Inondations à Cocody, Abobo, Yopougon… : « les raisons que tous feignent d’ignorer »

Inondations à Abidjan - Côte d'Ivoire : le 25 juin 2020
Inondations à Abidjan - Côte d'Ivoire : le 25 juin 2020

Hermann Aboa fait une analyse des inondations suite aux pluies qui s'abattent sur Abidjan depuis le début de la saison pluvieuse en Côte d'Ivoire.

En 2002-2003, j'étais en stage au département Environnement du dirigé par le brillant Dr. Tagro dont j'ai perdu malheureusement les traces aujourdhui. Etudiant en Maîtrise des Sciences et Techniques option Géologie à l' des Sciences de la terre des resources minières de l', j'avais choisi de m'inscrire en d'hydrogéologie. Car interessé étais-je par la gestion de l'environnement en général et par la question de l'eau en particulier. Mon étude dans le cadre de ce stage portait sur « l'optimisation des systèmes d'assainissement et d'evacuation des eaux de pluie et des eaux usées de la ville d' : Cas de la commune de  ».

Le premier constat à la phase des recherches ducumentaires pour assoir le corpus de mon etude était que la quasitotalté des stations d'épuration des eaux usées ainsi que les reseaux de drainages des eaux de pluie étaient obsolètes, inadaptés, defaillants ou carrément à l'arrêt. Conséquences : déja à cette epoque, la lagune Ebrié, principal exutoire de toutes les eaux qui tombent et qui coulent, était désormais sans protection.

A cela, il fallait ajouter, les habitudes culturelles des populations riveraines (les Ebrié) le long des bordures lagunaires. Comme sur la baie de Cocody au niveau d' où les femmes du village avaient toutes installées leurs usines de artisanales de fabrication de l'attiéké.

LIRE AUSSI: Masque contre le coronavirus : comment le mettre, l'utiliser et l'enlever ?

Le deuxième constat que j'avais fait est aussi que le «  » que vantaient tous les ambitieux schemas directeurs de la ville n'était pas en train d'étendre son réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux de pluie et des eaux usées. Alors que de nouveaux quartiers avec de nombreuses habitations sortaient de terre. Pour la commune de Cocody qui luttait d'ailleurs la situation géographique des nouveaux quartiers residentiels avec et , il n'y avait que, si ma mémoire est bonne, la Golfe, Cocody Centre et Riviera 2 qui étaient raccordés à un reseau d'assainissement.

En français facile, cela veut dire qu'ailleurs dans la chic commune de Cocody, les besoins de tous les ménages, dans tous les foyers, étaient déversés directement dans la nature immédiate. Pour le dire encore plus simplement, lorsque quelqu'un va aux toilettes ou en douche pour son bain, ses selles et autres déchets liquides sont carrément rejetés non loin. Vous me direz « mais et les fosses septiques? » Je vous repondrai, à quoi sert une fosse septique si elle n'est pas régulièrement vidangée? Combien de fois dans vos quartiers les vidangeurs passent-ils et à quelles fréquences ? Et où vont-ils ces vidangeurs pour déverser tous ces déchets liquides collectés ? Qui se pose ces questions dans sa maison ?

LIRE AUSSI: Séguéla : trois enfants périssent dans un puits

L'autre mal que nous observons tous sans est le « bétonnage » de tout le sol d'Abidjan par des constructions anarchiques et/ou autorisées. Sans respect des principes de base de l'urbanisme. Ce qui empêche le phénomène naturel d'infiltration des eaux de pluie qui tombent avant que le surplus ne cherche un exutoire comme la lagune ébrié. La quantité au sol de l'eau retenue devrait aider à garder pourvu la nappe d'Abidjan, principale source d'approvisionnement en des menages.

Le béton de ces constructions anarchiques asphyxie en effet cette nappe déja fragilisée par nos habitudes égoïstes de pollutions à la surface. Il y a bien d'autres facteurs et paramètres que des personnes plus pourront encore vous égrainer. Elles ont à plusieurs fois sonné l'alerte sans être vraiment écoutées. Et revoila la saison des pluies avec son lot de désolation !

C'est ce qui arrive lorsque dans un pays qui regorgent tant de spécialistes hors-pairs et éminents Professeurs comme les Prof. Jourda Patrice, Affian Kouadio, Ogah et bien d'autres, au fait des questions de l'eau et de l'environnement, sont oubliés Dan's leurs labors et que les porte-feuilles ministeriels (environnement, urbanisme, eaux et forêt, la ville…) sont occupés par des gens qui n'y comprennent rien.

LIRE AUSSI:Pluie diluvienne au Congo : 20 personnes tuées par électrocution à Kintélé

C'est à quoi l'on est réduit lorsque dans un pays qui a des centres de recherche comme le CURAT dont les résultats d'études universitaires pointues sont recommandées ailleurs dans d'autres pays et que tout le monde se dit surpris quand l'inondation remet son cap comme chaque année, à la même période, aux mêmes endroits. Petite synthèse pour la route : lorsque l'eau, élément essentiel, cherche du chemin et qu'elle n'en trouve pas d'adéquat, elle s'en fraye elle-même. Peu importe ce qui se dresse au devant d'elle. A qui la faute ?

Written by Hermann Aboa

Coronavirus: le point dans le monde au 26 juin 2020

avion

Point de l’actualité du 26 juin 2020 à 12H00 GMT