Ohouochi Clotilde : ses critiques sur le gouvernement Patrick Achi 1

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Ohouochi Clotilde Yapi, l'ex-ministre de de Laurent Gbagbo, fait une analyse du nouveau gouvernement Patrick Achi 1 dévoilé le 6 avril 2021.

« Mon regard (critique) sur le gouvernement Patrick Jérôme Achi 1. La distribution des postes ministériels et les attributions qui en découlent relèvent des prérogatives du pouvoir régalien du président de la République. Leurs contenus sont souvent l'émanation de la conception idéologique des dirigeants ou d'une volonté politique affirmée. C'est un fait.

Cependant, l'observateur averti qui scrute attentivement ce gouvernement Achi 1 y relève des affectations incompréhensibles voire incongrues, de même qu'une sorte de redondance institutionnelle. Mon regard s'attardera surtout sur les portefeuilles qui hébergent ce qu'il convient d'appeler, d'une manière générale, les secteurs sociaux.

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On assiste à un écartèlement et un éparpillement du dispositif de la sécurité sociale entre différents ministères techniques, à savoir: la CMU (AMU pour nous) au ministère de la santé, l'IPS-CGRAE et l'IPS-CNPS qui gèrent respectivement la retraite du secteur public et du secteur privé se retrouvent au ministère de la Protection sociale, les prestations familiales, certainement au ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfant, etc.

Pour rappel, la sécurité sociale qui est l'ensemble des mécanismes mis en place par les pouvoirs publics pour lutter contre les risques sociaux (maladie, maternité, vieillesse, incapacité, invalidité, chômage, enfants en charge) est sous-tendue par toute une philosophie et un contexte historique particulier. Il s'agissait de prémunir les populations contre les risques sociaux dans un contexte de récession des solidarités familiales et locales.

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L'État devait, par conséquent, créer des conditions idoines pour se substituer aux mécanismes traditionnels d'aide et de soutien, en inventant une politique de solidarité nationale. La sécurité sociale est donc une affaire de solidarité nationale. Chaque mot valant son pesant d'or et relevant d'une réalité tangible, c'est au ministère de la Solidarité qu'il revient naturellement d'être le cadre juridique et institutionnel de la CMU et de toutes les autres branches du mécanisme de sécurité sociale.

Pour une cohérence de l'action gouvernementale. Il est par exemple tout à fait erroné de tendre à assimiler la CMU (AMU) à un programme de santé alors qu'elle relève du dispositif de la sécurité sociale. La différence est de taille. Pour schématiser, on pourra emprunter le vocabulaire technique du partenariat commercial: dans le mécanisme de répartition des rôles, le corps médical et tout le système de santé sont des fournisseurs de prestations (offre de soins), la CMU est leur client.

Elle achète leurs prestations pour la satisfaction des besoins médicaux de ses adhérents. En France par exemple c'est le Ministère des Affaires sociales appelé depuis 2017 « Ministère des Solidarités et de la Santé » qui est l'administration chargée de la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaines de la sécurité sociale, de la santé, de la protection sociale et des prestations familiales.

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Même au niveau international, il existe une institution spécifique, principalement chargée de la sécurité sociale. C'est l'association Internationale de la Sécurité Sociale, de son sigle AISS, fondée en 1927 sous l'égide de l'Organisation Internationale du Travail (BIT). Ce n'est pas l'OMS. En Afrique il y a la CIPRES, la Conférence Inter-africaine de la Prévoyance Sociale, une structure de contrôle et d'appui technique aux Caisses africaines de sécurité sociale regroupant les 14 pays de l'espace francophone.

Je ne préjuge pas des attributions du ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté du gouvernement Achi 1. Mais amputée des secteurs vitaux qui lui reviennent de droit, je crains fort qu'il ne reste pas grand-chose à la titulaire du poste.

A moins qu'elle fasse preuve d'inventivité et de courage pour transformer ce qui ressemble à la portion congrue d'une récompense politique, sans envergure, en un département ministériel essentiel, pour le bien des usagers… Je retourne porter mon masque et attendre le top départ au pays avec le Chef… »

Written by Clotilde Ohouochi

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