Le Kenya interdit ce jeudi 23 septembre 2021, la projection et la diffusion d'un documentaire racontant l'histoire d'un couple gay.
« I am Samuel », du réalisateur kényan Peter Murimi, raconte une histoire d'amour entre deux hommes vivant à Nairobi.
Le film a suscité la colère du Kenya Film Classification Board (KFCB), l'organisme de classification, qui estime qu'il fait la promotion du « mariage gay comme un mode de vie acceptable ».
Dans un communiqué annonçant l'interdiction du film, le KFCB estime que le documentaire « propage des valeurs qui sont en dissonance avec notre Constitution, nos valeurs culturelles et nos normes. »
Pire, souligne Christopher Wambu, le patron de KFCB, le film montre ce couple simulant un mariage religieux, un acte qu'il qualifie de « blasphématoire ».
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Le KFCB interdit donc « de projeter, de distribuer, de posséder et de diffuser » le film sur le territoire kényan.
L'homosexualité est tabou dans la plupart des pays d'Afrique, où les homosexuels font souvent face à des discriminations, voire des persécutions.
Au Kenya, de récentes tentatives de faire annuler les lois qui interdisent l'homosexualité, héritées de l'époque coloniale britannique, ont échoué.
Les relations homosexuelles y restent un crime qui, selon la loi, peut entraîner une peine allant jusqu'à 14 ans de prison, mais les procès sont rares.
« I am Samuel » est le second film kényan a faire polémique sur ce thème ces dernières années.
En 2018, « Rafiki » (« ami(e) » en swahili) de Wanuri Kahiu, une histoire d'amour lesbien qui fut le premier film kényan projeté au Festival de Cannes, avait également été interdit.
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Après une bataille judiciaire, Rafiki avait finalement été projeté pendant une courte période à Nairobi, dans des salles combles.
Peter Murimi avait affirmé, dans une interview à l'AFP en octobre 2020, s'attendre à ce que le documentaire ne soit pas bien accueilli par les censeurs kényans.
Il décrit cependant son film comme « très nuancé, très équilibré, c'est l'histoire d'une famille qui lutte contre ce problème, avoir un enfant gay ».
« Nous ferons juste de notre mieux et avec un peu de chance les Kényans le verront », déclarait-il.
Le documentaire, projeté dans plusieurs festivals et disponible à la location en ligne, a également reçu le soutien de Wanuri Kahiu.
« La censure reflète le manque de confiance en elle d'une société », a écrit la réalisatrice sur Twitter après l'annonce de l'interdiction du film.
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Human Rights Watch (HRW) a condamné cette interdiction « discriminatoire » qui viole, selon l'ONG, les droits des citoyens kényans.
« Une fois encore, le gouvernement kényan a dénigré ses citoyens LGBT en interdisant un documentaire visant à humaniser un couple gay kényan ordinaire », a expliqué à l'AFP Neela Ghoshal, directrice adjointe à la division LGBT d'HRW.
« Le KFCB peut continuer de violer la liberté d'expression en réduisant au silence les voix homosexuelles kényanes, mais ne peut pas les faire disparaître », a-t-elle ajouté.