« Il n'y a pas de bons coups d'Etat », Jean Bonin, ex-vice président du FPI de Affi, fait une analyse des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest et Côte d'Ivoire.
Ce qui m'horripile dans la plupart des tentatives de justifications de coups d'Etat en Afrique de l'Ouest, c'est l'incohérence et la vacuité des arguments qui les sous-tendent. Analysons !
1 – EN GUINÉE CONAKRY
a) – Le prétexte du 3ème mandat
Pays sous influence de la Russie et de ses hommes d'affaires depuis son indépendance, ils reprochent (probablement à juste titre) à Alpha Condé d'avoir brigué un 3ème mandat illégal et d'être un dictateur. Ils justifient en conséquence le coup d'Etat par ces deux faits.
b) – l'incohérence
Les mêmes qui ont applaudi un coup d'Etat militaire qui est, lui aussi, une violation de la constitution, restent curieusement muets sur la suspension de la constitution et de toutes les institutions républicaines qui de fait laissent un seul individu et ses obligés exercer tout les pouvoirs. Jusque-là, aucune date pour un retour à l'ordre constitutionnel n'est donnée et pourtant il n'y a pas la menace Djihadiste pour expliquer cela. Où est l'avancée démocratique ?
2 – AU MALI
a) – le prétexte du péril Djihadiste
Parce que l'armée est incapable de venir à bout des terroristes, tout comme les USA et les Russes en ont été incapables en Afghanistan après plus de 20 ans d'occupation de ce pays où encore le Nigéria, une des 1ère puissance militaire du continent l'est face à Boko Haram depuis plus de 10 ans, ils ont renversé un président démocratiquement élu.
b) – L'incohérence
Cela va faire bientôt deux ans que les putschistes sont là… les djihadistes aussi. Ce ne sont pas les éphémères communiqués des FAMA pour faire croire qu'avec les mercenaires Russes en appui les choses vont mieux que la situation changera. Nos neo putschistes sont si efficaces à combattre les terroristes que le colonel Goita, qui a tombé le treillis en faveur du costume, demande 18 mois et désormais 5 ans de plus pour venir à bout des terroristes, avec l'aide des Russes. Pour noyer leur carence, ils agitent le chiffon souillé du panafricanisme, de la France et du FCFA. Tout ça pour ça !
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3 – AU BURKINA FASO
a) – Le prétexte de l'incompétence du Pdt Kaboré
Les militaires qui sont eux-mêmes en 1ère ligne au front justifient leur coup d'Etat par l'incapacité d'un pouvoir non corrompu et démocratiquement élu, à gérer efficacement le terrorisme.
b) L'incohérence
Le pouvoir Blaise Compaoré contenait efficacement les terroristes. Si tel est que le terrorisme est une préoccupation essentielle pour ce peuple alors pourquoi avoir fait une révolution pour le bouter hors du pouvoir ?
MA CONCLUSION
Il n'y a pas de bons coups d'Etat. Tous sont un recul pour la démocratie. Rawlings, après son coup d'Etat, a dirigé le Ghana sans véritable contrepouvoirs pendant 20 ans, sans avoir préalablement fusillé toute la classe dirigeante du pouvoir qu'il a renversé. Kagame est au pouvoir depuis plus de 20 ans au Rwanda, suite à une rébellion. L'opposition y est à ce jour quasiment inexistante et réduite à sa plus simple expression.
Nous ivoiriens qu'est-ce que nous voulons exactement ? Qu'un militaire viennent encore suspendre la constitution et les institutions ! Que toute la classe politique soit décimée et que les partis politiques fonctionnent comme en Russie ? C'est à dire sans opposition ! Pendant combien de temps ?
Une certaine opposition, incapable de s'entendre sur un commun programme de gouvernement pour affronter le RHDP préfère se lamenter et compter sur un hypothétique coup d'Etat militaire pour accéder au pouvoir.
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Les mêmes qui le souhaitent oublient que hier Guéi l'avait déjà fait. On en a une amer expérience. Ceux qui à l'époque hurlaient « qu'il y a des coups d'Etat salutaires » étaient le premiers à s'en plaindre une fois que le putschiste voulu s'éterniser au pouvoir. C'est aussi ce qu'on en ce moment avec l'opposition en Guinee Conakry qui a applaudi le coup d'Etat et qui pleurniche aujourd'hui comme une pucelle effarouchée parce qu'ils n'ont plus la main Eg droit de citer.
Ce qui nous caractérise c'est notre incohérence, inconséquence et inconstance. C'est ce qui nous différencie des démocraties occidentales. Les occidentaux savent d'où ils viennent et où ils vont. Pas nous. Or, il n'y a jamais de vents favorables pour qui ne sait où aller. Tout comme on ne construit rien de durable dans l'exaltation de ses frustrations, ressentiments et émotions.
