Umaru Sissoco Embalò revient de très loin. Ferro Bally, journaliste ivoirien, se prononce sur le coup d'Etat manqué en Guinée-Bissau le 1er février 2022.
Déclaré élu le mercredi 1er janvier 2020, à l'issue du second tour de la présidentielle, le président bissau-guinéen a cohabité avec la déstabilisation. Des tirs nourris ont, en effet, accueilli le conseil des ministres extraordinaire qu'il présidait ce mardi 1er février 2022, au palais présidentiel à Bissau. Les commissions de la CEDEAO et de l'UA et le secrétariat général de l'Onu ont dénoncé un coup d'État militaire qui a avorté.
« Le calme est revenu à Bissau », a déclaré le chef de l'État pour rassurer l'opinion nationale et internationale que la situation était désormais sous contrôle.
Dans le rétablissement de l'ordre, cet ancien général de l'armée bissau-guinéenne doit une fière chandelle à la Gambie et au Sénégal voisin. Ce sont des commandos héliportés qui auraient prêté main forte aux forces loyalistes pour tuer dans l'oeuf cette tentative de putsch.
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Cet heureux dénouement constitue, en revanche, une sérieuse mise en garde à Embalò. Au lendemain de la crise socio-politique malienne ayant conduit, le 18 août 2020, au renversement d'Ibrahim Boubacar Kéita, il n'a pas eu la langue dans les poches quand la Cedeao a brandi les menaces et les sanctions contre les autorités de la transition. Très en verve, il a tenu des propos musclés et des critiques acerbes contre l'organisation ouest-africaine, tenue pour responsable de ces coups d'État. « La Cedeao est une organisation faible et hypocrite sans réel pouvoir et à la limite, elle est un gadget destiné à faire illusion », s'était-il insurgé.
Ayant eu des relations très houleuses avec son voisin guinéen Alpha Condé, il avait dénoncé les troisièmes mandats, ces « modifications constitutionnelles belliqueuses », opérées en Guinée-Conakry et en Côte d'Ivoire, sous les yeux d'une CEDEAO « incapable d'empêcher » ces falsifications « pour s'éterniser au pouvoir ».
Ce fougueux empêcheur de tourner en rond vient d'échapper à un putsch, grâce à des pays de la CEDEAO, très présente à Bissau. Et le devoir de gratitude vis-à-vis de ses bienfaiteurs le conduira sans aucun doute à prendre désormais position en mettant beaucoup d'eau dans son vin. Car en politique, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire sur la place publique.