Vidéo des élèves policières : C’était un clash entre garçons et filles d’un groupe Watsapp

Sept élèves policières et un élève policier ont été radiés pour vidéo dégradante le 16 août 2018, de l'Ecole nationale de police d'Abidjan
Sept élèves policières et un élève policier ont été radiés pour vidéo dégradante le 16 août 2018, de l'Ecole nationale de police d'Abidjan

Sept élèves policières radiées de l'Ecole nationale de police d', ainsi qu'un garçon, le 16 août 2018. La nouvelle avait fait le tour de l'actualité. Après avoir mené une minutieuse investigation, Ivoiresoir.net est capable d'affirmer que la sanction est injuste car relevant d'un règlement de comptes, dans une école où ce genre de pratiques est toléré.

C'était juste une petite rigolade entre membres d'une même promotion qui a viré au cauchemar pour huit jeunes gens dont la vie est ainsi gâchée. Ivoiresoir.net a mené son investigation et a reconstitué les faits qui se résument en quelques mots : la vidéo des élèves policières radiées de l'Ecole nationale de police d'Abidjan était le résultat d'un clash entre élèves policières et élèves policiers d'une même promotion.

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Plusieurs personnes ayant vu les deux vidéos des sept jeunes filles lançant des propos vulgaires ponctués de gestes osés, sans être dépravés ; ont vite fait de condamner celles-ci. Et la sanction disproportionnée de l'Ecole de police qui a radié les auteures, pour l'exemple, est venu les conforter dans leurs positions. Mais en retraçant le fil de l'actualité de cette affaire, l'on découvre que la sanction a été excessive. De quoi s'agit-il ?

Les faits

Le 6 août 2018, alors que les élèves policiers de la 41è promotion sont en stage dans divers commissariats, ils sont rappelés à l'école, en vue du défilé du 7 août 2018. Ils doivent donc passer la nuit à l'école et ils retrouvent leurs couchettes. Cette promotion a un groupe Watsapp baptisé Groupe 41. Ce groupe bien que non validé par la hiérarchie de l'école est encouragé par celle-ci. Pour l'école, c'est une façon de créer un esprit de corps. C'est ainsi que certains officiers sont informés de l'existence du groupe, qui permet aux élèves policiers de rester en contact et de se partager des informations.

Dans ce groupe aussi, comme dans presque tous les groupes fermés sur Watsapp, il y a souvent des clash. Ces clash opposent généralement les « petits garçons » (c'est ainsi que les élèves policiers appellent leurs condisciples femmes) aux « grands garçons ». Dans la soirée donc, de « grands garçons » ont « balancé » une vidéo dans le groupe, pour s'attaquer aux « petits garçons », en critiquant leur goût pour l'argent. Ils ont employé un langage quelque peu grossier (il faut dire que le langage grossier fait partie de la formation militaire, il a pour objectif de décomplexer des soldats qui auront à affronter de fortes personnalités dans la vie courante). C'est donc un langage, non seulement encouragé, mais autorisé, y compris lors des formations.

C'est donc en réponse à la vidéo des « grands garçons » qu'un groupe de filles décide de balancer une autre. En fait, la vidéo a été enregistrée et elles ont hésité avant de l'envoyer, jusqu'à ce que l'une l'envoie dans le groupe. Certaines ont même pris la vidéo en cours et se sont juste contentées de danser à la Beyoncé, sans se soucier de ce qui avait été dit auparavant. Dès lors que c'était destiné au groupe, elles ne se faisaient aucun souci. Et en écoutant attentivement l'une des vidéos, on entend effectivement l'une des filles dire « Vous vous comportez comme de petits garçons ». Elle s'adressait aux « grand garçons ».

Prison et fuite sur les réseaux sociaux

Quelques heures après leur vidéo, un « grand garçon » a coupé une partie de vidéo de plus de 3 minutes, représentant juste 30 secondes et l'a mise en statut Watsapp. C'est la partie où les filles dansaient avec les fesses. Jusque-là, rien de grave. Ce sont des vidéos courantes sur les réseaux sociaux. L'affaire commence à prendre une autre tournure quand des chefs décident de mettre les sept filles et le garçon aux arrêts. Nous sommes le 8 août, pour vidéo dégradante. Leurs téléphones leurs sont confisquées. Jusque-là, la vidéo est interne. Rien d'anormal. L'arrêt de rigueur est de coutume à l'école de police.

« Ils ont été sanctionnés pour l'exemple, alors que rien dans le règlement intérieur n'explique la décision de la radiation »

Mais les choses se précipitent pour les infortunés quand la vidéo atterrit sur les réseaux sociaux, extérieurs au Groupe 41. Il est évident que celle-ci n'a pas été éventée par les huit élèves puisqu'ils sont en prison. Et alors que les filles ont posté seulement une vidéo dans le groupe, après avoir fait plusieurs enregistrements, ce sont deux vidéos qui fuitent sur les réseaux sociaux, preuve que la fuite ne vient toujours pas d'eux.

En stage et non en formation

Les membres du conseil de discipline qui ont prononcé la radiation expliquent que le téléphone est interdit lors de la formation. Ceci est juste, sauf que la promotion 41 n'est plus en formation, mais en stage. Ils ont juste été rappelés de façon ponctuelle pour le défilé de la fête de l'indépendance.

Signalons que plusieurs élèves policiers ont été pris en flagrant délit de consommation de drogue et de vol, mais ils n'ont pas été radiés, encore moins inquiétés. « En réalité, ceux-ci étaient des fils de gens connus, mais les sept filles et le jeune garçon eux, sont des gosses de pauvres. Ils ont été sanctionnés pour l'exemple, alors que rien dans le règlement intérieur n'explique la décision de la radiation », explique un officier supérieur qui désapprouve une « sanction extrême et excessive ».

Elvire Ahonon

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Written by Elvire Ahonon

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