Métro d’Abidjan : une Centrale Syndicale perd son siège

La réalisation du métro d'Abidjan ne trie pas ces victimes. La Confédération Ivoirienne des Syndicats Libres (CISL DIGNITE) vient de payer les frais.

Mercredi 29 septembre 2021. Il est 8 heures passé quand les agents chargés de la démolition des sites repérés pour les besoins des travaux accompagnés de forces de l'ordre ‘'débarquent'' au siège de la CISL DIGNITE, à Adjamé RAN. Ils avaient une seule parole à leurs lèvres : « Vous êtes sommés de quitter les lieux dans un délais de 48 heures. Votre siège est touché par les travaux du métro », a lancé l'agent sans toute autre forme de procédure. Pas de documents officiels de mise à demeure, ni même une note d'information.

A cet instant, une forme de colère et de désarrois s'emparent des camarades syndicalistes de DIGNITE. Surpris par cette annonce qui ne respecte aucune procédure et frise le mépris. Une situation qui a provoqué le courroux du premier responsable de la Confédération syndicale, en l'occurrence le Président Boga Dago. « En toute chose il faut y mettre la manière. On pouvait nous le notifier par écrit d'autant plus que DIGNITE a écrit pour savoir si son siège était touché par le tracé du métro. Non a été la réponse que nous avons reçu. Donc on ne peut pas débarquer du jour au lendemain et nous chassé comme une structure quelconque. Ce n'est pas élégant », a-t-il proféré sur un ton de colère et d'amertume.

Rappelons tout de même que ce qu'il convient d'appeler désormais ex-siège de la Centrale DIGNITE était contigu à la gare RAN à Adjamé juste en face de la gare nord SOTRA. Selon les informations reçues et pour ceux qui connaissent bien Adjamé, tous les magasins, bureaux et autres infrastructures qui jonchent ce tronçon allant de la gare RAN jusqu'à la station Shell seront complètement rasés au profit des travaux du métro.

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En plus de perdre son siège qu'elle louait depuis plus d'une quinzaine d'années, la Centrale syndicale perd également un bâtiment qu'elle avait construit et mis en location aux commerçants. Le loyer de celui-ci permettait à la confédération syndicale de subvenir à quelques besoins fixes.  « C'est un coup dur avec ce manque à gagner et la perte des biens. Mais DIGNITE saura se réinventer », présage le Président Boga.

Aujourd'hui et de façon temporaire le siège de la Confédération a été délocalisé à Yopougon en deux endroits : à Saguidiba au siège de « Collenci » un syndicat de base affilié à la centrale et à COPRIM. Les membres affiliés à la CISL DIGNITE peuvent désormais se rendre à ses lieux pour leurs différentes courses ou avoir toutes les informations nécessaires via les canaux habituels de communication.

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Abattu mais pas rechigné…

Le Président Boga en homme combatif et stoïque, au contraire, galvanise ses troupes. « Il ne faut pas non plus se morfondre. Nous devons rester débout et digne. Cette situation nous enseigne plusieurs leçons. Il nous faut notre siège propre à nous. Nous allons nous battre pour cela avec l'aide de nos camarades syndiqués et des bonnes volontés », a-t-il fait comprendre à un de ses collaborateurs en notre présence. En syndicaliste convaincu, il saisit d'ailleurs cette opportunité de déménagement à Yopougon pour remobiliser ses troupes à attaquer le terrain. « Là où nous allons ce n'est pas pour faire de la bureaucratie, il nous faudra attaquer le terrain à la conquête des travailleurs. Seul le terrain détermine et déterminera la force de DIGNITE. Toute la zone industrielle (du moins là où la Centrale n'est pas représentée) devra être visitée », a-t-il recommandé à ses collaborateurs. Il poursuit en faisant un clin d'œil aux détracteurs des syndicalistes et particulièrement de la Confédération DIGNITE « s'ils pensent réduire dignité au silence, ils peuvent compter sur notre capacité à rebondir et de fort belle manière », rassure-t-il. Et d'ajouter « sait-on jamais en ces moments de détresse une bonne volonté peut surgir du néant à la rescousse de la Confédération. Mais nous n'allons pas faire le manchot », s'est-il voulu formel.

En ce qui concerne les pertes  enregistrées lors de cette délocalisation et démolition de son siège et de ses biens immobiliers, à en croire les premiers responsables de la Centrale syndicale « le dossier a été introduit pour recevoir une compensation en guise de dédommagement ».

Pour rappel, long de 37.5 km, le métro reliera la commune d'Anyama à celle de Port-Bouet. Son itinéraire comprend 2 voies, 18 stations, 21 ponts-rails et routes, et un pont viaduc sur la lagune. Les travaux devraient s'achever en 2024.

La réalisation de toute cette infrastructure ne se fait pas sans grincement de dents.

Written by Dofra Sekongo

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