Le Rassemblement des républicains (RDR) est à la croisée des chemins. Le parti d’Alassane Ouattara voudrait s’assurer un échec certain aux futures élections locales, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Voici les preuves d’une possible débâcle électorale du RDR.
Passons sur la rupture désormais définitive entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, qui est aussi l’un des résultats de la mauvaise méthode choisie par le premier pour opérer le deuxième coup d’Etat (à en croire le député Loukimane Coulibaly) sur le second. Passons aussi sur la réforme de la CEI acceptée enfin par le président alors que quelques semaines plus tôt, son gouvernement la rejetait.
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Revenons à notre actualité. Le RDR, en tant que parti politique inquiète globalement par sa méthode, parce qu’il est en contradiction totale avec les valeurs de justice, d’équité et de démocratie qu’il avait promus et qui a séduit de nombreux intellectuels. Des faits bien réels et récents, en rapport avec les prochaines échéances électorales, le démontrent.
Le mépris pour les autres partis du RHDI unifié
Tout d’abord, l’on note un mépris souverain pour les autres formations membres du RHDP unifié. En effet, sans consulter les autres membres du parti unifié, le RDR a distribué des lettres d’investiture à ses candidats, en insistant qu’ils devraient agir dans le cadre du RHDP unifié. Pour certains, sinon pour la plupart, ils sont descendus sur le terrain, pour s’autoproclamer candidats du RHDP unifié. Au mépris de l’UPDCI, du PIT et du MFA.
« La commune du Plateau est l’exemple parfait du mépris du RDR pour ses cadres. Alors que le parti a désigné son candidat dans toutes les circonscriptions du pays, seul le Plateau ne connaît pas encore son candidat RDR »
A titre d’exemple, dès qu’il a reçu sa lettre de nomination en tant que candidat du RDR, Epiphane Zorro Bi s’est exclamé : « Le Lundi 30 Juillet 2018, à l’unanimité, j’ai été désigné par le président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, comme le candidat RHDP aux élections régionales dans la Marahoué ».
Automatiquement après cette sortie, un membre influent de l’UDPCI a opéré un recadrage, en rappelant qu’aucune séance de travail n’avait eu lieu entre les responsables du parti dit unifié, pour désigner des candidats issus de cette coalition. Il n’empêche, de combreux candidats du RDR continuent de se présenter comme les candidats du RHDP unifié, une stratégie du faux qui n’honore ni le parti, ni ses alliés.
Les candidatures imposées
Dans diverses localités du pays, là où il n’y a pas eu de consensus, la direction du RDR (Kandia Camara et Amadou Gon Coulibaly à la manœuvre, Henriette Diabaté étant hors du pays, à cette date de choix des candidats et ayant d’ailleurs délégué cette tâche aux deux cités) a purement et simplement imposé ses choix. Sans élégance, sans manière, comme dans une dictature communiste. Ainsi, Lacina Koné dit Cardosi, président du conseil régional sortant, jugé proche de Guillaume Soro, a été purement et simplement écarté, dans le Tchologo, au profit de Birahima Téné Ouattara, cadet du chef de l’Etat.
D’autres cas similaires sont à déplorer à Adjamé, à Daloa, à Lakota (où le maire sortant Samy Merhy a été purement et simplement écarté, sans explications), etc. De fait, « aujourd’hui au RDR, il faut jouer les lèches-bottes de certaines personnes, pour bénéficier de certaines grâces, le militantisme ne compte plus », commente un proche du député Alpha Yaya Touré, maire RDR sortant de Gbon, n’ayant pas bénéficié de l’investiture de son parti et qui se porte candidat indépendant.
L’autocratie du Plateau
La commune du Plateau est l’exemple parfait du mépris du RDR pour ses cadres. Alors que le parti a désigné son candidat dans toutes les circonscriptions du pays, seul le Plateau ne connaît pas encore son candidat RDR. En effet, selon le magazine Jeune Afrique, le président Alassane Ouattara lui-même est à la manœuvre pour imposer son poulain, Fabrice Sawegnon, comme candidat du RDR au Plateau.

Un passage en force qui, s’il s’avérait, serait l’exemple parfait que la méthode présidentielle, tant décriée par ses pourfendeurs (récemment l’Union européenne a évoqué sa propension à l’autocratie), commence désormais à s’abattre sur ses propres partisans.
En effet, Sawegnon n’a jamais été militant du RDR et n’a jamais été candidat à la candidature du RDR. Alors que l’unanimité semble se dégager autour de Ouattara Dramane dit OD, comment comprendre que le RDR viole ses propres principes, surtout qu’il a fait payer des frais de candidature, allant jusqu’à un million, pour certains ?
Cette attitude pourrait donner raison aux partisans de Noël Akossi Bendjo qui estiment que la révocation de leur mentor n’est rien d’autre qu’un prétexte, pour servir de boulevard au protégé du président.
Pour toutes ces raisons, il n’est pas exclu que le RDR fasse les frais de ses mauvais choix, aux élections locales à venir. Certes, il va se prévaloir d’avoir remporté un grand nombre de communes, du fait d’un découpage électoral particulièrement favorable. Mais il est certain que l’on court vers des surprises dans ses fiefs où l’on verra l’émergence de candidats indépendants, qui feront mordre la poussière à ses propres candidats désignés sans recours aux militants. Le mépris précède toujours la chute.
Elvire Ahonon
https://www.yeclo.com/rapport-confidentiel-de-lunion-europeenne-sur-ouattara-denonce-la-bande-de-militants-et-syndicalistes-delinquants-du-rdr/