Ouattara mène aux points après la mission de la CEDEAO. L'opposition, est-elle prête à saisir la main tendue du pouvoir ?
La tension monte à Jour J-10 du premier tour de la présidentielle 2020 en Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens sont face à leur destin. Ils ont le choix entre plonger dans le tunnel ou arrêter la spirale du feu et du sang. Maintenant. Au delà des clans, la réflexion doit être collective et dépassionnée.
La CEDEAO aux Ivoiriens: « Trouvez les solutions durables aux différends qui vous opposent par le dialogue. »
La mission de la CEDEAO qui a séjourné en Côte d'Ivoire, du 17 au 19 octobre 2020 a demandé « aux candidats à la présidentielle du PDCI et du FPI, à reconsidérer sérieusement la décision de boycotter l'élection et l'appel à leurs partisans à se lancer dans la désobéissance civile pour protester contre le processus électoral mais plutôt, à œuvrer, de façon sérieuse, pour parvenir à un consensus sur le consensus électoral. ». La communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest est consciente des questions qui divisent les parties ivoiriennes mais elle conseille le dialogue pour aboutir à des solutions durables.
L'opposition groggy mais pas KO
En boxe, les commentateurs auraient dit que l'opposition est sonnée, groggy mais pas encore KO. Alassane Ouattara mène aux points. Tactiquement, il a réussi à mettre la communauté internationale de son côté. Ce n'était pas gagné d'avance. Le 4 septembre 2020, la rencontre avec le Chef de l'Etat français a été délicate.
LIRE AUSSI : La FESCI suspend son mot d'ordre de grève : Chris Yapi donne les raisons, « Hamed Bakayoko est à la manœuvre »
Emmanuel Macron avait notamment relevé l'es inquiétudes des milieux d'affaires en France, suite à la décision du président ivoirien de revenir sur sa décision de ne pas se présenter pour un troisième mandat. Alassane Ouattara avait rassuré son homologue français sur sa capacité à maintenir l'ordre et organiser une élection transparente et équitable.
La France considère la Côte d'Ivoire comme un pays stratégique pour ses intérêts économiques et la vie des 17.776 Français vivant en Côte d'Ivoire (chiffres du 31 décembre 2017) mais aussi la sécurité et la stabilité sous-régionales et voire régionales. Du coup, la France s'est gardée d'un soutien ostensible à la candidature de Alassane Ouattara « pour ne pas fâcher l'opposition », selon une source introduite.
Vigilance accrue
Toutefois, la France et la communauté internationale demeurent vigilantes sur le déroulement des événements en Côte d'Ivoire. Au regard de la montée des tensions, le représentant du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas a fait un tour de repérage en Côte d'Ivoire, début octobre, pour toucher de près, la réalité du terrain.
LIRE AUSSI : Bonoua et le mur de la colère contre Ouattara
Une deuxième mission conjointe, ONU, UA, CEDEAO avait suivi. Cette mission s'était « félicitée de l'engagement des autorités à promouvoir une élection inclusive, transparente, crédible et apaisée en Côte d'Ivoire », validant du coup la présidentielle du 31 octobre 2020. Elle avait invité les parties ivoiriennes à favorisé le dialogue pour régler les points de divergence.
Persistance des points de divergence
La CEDEAO constate malheureusement, la persistance des points de divergences entre l'opposition et le pouvoir. « Elle exhorte les candidats à se focaliser sur les points réalistes devant aider au dénouement des différends en vue d'une participation inclusive, transparente, crédible et non violente à l'élection présidentielle. ».
Les possibilités qui s'offrent à la Côte d'Ivoire
Pouvoir et opposition sont désormais devant leurs miroirs. Soit, les deux parties acceptent de se parler dans un cadre formel pour trouver un consensus minimal pour une élection ouverte à tous, soit elles gardent le schéma et les positions actuelles et l'incertitude tient l'horizon.
LIRE AUSSI : La FESCI ferme les établissements scolaires de Grand-Bassam
La CEDEAO ne dit pas si elle a obtenu de l'une ou l'autre entité, la possibilité d'un dialogue direct. Mais elle l'encourage. Tout comme elle encourage la CEI à poursuive ses réunions avec les différents candidats pour trouver des solutions aux problèmes en suspens. ».
Alassane Ouattara, rejette fermement la possibilité du report de la présidentielle. La communauté internationale et la communauté sous-régionale adoubent désormais sa candidature. Elle constituait le véritable point d'achoppement avec l'Opposition. Le président sortant et candidat du RHDP peut-il accepter le report dans les limites constitutionnelles, de la présidentielle?
Ne serait-ce que pour donner une chance au dialogue et apaiser la situation sociale? Certaines sources au sein du parti au pouvoir militent pour l'organisation rapide de l'élection le 31 octobre 2020 et engager ensuite les négociations avec toutes les parties. L'opposition de son côté, est-elle prête à saisir la main tendue du pouvoir en cas de besoin?
La question fondamentale, quelle élection sereine dans les conditions actuelles ?
Les manifestations observées sur le terrain perturbent gravement la distribution des cartes d'électeurs