Un député RDR refuse d’intégrer le futur groupe parlementaire RHDP, voici ses raisons

Un député refuse d'intégrer le futur groupe parlementaire , voici ses raisons. A lire la déclaration sans faux fuyants de Gnangadjomon Koné, député de Dianra.

Sauf perturbation majeure, la prochaine rentrée parlementaire prévue pour le 03 avril 2018 marquera le deuil des groupes parlementaires RDR, PDCI, UDPCI … et la naissance d'un nouveau bébé baptisé « groupe parlementaire RHDP ». L'objet de ma présente déclaration est de faire connaître les raisons de mon refus d'adhérer à un tel groupe parlementaire.

Première raison : J'ai fait le serment de ne jamais trahir mon électorat à qui j'ai promis d'intégrer le groupe parlementaire RDR après mon élection.

Dans les discussions informelles tout comme dans les déclarations à la presse, un argument saillant, somme toute légitime, traverse les justifications de mes collègues députés favorables à la création du groupe parlementaire RHDP : « Nos électeurs nous ont votés en tant que candidats RHDP et nous leur avions fait la promesse d'adhérer audit groupe parlementaire ». Tel est le refrain général.

Une députée RDR prévient : « Le RDR ne quittera le pouvoir qu'en 2050 »

Monsieur le président du groupe parlementaire RDR, vous êtes le mieux placé pour comprendre qu'à ce jour, je suis le seul et l'unique député, en fonction à l'Assemblée nationale, à cumuler deux mandats consécutifs en étant candidat indépendant ! Qu'il me soit permis de vous rappeler que si j'ai remporté les élections de 2011 et celles de 2016 sans parrainage politique, c'est d'abord et avant tout parce que l'électorat de ma circonscription, à 99% RDR, n'a jamais douté de mon engagement pour ce parti. Sinon, comment expliquerait-on mes scores honorables de 75% et 62% respectivement en 2011 et 2016 dans une zone à 99% RDR ?

En ce qui me concerne, je n'ai Jamais promis à mon électorat d'adhérer à un groupement parlementaire autre que celui du RDR. En 2011 tout comme en 2016, j'ai plutôt fait le serment de reverser ma victoire au RDR en dépit de tant de frustrations. Et c'est bien fort de cette parole donnée que j'ai, à chaque fois, triomphé des choix affectifs effectués à mon détriment.

Chers ex-collègues du groupe parlementaire RDR, au moment où chacun et chacune d'entre vous s'apprête à troquer son échappe et écusson de député RDR au profit de la tunique RHDP sous le prétexte du respect de vos engagements vis-à-vis de vos électeurs respectifs, permettez-moi, moi aussi, de ne pas trahir les miens en vous suivant. J'espère vraiment ne pas perdre de sympathie parmi vous du fait de cette décision. Allez au groupe parlementaire RHDP, je reste moi au groupe parlementaire RDR. Mon amertume de vous voir si engagés dans cette aventure est si grande que le projet de création de auquel vous rêvez tant me semble un leurre et pour cause …

Deuxième raison : Le parti unifié, un leurre en contexte de paix et de stabilité

Des députés arguent que le RHDP a permis le retour de la paix. Cet argument ne souffre d'aucune contestation. L'histoire est récente et peut être contée : la coalition RHDP est née à Paris le 18 mai 2005 dans un contexte national délétère de « ni paix ni guerre ». Alors que certains acteurs politiques (y croyant le moins) l'avaient hâtivement qualifié de « coalition d'Etats-majors », le RHDP a focalisé une effervescence collective notamment lors des joutes électorales de 2010 et passablement en 2015.

Oui, le bilan très positif du président est le fruit de la paix et la stabilité retrouvées grâce à l'agréement des leaders du RHDP. Ne nous leurrons point cependant : la mobilisation dans le creuset RHDP notamment en 2010 était moins l'écho d'une adhésion populaire à cette coalition que la manifestation d'une volonté générale de se débarrasser définitivement de ce voisin encombrant que devenait la crise militaro politique. C'est bien en minimisant cette logique contextuelle des ralliements qu'un acteur politique s'est hâtivement réjouit en affirmant : « … Vous savez quel est le plus beau cadeau que Bédié m'ait fait ? C'est de s'être allié avec Ouattara. Il s'est tiré une balle dans le pied … ».

« si le PDCI affiche un refus ne serait-ce qu'à demi-teinte, le mariage RHDP devient un leurre. Opérer un passage en force, engendrerait plus de problèmes de cohésion et de paix qu'on en résout »

Dix années environ après la guerre et loin de nous la période de « ni paix ni guerre », quelle est l'opportunité de l'attelage d'un parti unifié? Voici la question qui taraude désormais les esprits bien plus au sein du PDCI que chez les Républicains. De mon point de vue, le ministre Maurice Kakou Guikahué tout comme son homologue Billon ne sont que des voix audibles de milliers de cris inaudibles des porteurs de ce débat au sein du PDCI. Chers collègues députés, pourquoi devait-on continuer à se masturber les esprits avec l'idée de parti unifié alors que nos mandants n'en ont cure. Auriez-vous le courage d'aller dire à vos électeurs que le RDR n'existe plus ? Moi, non.

Troisième raison de mon refus: Pour se marier, il faut être deux. Alors que… Un peu d'arithmétique. L'on avance que le RHDP est composé de 06 partis politiques et que si un seul est réticent, les 05 autres peuvent sceller le mariage. Au fond, cette conclusion a des allures d'une escroquerie intellectuelle. A la vérité, le RHDP est une coalition de 02 formations politiques (le PDCI et le RDR) ou tout au plus 03 (le PDCI, le RDR et l'UDPCI). En effet, sur les 254 sièges que compte la législature de 2016, le RDR et le PDCI concentrent au total 218.

De ce point de vue, si le PDCI affiche un refus ne serait-ce qu'à demi-teinte, le mariage RHDP devient un leurre. Opérer un passage en force, engendrerait plus de problèmes de cohésion et de paix qu'on en résout. Il ne reste au RDR qu'à prendre acte de la pertinence de la formule suivante lancée par le 7 décembre 1960 : « Pour se marier, il faut être deux; or la France n'a pas voulu aller à l'Eglise. Je suis resté sur le parvis avec des fleurs fanées à la main ».

Conclusion et suggestion
Le RDR dispose de moyens surtout humains de conserver le pouvoir en 2020. Le tout est de passer au tamis ses cadres en vue de coopter, sans émotion, le meilleur produit vendable selon les exigences du marché politique actuel.

Gnangadjomon Koné, élu de Dianra

Lire aussi :

Adama Bictogo contre-attaque : « Billon est un politicien de salon, Guikahué est un homme du passé

Written by YECLO.com

Sidy Diallo, président de la FIF et le président de la CAF

Crise à la FIF : La Fifa commandite un audit de la gestion de Sidy Diallo

André Silver Konan à Youssouf Bakayoko : « Utilisez le peu de dignité qui vous reste, pour démissionner »