Pour briguer un 3e mandat en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, selon Chris Yapi, voulait l'approbation d'Emmanuel Macron. Voici leur deal.
Il est important de savoir que depuis deux ans, Alassane Ouattara avait entrepris Emmanuel Macron, en vue de recevoir son approbation pour briguer un troisième mandat à la tête de la Côte d'Ivoire. Et pour rallier le président français à sa cause, ADO n'y est pas allé de main morte. L'activisme de son épouse Dominique Ouattara et le réseau d'intermédiaires que lui-même a déployé, ont démarché tout ce qui peut être considéré comme la crème politique et financière française aux fins de convaincre le Président Macron que Ouattara était la stabilité incarnée, non pas de la Côte d'Ivoire seule mais de toute la sous-région ouest-africaine.
Il jurait, et ses mandataires avec lui, que la Côte d'Ivoire sous Ouattara était le seul îlot de paix et stabilité du golfe de Guinée, et que sans cet homme providentiel, le pays sombrerait dans le chaos. Entrainant avec lui tous ses voisins. Il faut dire que ce discours n'a guère ému Macron, coutumier des envolées des dictateurs qui aiment se convaincre que sans eux, leur pays serait réduit en cendres.
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Dans sa bataille pour convaincre Macron de se ranger à ses côtés, ADO avait des mécènes, et non des moindres. Dans le milieu industriel, c'est toute la famille Bouygues curieusement alliée pour cette cause à leur ennemi traditionnel, la famille Bolloré. Les industriels savent taire leurs contradictions quand il s'agit de faire main basse sur les ressources en Afrique. Ouattara étant le gardien de leurs intérêts, ils étaient décidés à le soutenir pour se maintenir au pouvoir, y compris en violant la Constitution de son pays.
Emmanuel Macron a fini par accepter le deal qui suit
Au plan politique, son fidèle coursier Nicolas Sarkozy, le missi dominici français, était également à la manœuvre.
A force d'acharnement, Sarkozy a réussi à faire fléchir la ligne de Macron. Au cours du dernier trimestre de 2019, Emmanuel Macron a fini par accepter le deal qui suit.
ADO renonce à sa candidature pour un troisième mandat, cela met Paris à l'aise. En contrepartie, Paris s'engage à soutenir quiconque ADO présente à la candidature et à reconnaitre sa victoire, quelle que soit l'issue du scrutin, fraude ou pas.
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Le meilleur défenseur de ce deal n'est autre que le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian, réincarnation baroque de Jacques Foccart, l'homme des coups tordus en Afrique, et grand manœuvrier de la françafrique. Ce M. Le Drian, qui comme chacun le sait, est très sensible aux petits cadeaux de la françafrique.
Le deal une fois validé, lors de la visite de Macron à Abidjan en décembre 2019, ADO lui présenta officiellement celui qu'il avait choisi pour lui succéder, le défunt Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Macron, satisfait, lui donna sa bénédiction et Le Drian pris l'engagement de travailler à l'élection du poulain présidentiel.
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Ainsi et à la surprise de ses partisans qui ignoraient tout de ce deal, Alassane Ouattara annonça publiquement sa décision de ne pas briguer un troisième mandat présidentiel. Par cette annonce publique, il respectait son engagement de céder le pouvoir à celui qui alors avait été adoubé par Paris.
Aussitôt, et fait assez significatif pour être relevé, un tweet rédigé par Le Drian pour le compte d'Emmanuel Macron, est transmis aux services de l'Élysée et est aussitôt publié. Macron y félicite chaleureusement ADO et le traite d'homme d'État etc.
Certains proches de Macron avaient quand même trouvé ce tweet quelque peu inapproprié et trop obséquieux et ont eu le courage de le faire savoir. Mais qu'importe, l'essentiel était qu'ADO respectait son engagement. Et voilà que, par un coup du sort, le Premier ministre à peine désigné candidat, perdait la vie brutalement.