Port du masque en Côte d’Ivoire, des individus rejettent : « On n’a pas l’argent pour manger, vous dites d’acheter masque» (Reportage)

Le port du masque en Côte d'Ivoire, n'est pas totalement respecté dans certains quartiers d'Abidjan pour des raisons diverses.

Un tour au marché de la cité Fairmont, dans la commune d'-, aux abords du marché et à l'intérieur de la cité, ce lundi 20 avril 2020.

Y faisant un tour pour vérifier si le port de masque est effectif, le constat est que la plupart des passants ne portent pas de masques. Les vendeuses aux abords de la route de la  cité Fairmont n'en portent pas non plus, seules quelques-unes l'ont sous le menton.

Même constat pour les véhicules de transport en commun, communément appelé Gbaka  stationnés, attendant les clients ou essayant de faire  le plein. Pas de masque, ni pour les apprentis des minicars communément appelés “Gbaka”, ni pour les clients hormis quelques passagers.

Un gérant de transfert d'argent, qui a requis l'anonymat, explique qu'il ne porte pas de masque parce qu'il étouffe lorsqu'il le porte. Il est rejoint par une vendeuse de sceaux, de serviettes et d'éponges, Koné Kadidiatou.

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Une autre femme, Koffi Adjoua Marie qui se plaignait de la vente de masque, assise à côté d'une restauratrice, est toute remontée : « On n'a pas l'argent pour manger, vous dites d'acheter masque, moi j'ai trop de problème pour payer votre masque-là ». La restauratrice, quant à elle, se refuse à tout commentaire. Ses plats sont vendus à ciel ouvert et les clients ne portent pas de masque.

A l'intérieur du marché, la majorité des femmes négligent le port du masque. Une vieille femme, vendeuse de manioc, déplore la non gratuité du masque. « Nous, on doit payer avant de porter et si tu n'as pas l'argent pour payer le masque, on va faire comment ? Les gens ne nous donnent pas gratuitement les cache-nez. Ils viennent nous vendre ça sur le marché », a-t-elle souligné.

Une autre de renchérir que « dans les autres pays, on aide les gens qui n'ont pas de moyens mais, ici, ce n'est pas le cas. On est obligées de sortir, ce n'est pas un plaisir pour nous de sortir, on dit y a maladie et tu vas sortir pour aller prendre maladie pour venir ? C'est la situation qui fait.  Sinon les gens doivent nous aider à avoir des masques dans les quartiers pauvres comme pour nous ici ».

De plus, elle ajoute : « les moustiquaires ont a distribué gratuitement donc pour les caches -nez, on doit le faire gratuitement ».

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Une vendeuse d'escargot et de graine de palme, N'Guessan Amena très âgée, explique que lorsqu'elle porte le masque, elle a mal à la tête. Mais lorsque l'air circule un peu dans le marché, elle le porte. Cependant, elle souligne que lorsqu'elle rentre à la maison, elle ne porte plus de cache-nez ni chez elle, ni dans le quartier où elle habite.

« On a nos masques sur nous, mais on ne les porte pas parce qu'il fait chaud dedans et on étouffe. Quand on voit les contrôleurs, on prend et on porte. Quand ils s'en vont, on ne porte pas », avoue une vendeuse, Lydie Guéhi.

Au quartier Baoulé, un quartier précaire à l'intérieur de la cité Fairmont dans une cour avec neuf portes et neuf différentes familles, une seule douche commune est utilisée.

« Pour nous-là, c'est la grâce de Dieu. Sinon si ce n'est pas la grâce de Dieu, chacun est sorti, il est revenu avec je ne sais pas quoi et vous partagez la même douche. Puisque vous habitez dans la même cours, même si tu veux pas sortir et que tu restes dans ta maison, si un des  locataires est sorti pour aller travailler et il est revenu dans la cour, ils va venir donner la maladie à tout le monde »,  a déploré Rose Diby, une coiffeuse à travaillant à Yopougon et résident  au camps Baoulé.

Un vendeur de charbon, un étudiant en licence 2 informatique à l'université d'Abidajn, reconverti en vendeur de charbon, N'cho N'guessan N'dri Charles, a expliqué que la situation du a ralenti les  les activités commerciales.

« Puisque que y a pas cours, je viens aider ma sœur à vendre son charbon. On est obligé de sortir pour vendre et subvenir à nos besoins », ajoute-t-il.  A la question de savoir pourquoi il ne porte pas de masque, il répond, « J'ai mon masque dans ma poche, lorsqu'une personne s'approche de moi, je porte mon masque et je sers le charbon ».

La Côte d'Ivoire enregistre 34 nouveaux cas le 20 avril 2020 portant à 879 le nombre de cas contaminé au Covid-19.

Written by Christian Binaté

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