieu. Le débat doit enfin avoir lieu, si on a de la considération et du respect pour le peuple ivoirien.Toutefois, une inquiétude point à l'horizon. Si le chef de l'Etat connaît la loi fondamentale mieux que quiconque, mieux que les experts-rédacteurs, qu'en sera-t-il pour le Conseil Constitutionnel et son président qui ne faisaient pas partie du comité des rédacteurs?
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Le Conseil Constitutionnel aura-t-il une vision différente de celle du chef de l'Etat qui a nommé le président et les juges qui composent cette auguste institution ? Le doute est permis et assurément, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge Mais il y a eu un matin, il y aura un soir.Soyez sans crainte, je suis dans la révélation.