Laurent Gbagbo a invité Hamed Bakayoko à apaiser la situation, en favorisant le dialogue plutôt que la répression. Analyse de Fernand Dédeh.
Laurent Gbagbo à la manœuvre. Dans un communiqué signé de son avocat et dont nous avons eu copie, l'ancien président de la République de la Côte d'Ivoire, a saisi le premier ministre Hamed Bakayoko. Pour évoquer avec lui, les nouveaux développements de la crise en Côte d'Ivoire, notamment le blocus autour des résidences des leaders de l'opposition.
« Après 10 ans sans aucun contact avec le pouvoir en place, ». Laurent Gbagbo a tenu à inviter Hamed Bakayoko à apaiser la situation, en favorisant le dialogue plutôt que la répression. « il s'est réjoui de la très bonne disponibilité du Premier Ministre Hamed Bakayoko qui a promis de poser des actes en faveur de la décrispation du climat politique. ».
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Les bons offices de Laurent Gbagbo…
Lors de sa première prise de parole publique le 29 octobre 2020, Laurent Gbagbo avait indiqué la direction du dialogue au Pouvoir et à l'Opposition ivoirienne. « Ce qui nous attend, c'est la catastrophe. C'est pour quoi je parle. (…). Pour qu'on sache que je dis qu'il y avait autre chose à faire, discuter. ».
L'opposition avait malgré tout, boycotté le scrutin le 31 octobre 2020. Au lendemain de l'élection, elle avait annoncé la création du conseil national de transition.
La réponse du pouvoir est arrivée sous la forme de la main de fer sur les résidences de principaux leaders de l'Opposition. À commencer par le doyen de la classe politique, ancien président de la République, président du PDCI-RDA, désigné président du conseil national de transition, Henri Konan Bédié. « Le Président Laurent Gbagbo s'est ému tout particulièrement de la situation vécue par Madame Henriette BEDIE qui, nonobstant son état de santé et le fait qu'elle ne fasse pas de politique, se retrouve séquestrée à son domicile. ».
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La pierre rejetée…
La Côte d'Ivoire est de nouveau à un tournant de son histoire. Les positions sont tranchées. Épreuve de force. Les appels au dialogue et à l'apaisement ne sont pas entendus. La situation politique est tendue. La situation sécuritaire aussi. La diplomatie préventive des organisations internationales, régionales et sous-régionales, a échoué. L'élection s'est tenue sans les candidats de l'opposition. Les diplomates continuent de défiler entre les parties ivoiriennes pour essayer d'ouvrir une fenêtre pour le dialogue politique. Sans succès pour l'instant.
L'appel de Laurent Gbagbo à l'exécutif ivoirien est un pas. Un bon pas. Une leçon. Un dépassement de soi, un sacrifice pour le pays. Il connaît le poids de la fonction présidentielle, il a fait face à une crise majeure pendant sa gouvernance, il a l'expérience des négociations pour la paix. Il a été humilié, privé de liberté à la CPI puis acquitté.
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Les institutions et associations nationales de régulation des crises ont montré leurs limites. Le pays a besoin d'un garant moral qui rassure toutes les parties. Qui facilite le rapprochement. Et, Gbagbo Laurent se place sur cette ligne… En Sport, on parle de beau geste technique…
Quand on parle au chien, on parle aussi à l'os…
Laurent Gbagbo ne se renie pas. Il est résolument du côté de l'opposition. « Le Président Laurent Gbagbo apporte sa solidarité aux familles des personnes séquestrées et appelle l'ensemble des militants à garder leur sérénité. ». Cependant, sa tâche n'est pas la plus facile. Autant il appelle le Pouvoir à renoncer à la répression, autant dans son propre camp, il doit convaincre les leaders politiques à favoriser l'apaisement. À calmer le jeu. À offrir une chance au dialogue.