A la veille de la présidentielle du 31 octobre, tous les clignotants sont au rouge en Côte d'Ivoire. Une analyse de Thomas Hofnung.
Dix ans après la plus grave crise qu'ait connue le pays depuis son indépendance (en 1960), la Côte-d'Ivoire va-t-elle basculer à nouveau dans le chaos à l'occasion du scrutin présidentiel du 31 octobre ? Au début de l'été, autant dire une éternité, l'espoir était grand de voir cette ancienne colonie française se diriger vers une élection paisible à l'issue des deux quinquennats d'Alassane Ouattara.
Mais aujourd'hui, tous les clignotants sont au rouge, et le risque d'une nouvelle déflagration prend chaque jour un peu plus de consistance. A bord de ce train lancé à vive allure vers le précipice, ont pris place des hommes qui refusent de quitter le devant de la scène, malgré leur rôle de premier plan dans la crise qui secoue leur pays depuis trois décennies. Tous sont persuadés de devoir faire don de leur personne pour le bien du pays… au risque de sacrifier sa fragile stabilité retrouvée.
Arrivé au pouvoir dans le fracas de la crise post-électorale de 2010-2011, le président sortant Alassane Ouattara (78 ans) avait l'occasion d'entrer dans l'histoire par la grande porte en favorisant une alternance pacifique au sommet de l'Etat.
Mais après avoir proclamé urbi et orbi, en mars, qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat, il est revenu sur son engagement après le décès brutal, au début de l'été, de celui qu'il avait choisi comme dauphin, l'ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
LIRE AUSSI : Bounkani : une sensibilisation des populations à des élections sans violences
Ce revirement trahit une vision patrimoniale de l'Etat : pour Alassane Ouattara, le pouvoir devait nécessairement échoir à un membre de son clan et, plus précisément, à un homme qu'il considérait comme son «frère». A la suite de la disparition d'Amadou Gon Coulibaly, Alassane Ouattara a renié son engagement, notamment pour barrer la route à son ex-allié et rival de toujours, Henri Konan Bédié (alias «HKB»). Ce faisant, il affaiblit durablement la parole publique dans son pays...LIRE LA SUITE SUR LIBERATION.