Création d’un nouveau parti : « Gbagbo ne s’adresse pas seulement à Affi mais aussi à Ouattara et au RHDP »

Malan Aka, analyste Politique Ivoirien, proche de l'opposition décrypte la décision de Laurent Gbagbo de laisser le FPI à Affi.

En décidant de créer un nouveau parti, ce n'est pas seulement à Affi que le président répond. C'est aussi et surtout à Ouattara et son RDR- que Laurent Gbagbo s'adresse.
Aux sorties de la crise post-électorale de 2010/11, Ouattara s'était donné pour objectif d'éteindre pour toujours Laurent GBAGBO de la scène politique. Pour y arriver, il a commencé par s'attaquer juridiquement à lui en le transférant à la CPI ; cette prison dont on dit que lorsqu'on y rentre, on n'en ressort plus jamais.

L'autre front ouvert par Ouattara contre Laurent GBAGBO, c'était sur le plan politique. Il lui fallait une arme incisive dans la jardin politique de Gbagbo. AFFI N'Guessan était donc le choix idéal, surtout qu'il était alors président légal et légitime du FPI.

L'enjeu était réel. Opposer AFFI à Gbagbo afin que toutes les forces du FPI soient consacrées à la vie d'un conflit idéologique. De ce fait, toutes les actions de cette formation politique sur la vie de notre pays deviendraient minimes et inefficaces. Pendant ce temps, Ouattara gère le pouvoir tranquillement.

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Convaincre Affi que Gbagbo était politiquement mort était chose aisée. Le parti au pouvoir lui a même inventé et vendu un ‘'avenir présidentiel''. Pour lui, il est la seule et véritable alternative pour la survie du FPI. Rappelons qu'à l'époque, les signaux à la CPI ne prédisaient pas une libération probable de Laurent GBAGBO. Affi jouissait ainsi des bonnes grâces du parti au pouvoir : partant de la légalité et le logo du parti à lui octroyer jusqu'au pouvoir de l'emprisonnement (en un seul clic du doigts) de ses propres camarades du FPI.

La guerre des clans que cela a suscité dans cette formation politique donnait des airs victorieux à qui affirmait ceci, le 02 Octobre 2015, à Yamoussoukro :
« Le FPI sera vidé de sa substance ». C'était à l'occasion de la cérémonie inaugurale de la maison des Rois et Chefs traditionnels de Côte d'Ivoire.

Depuis lors, le parti au pouvoir et ses partisans prennent du plaisir à rire des déchirures idéologiques profondes qui divisent la famille politique du président Laurent Gbagbo. Et cela a fonctionné, puisque ces divisions ont dispersé ses partisans à des moments décisifs de l'histoire de notre pays, comme : la lutte pour la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés dès 2014, la présidentielle de 2015, la modification de la Constitution en 2016, la « refonte » de la CEI et la révision de la liste électorale, la « présidentielle » de 2020, et les législatives de 2021.

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Aujourd'hui, Laurent GBAGBO est libre de tout mouvement. Sa victoire face à Ouattara dans la guerre juridique que celui-ci lui a déclaré pour l'éteindre est évidente. La guerre politique, quant à elle, n'est cependant pas terminée. GBAGBO est un combattant dans l'âme.

Laurent sait que Ouattara tient toujours Affi dans sa paume, et qu'il l'utilisera encore et encore contre lui pour l'empêcher d'avancer. Entre-temps, les attitudes politiques des uns et des autres au RDR-RHDP laissent croire que la récupération du FPI par son leader passera inévitablement par un arrangement politique avec le régime d'Abidjan. Or, les arrangements aux allures de chantage n'ont jamais été de la tasse de thé de Laurent GBAGBO. Les arrangements deviennent gênants lorsqu'on a des ambitions comme : la reconquête du pouvoir d'Etat.

Laisser AFFI N'Guessan empocher l'identité du FPI est certainement une décision difficile pour Laurent GBAGBO ; puisque ce parti est toute sa vie. Même dans ses plus terribles souffrances, Laurent a toujours porté le FPI sur ses épaules. Voir un jeune qu'il a pris sous ses ails (dans son parcours politique) confisquer cet instrument est dur. Sauf que Laurent GBAGBO a le don du dépassement de soi. Il sait se relever, même quand l'on lui prédit une fin évidente.

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Cette décision que Laurent Gbagbo vient de prendre est assurément un coup dur contre une stratégie politique autour de laquelle Ouattara a consolidé le pouvoir. Il s'était habitué à ce jeu au point d'en faire son Joker.

Ouattara pouvait tout s'imaginer dans cette guerre qu'il a fait alimenter au FPI, sauf voir Laurent GBAGBO continuer à se battre ; surtout avec un nouvel instrument politique autre que le parti politique qui résume symboliquement son parcours politique.

Désormais le chantage est terminé… Le Woody de Mama va remobiliser ses partisans et se remettre dans la lutte pour la reconquête du pouvoir d'Etat.

Après la victoire juridique, cette étape scellera aussi la victoire politique de Laurent Gbagbo dans la guerre de déconstruction que lui a déclaré Ouattara puisqu'il est évident qu'Affi N'Guessan sortira affaibli par les événements à venir.

Written by Malan Aka

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