Au lendemain du coup d'État au Mali, beaucoup se demandent si la France n'avait pas lâché Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK.
« La France a pris acte de l'annonce de la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Elle appelle à sa libération immédiate ainsi que des membres du gouvernement actuellement retenus. La France se tient, comme elle l'a toujours fait, aux côtés du peuple malien. Elle s'est engagée, à la demande de ce pays, en poursuivant deux priorités : l'intérêt du peuple malien et la lutte contre le terrorisme.
Elle réaffirme son attachement à la souveraineté, au respect des institutions, à la vie démocratique et à la stabilité du Mali. Elle encourage toutes les forces politiques et sociales au dialogue pour trouver une solution à la crise profonde que traverse le pays et appelle au rétablissement sans délai d'un pouvoir civil. Les autorités françaises sont en contact avec les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de l'Union Africaine et du G5 Sahel pour soutenir leurs efforts » a déclaré Jean-Yves Le Drian le mercredi 19 août 2020.
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En 2013, pour rappel IBK avait bénéficié de l'appui technique de Paris et aussi en matière de renseignement pour réorganiser le commandement militaire du camp. Pour affirmer son autorité et annoncer que les opérations de démantèlement du camp de Kati s'étaient bien déroulées.
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Selon Louis Keumayou, journaliste et analyste politique camerounais interrogé par DW, les forces françaises n'avaient cette fois pas de mandat pour intervenir. « La Force Barkhane n'est pas au Mali pour sauver un chef d'Etat. Pour le coup d'Etat, il s'agit d'une question de sécurité intérieure. Il ne s'agissait pas d'une agression extérieure comme c'était le cas en 2012.“
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La non-intervention de la France pour sauver le président IBK en difficultés, signifierait que Paris serait dépassé par les événements. Les autorités françaises ne pouvant ainsi plus rien faire face au niveau de corruption et d'inaction d'IBK. Ce serait l'une des raisons du laisser-faire de Paris, estime le professeur Issoufou Yahaya, politologue nigérien. « Ce sont les Maliens qui ont lâché IBK et non les Français », insiste-t-il. « La France était consciente de l'impopularité d'Ibrahim Boubacar Keïta, du clientélisme politique, de l'implication de sa famille et de la corruption qui caractérisaient sa gouvernance. »