La troisième étoile du 4ème mandat en 2025 ?

La Côte d'Ivoire est championne d'Afrique ! Le pays a succédé au Sénégal et se retrouve sur le toit du continent après une victoire palpitante contre le Nigeria (2-1) en finale.

Ci-dessous une analyse de Ferro Bally :

La Côte d'Ivoire est championne d'Afrique. Elle a succédé au Sénégal et se trouve sur le toit de l'Afrique. Le slogan, « La coupe, c'est chez nous, elle reste chez nous », a été respecté.

Le pays a commencé, le 13 janvier, et terminé, le 11 février 2024 en fanfare, les cérémonies d'ouverture et de clôture de la CAN 2023 par des victoires devant la Guinée-Bissau (2-0) et le Nigeria (2-1).

L'optimisme d', qui déclarait « jamais deux sans trois », s'est réalisé. Et la foi de Félix Houphouët-Boigny, au nom de son adage « découragement n'est pas ivoirien », a irradié tout le groupe.

En effet, l'équipe nationale ivoirienne, les Éléphants, est venue de très loin. Après des résultats catastrophiques en matchs de poule (une victoire et deux défaites dont une humiliation devant la Guinée équatoriale par zero but contre quatre), elle a frôlé l'élimination.

Et ce fut le coup de poker, avec des rebondissements. Le contrat des Français Jean-Louis Gasset, entraîneur principal, et Joseph Printant, 1er adjoint, a été rompu pour « insuffisance de résultats ». La location d'Hervé Renard pour la durée de la compétition a capoté et Émerse Faé, 2è adjoint à Gasset, a été confirmé au poste d'intérimaire.

Et ce fut l'électrochoc, du coma à la transfiguration des Éléphants jusqu'au bout du miracle. Faé a conduit une équipe au bord du K.O jusqu'à la victoire finale, en réalisant deux exploits mémorables: d'un, il est le premier entraîneur à prendre en pleine compétition une équipe qui brandit le trophée continental; de deux, il vainc le signe indien qui faisait que depuis 2006, en Égypte, aucun pays organisateur n'avait remporté la CAN. Son élection, comme le meilleur entraîneur du tournoi est une récompense largement méritoire et méritée.

La rédaction vous conseille

La fête du football, du 13 janvier au 11 février 2024, a donc été totale et complète. La Côte d'Ivoire a promis de réaliser la plus belle de toutes les éditions de la CAN. Pari brillamment tenu, au grand plaisir des autorités de la CAF, qui avaient déjà anticipé en annonçant une « CAN classe coupe du monde FIFA ».

A la qualité indéniable des infrastructures, se sont ajoutées la légendaire hospitalité des Ivoiriens et l'extraordinaire mobilisation du public, qui courait après les billets pour prendre d'assaut les stades du pays, d'Abidjan à Yamoussoukro, en passant par Bouaké, Korhogo et San Pedro.

De plus, en terme d'organisation et de savoir-faire, la Côte d'Ivoire a placé très haut la barre; donnant des leçons au continent. Au point que le président de la CAF, Motsepe, a déclaré que la Côte d'Ivoire est prête pour accueillir la coupe du monde.

En un mois de passion et de ferveur, la 34è édition de la CAN a ranimé l'unité nationale: tous les Ivoiriens de toutes sensibilités et de toutes obédiences ont prié pour le triomphe des Éléphants. Oubliés les problèmes de cherté de la vie, les antagonismes politiques, les prisonniers politiques, etc.

Et après les succès du 26 janvier 1992 à Dakar (Sénégal) et 8 février 2015 à Bata (Guinée équatoriale), la troisième étoile continentale procure une réelle fierté qui comble les Ivoiriens d'un bonheur incommensurable.

Mais, chasser le naturel, il revient au galop. Partout, il y a un marché noir pour la vente des tickets. Toutefois, la Côte d'Ivoire s'est négativement distinguée. Après la crise des tickets parallèles en octobre 2023 durant les matchs amicaux Côte d'Ivoire-Afrique du Sud et Côte d'Ivoire-Maroc, la CAN 2023 a été partiellement gâchée par le scandale de la billeterie. Ni la primature, ni le COCAN ni la CAF n'ont trouvé de solutions appropriées à la pénurie organisée des billets.

La corruption, la gangrène de la société ivoirienne, s'est hélas! invitée à ce sommet du football. Surtout qu'au même moment, le scandale du détournement de 100 milliards de nos francs au guichet unique du foncier au ministère de la Construction et de l'Urbanisme a rebondi et que la Haute autorité pour la gouvernance, lasse d'attendre, donne aux autorirés du pays le mardi 13 février 2024, comme dernier délai pour déclarer leur patrimoine.

D'autre part, la compétition n'a pas échappé aux rivalités domestiques entre les camps de Yacine Idriss Diallo et Didier Tébily Drogba. Des Ivoiriens réclament la démission du président de la FIF. Quand d'autres dénoncent la jubilation jugée opportuniste du candidat malheureux à la présidence de la FIF pour avoir décliné l'offre d'être ambassadeur de la FIF, au profit de celle du COCAN.

En outre, la politisation du succès des Éléphants est sur le point de raviver les tensions entre la classe politique. Hier, l'honneur était rendu aux joueurs et à leur encadrement. Désormais le logiciel a changé. Tout tourne autour du culte de la personnalité du chef de l'État et de la récupération politicienne de tous les événements.

Ainsi, tout est prétexte pour la confisquation du pouvoir d'État, par tous les moyens. Le 3è pont Henri Konan Bédié, inauguré le 16 décembre 2014, a valu un deuxième mandat en 2015. La mort subite du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat à la présidentielle, a été le « cas de force majeure » pour forcer un troisième mandat. Et après l'inauguration, le 12 août 2023, du pont Alassane Ouattara, qui autoriserait, selon le chef de l'État lui-même, plusieurs autres quinquennats, la troisième étoile des Éléphants, selon les partisans de Ouattara, ouvre la voie à un 4è mandat en octobre 2025 dans un pays où la Constitution ne prévoit que deux mandats.

En attendant la surchauffe politique, Alassane Ouattara reçoit ce 13 février les Éléphants footballeurs. Une équipe vraiment nationale qui a vaincu le syndrome du rattrapage. Sa composition, depuis l'encadrement technique jusqu'aux feuilles des matchs, a juré avec la propension à l'utilisation de la fibre ethno-régionale qui plombe l'administration publique ivoirienne. Elle interpelle nos autorités qu'elle met face à leur responsabilité sacro-sainte de consolidation de l'unité et de la cohésion nationales.

F. M. Bally

Les derniers articles sur YECLO

Written by Ferro Bally

Palmarès de la CAN Côte d’Ivoire 2023

Hadj 2023

Burkina Faso – Hadj 2024 : le comité national engagé à lutter contre la corruption