Mariatou Koné : « Les guides religieux doivent être eux-mêmes des modèles de tolérance envers les autres religions »

Mariatou Koné
Mariatou Koné

Ouverture de la deuxième édition du colloque dialogue interreligieux au Palm Club ce mardi 19 février 2019. la ministre de la solidarité, de la femme et de la protection de l'enfant a lancé un message poignant aux leaders religieux et leaders politiques. Ci-dessous son allocution.

C'est à la fois un plaisir et un honneur pour moi de prendre la parole devant une telle assemblée à l'occasion de l'ouverture de la deuxième édition du colloque dialogue interreligieux et défis politiques socioéconomiques. Organisé dans un effort conjugué par l'ambassade d' en Côte d'Ivoire et par la Fondation et le Centre de recherche politique d'. Je tiens en cette solennelle occasion à renouveler mes remerciements à l'endroit de son excellence monsieur Eli Ben-Tura, ambassadeur d'Israël en Côte d'Ivoire, pour sa sollicitude à l'égard de ma personne et du peuple de Côte d'Ivoire en portant leur choix sur moi pour parrainer ce colloque pour la deuxième fois consécutive.

J'adresse également mes remerciements à la Fondation Konrad-Adenauer-Stiftung et le Centre de recherche d'Abidjan pour leur contribution à l'éducation civique et citoyenne des populations. Mes remerciements vont également à toutes les personnalités qui ont soustrait de leur temps pour être avec nous ce matin. Honorables invités, mesdames et messieurs, le thême de ce colloque dialogue interreligieux et défis économiques, nous place au cœur d'une actualité nationale et internationale où le rapport de l'individu ou  le rapport de la société à la religion interpelle chacun de nous.

Quel que soit l'espace, quel que soit le temps, les religions véhiculent des valeurs identiques qui subliment la vie et qui subliment l'être humain. Je peux citer la fraternité, la solidarité, le partage, la tolérance, le respect de l'autre, le secours au plus faible. Honorables invités, mesdames et messieurs, parce que nous sommes dans un monde interconnecté, le dialogue interreligieux apparaît comme un moyen de pacification des relations entre adeptes ou citoyens de croyances religieuses différentes, s'acceptant mutuellement dans leur foi respective.

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En participant à la pacification de la société et des rapports inter et intra-communautaires,  le dialogue interreligieux crée les conditions de développement durable. L'existence d'un environnement de paix, d'un climat social apaisé empreint de convivialité, demeure une quête permanente et un défi à relever sans cesse pour s'engager dans la voie d'un développement socioéconomique participatif et inclusif. La place et le rôle qu'ils ont au sein de la société, dans le conditionnement des esprits et des comportements, doivent pousser les guides religieux à adopter des comportements, des attitudes de tolérance, d'ouverture aux autres.

Par exemple, l'étroite interrelation entre le politique et le religieux devient une menace permanente pour la paix sociale quand elle est sou tendue par l'exclusion de ceux qui pensent, qui croient, qui militent ou qui votent autrement. Honorables invités mesdames et messieurs, l'article 4 de la constitution du 8 novembre 2016 de la Côte d'Ivoire stipule que : « Tous les naissent et demeurent libres et égaux en droit. Nul ne peut être discriminé en raison de sa race, de son ethnie de son camp, de sa tribu, de sa couleur de peau, de son sexe, de sa région, de son origine sociale, de sa religion ou croyance, de son opinion, de sa fortune, de sa différence de culture ou de langue, de sa situation sociale et de son état physique ou mental ».

Les guides religieux ont une responsabilité dans le maintien de la paix sociale par l'influence qu'ils exercent sur la société entière. Ils participent à la formation de l'esprit du tout jeune enfant, ils participent à l'éducation de l'adulte pour cela, les guides religieux doivent être eux-mêmes des modèles de tolérance envers les autres religions ; Ils sont donc interpellés par cet article de notre constitution. Permettez-moi de saluer le forum des confessions religieuses et toutes les autres organisations œcuméniques qui essaient de briser les barrières entre les religions pour lutter contre l'exclusion, la discrimination, l'intégrisme et le radicalisme religieux.

Les relations entre les guides religieux et leurs fidèles doivent également s'inscrire dans un contexte où il n'y a pas de discours à pousser à la haine où il n'y a pas de discours à pousser à l'affrontement avec les fidèles des autres religions. Enfin, il me plaît d'inviter les guides religieux à rester en dehors du champ politique en se mettant au-dessus de la mêlée pour éviter l'instrumentalisation de leurs différentes chapelles. En tant que citoyen, le guide religieux a le même droit que ses concitoyens. Mais il doit se mettre au-(dessus des chapelles politiques et être un acteur de paix et un vecteur de cohésion sociale.

« Faisons donc que la paix soit notre première religion et donc c'est la paix que nous devons véhiculer partout où nous sommes »

C'est à ce prix que nous avons le développement. Et pour cela, je voudrais encourager en ce moment de tensions sociales, tensions sociopolitiques, violences verbales et même violences physiques en Côte d'Ivoire, je voudrais donc encourager tous les leaders politiques à prêcher dans leurs différentes chapelles, les mosquées, dans les temples, afin que la paix revienne en Côte d'Ivoire, afin que les leaders politiques sachent que pour obtenir le suffrage des ivoiriens, des religieux, des personnes qui croient en quelque chose (…) il faut que la paix soit de mise. S'il n'y a pas de paix, on ne peut pas parler de leader, on est président de la république parce qu'on a des citoyens qu'on gouverne.

Si tous les citoyens sont morts au nom de la guerre, on est plus président de la république. On est chef de village parce nous avons des habitants dans notre village. Si tous les habitants du village sont morts, alors nous ne sommes plus chef. On leader religieux parce que dans notre mosquée ou dans notre église ou dans notre temple nous avons des fidèles. Si tous les fidèles sont morts au nom de la haine au nom de l'instrumentalisation, alors on est plus leader religieux. Faisons donc que la paix soit notre première religion et donc c'est la paix que nous devons véhiculer partout où nous sommes quel que soit notre bord politique, quelle que soit notre tendance religieuse.

« La religion enseigne la fraternité, la religion enseigne la solidarité, la religion enseigne la tolérance, la religion enseigne le pardon »

Honorables invités, mesdames et messieurs, le dialogue entre nos religions peut servir de fondement à l'apaisement du climat social et politique. Le dialogue entre nos religions peut donc être catalysateur du développement socioéconomique. La religion enseigne la fraternité, la religion enseigne la solidarité, la religion enseigne la tolérance, la religion enseigne le pardon. Elle repose donc sur des valeurs qui unissent des êtres qui partagent le destin commun de l'humanité. Pour notre part, elles unissent des personnes qui ont pour dénominateur commun la Côte d'Ivoire.

« malgré les crises sociopolitiques que nous avons connus, les religions ont toujours servi de ciment entre les ivoiriens contrairement à bien d'autres pays »

Honorables invités mesdames et messieurs, notre pays la Côte d'Ivoire, en dépit des turbulences, a sû éviter le piège du conflit interreligieux. En effet, malgré les soubresauts, malgré les crises sociopolitiques que nous avons connus, les religions ont toujours servi de ciment entre les ivoiriens contrairement à bien d'autres pays où les oppositions religieuses ont bien souvent servi de terreaux fertiles, à des affrontements meurtriers et dramatiques.

 La Côte d'Ivoire peut offrir au monde ses valeurs d'humanismes faits de fraternité, de solidarité, de tolérance, de dialogue au moment des replis identitaires, le dialogue interreligieux est un moyen efficace pour bâtir des religions sans frontière où les tracés conventionnels qui les séparent doivent cesser d'être des points de rupture pour devenir des points de suture et surtout rester de véritables espaces de convergence et de convivialité. C'est dans cette voie que les pays africains et la Côte d'Ivoire en particulier trouveront les fondements de la véritable croissance économique et sociale.

« Ensemble vos actions expriment ainsi l'espérance d'un monde meilleur fait de respect mutuel et de tolérance »

Je voudrais donc profiter de cette tribune pour rendre hommage à toutes les parties prenantes à l'organisation de cette cérémonie, j'exprime en cette solennelle occasion, mon admiration aux autorités religieuses et il me plaît de les encourager dans leur quête quotidienne de paix et de cohésion sociale. Ensemble vos actions expriment ainsi l'espérance d'un monde meilleur fait de respect mutuel et de tolérance. Mesdames et messieurs les leaders religieux, vous êtes ici pour monter la voix  aux ivoiriens et par-delà au monde entier.

C'est pourquoi vous méritez le soutien et l'encouragement du gouvernement. Honorables invités, mesdames et messieurs, c'est sur cette note d'espoir en mettant en mission tous les leaders religieux de Côte d'Ivoire que je déclare ouvert les travaux de la deuxième édition du dialogue interreligieux organisé par l'ambassade d'Israël en Côte d'Ivoire.

Je vous remercie

Mariatou Koné

Written by Prince Beganssou

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