Un cadre du PDCI parle Patrick Achi : « votre 1er gouvernement du 3ème mandat anticonstitutionnel d’ADO »

Lettre ouverte Jean-Yves Esso membre du Bureau Politique du PDCI-RDA à Patrick ACHI, Premier Ministre de Côte d'Ivoire.


Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez dévoilé, ce mardi 6 avril 2021, la composition de votre nouveau gouvernement. Nous notons avec un soupçon de satisfaction qu'il est moins pléthorique que le précédent avec 37 ministres et 4 Secrétaires d'État.

Passée cette légère satisfaction, notre constat immédiat, de prime abord, est que la composition de ce gouvernement illustre parfaitement un cuisant aveu d'échec dans votre tentative de proposer aux ivoiriens un gouvernement d'ouverture.

Vous avez, semble t'il, buté sec sur le refus catégorique des partis d'opposition et de la société civile de participer, sans conditions préalables, à un tel gouvernement qui légitimerait définitivement le Coup d'Etat Constitutionnel que vous avez imposé aux ivoiriens le 31 octobre 2021.

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Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises étant donné que mission vous avait été donnée, par votre mentor, le Chef de l'Etat autoproclamé , d'œuvrer pour la formation d'un gouvernement d'Union Nationale afin de donner la fausse image au monde entier d'une Côte d'Ivoire réconciliée avec elle-même après les graves troubles de la présidentielle d'octobre 2020.
Cela a malheureusement fait « pschitt » et vous avez été obligé de nous proposer un vrai bricolage en guise de gouvernement, recroquevillé sur lui-même, avec 100% de ses membres issus d'un seul et même parti politique. Pauvre Cote d'Ivoire…

Monsieur le Premier Ministre,
L'opposition aurait pu réfléchir à votre proposition et en débattre avec les représentants de sa base militante, si vous étiez de bonne foi. Mais elle a catégoriquement refusé d'intégrer ce gouvernement, tout simplement parce qu'elle reproche à monsieur OUATTARA de ne jamais respecter ses engagements les plus basiques.

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Si de tels engagements basiques ne sont pas respectés, cette opposition imagine aisément les conditions de travail et de collaboration auquels devraient s'attendre les ministres issus de son rang pour la suite…

Lors du Dialogue National initié après la rencontre au sommet entre les deux présidents BEDIE et OUATTARA, un certain nombre d'engagements avaient été pris par le président OUATTARA à travers son Premier Ministre d'alors, feu monsieur .
Parmi ces engagements non respectés, on peut d'ailleurs citer les 3 principaux suivants :

Libération de tous les prisonniers politiques.

Arrêt des poursuites judiciaires contre les leaders de l'opposition pour leurs opinions politiques.

Retour sécurisé des exilés politiques en Côte d'Ivoire.

Aucune de ces promesses n'a été tenue. Ainsi donc, après une présidentielle anticonstitutionnelle hautement controversée d'octobre 2020, après des législatives organisées précipitamment pour une mise en place théâtrale de l'Assemblée Nationale, après cet incompréhensible et inimaginable décès de l'ancien Premier Ministre Hamed Bakayoko, vous voici contraint de proposer aux ivoiriens un authentique bricolage en guise de premier gouvernement du 3e mandat anticonstitutionnel de monsieur OUATTARA.

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Depuis l'indépendance de notre pays en 1960, du père fondateur de notre nation, le Président Félix HOUPHOUET BOIGNY, au Président Laurent GBAGBO, en passant par le Président BÉDIÉ, c'est bien la première fois qu'on voit un parent direct du président, en l'occurrence son frère cadet, occuper deux postes aussi importants que Ministre d'État et ministre de la Défense dans le gouvernement, après avoir été pendant 10 ans ministre des affaires présidentielles (autrement dit directeur financier de la Présidence). Certains sachants issus de vos rangs disent même, en catimini, que monsieur Tene Birahima Ouattara serait le véritable Premier Ministre et que vous ne seriez qu'une de ses marionnettes.

Et nous ne parlerons pas ici, pour le moment, des liens de parenté qui lient le président OUATTARA aux deux ministres Bruno KONE et Adama KAMARA. Sans parler non plus de Dramane COULIBALY, DG de LONACI ni de Nina KEITA DGA de GESTOCI ou même de Loic FOLLOROUX qui règne sur le cacao ivoirien depuis plus d'une décennie.
Et j'en passe et des meilleures…

C'est bien la preuve que nous sommes dans une autocratie, une dictature, une oligarchie, dérivant inlassablement vers une monarchie… Le président démocratiquement élu en 2000, GBAGBO Laurent, aurait t'il été attaqué, bombardé et déporté… pour ça ! Comme on le voit, monsieur le Premier Ministre, avec Alassane OUATTARA, le népotisme a atteint son paroxysme en Cote d'Ivoire et tout le monde doit se taire.

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Monsieur le Premier Ministre,
Dans le cas où vous estimeriez que la seule réponse à donner à cette lettre ouverte est la privation de notre liberté, sachez que nous sommes prêts.

Comme le disent souvent nos parents adjoukrous :
« El him souhem ass'm sass »
« On ne va pas s'assoir sur le siège d'un WC pour péter ».
Nous n'avons pas peur de la MACA.

Nous y allons d'ailleurs déjà assez souvent pour remettre des vivres aux jeunes manifestants de la désobéissance civile injustement incarcérés depuis novembre 2020.
Tant que nous aurons le Seigneur Dieu Tout Puissant comme refuge et comme protecteur, nous continuerons de dénoncer haut et fort les vérités que vous ne réussirez jamais à cacher avec votre terreur et votre violence.

Convaincu que vous saurez méditer sur cette ultime correspondance publique,
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de nos respectueuses salutations.

Written by Jean-Yves Esso

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