2020, bouclé géré dans la bouche pour le RHDP

La présidentielle de 2020 risque d'être tout, sauf une promenade de santé pour tout le monde inclus le RHDP après le retrait (annoncé) de Ouattara.

Avant octobre 2020, tous les scénarii sont possibles dans le cour d'eau de surprise que devient désormais la lagune Ebrié. Après le retrait (annoncé) de Ouattara, on se demande si le discours du 5 mars a atteint sa cible. Le vœu le plus ardent des ex-adversaires de Ouattara, c'est d'être en possession de toutes leurs libertés pénales. Si tel est le cas, seront-ils candidat ? Avec la surprenante décision (annoncée) de Ouattara, nous sommes dans l'obligation d'être vigilants Cependant, admettons que Soro, Bédié et Gbagbo soient effectivement dans la course, avec quels propos séducteurs iront-ils draguer les après les 10 ans de Ouattara ? voilà l'énigme du jour.

Bédié

Il a déjà été aux affaires de 1993 à 99. De lui, on retient AZITO et la côtière. On se rappelle aussi qu'il avait cru bon d'effectuer le déplacement de Grand-Morié et de Gagnoa pour d'une part offrir une sépulture digne à Boka, et d'autre part réconcilier le pouvoir avec les Guébié. Pouvait-il mieux faire ? On ne le saura jamais, cependant, il a consacré plus de temps à baliser son pouvoir contre un homme. Homme en qui, se reconnaitront une bonne partie des ivoiriens. Depuis lors, l'étiquette d'ivoirité lui est collée. Qu'est ce qui pourrait jouer contre lui ? C'est d'abord cette étiquette « d'ivoiritaire ». Il lui sera difficile voire impossible de s'en défaire. Cela est d'autant plus vrai que pendant les 9 ans de la rébellion, ce terme a tellement été utilisé par les chefs rebelles pour se justifier que finalement, il a fait l'effet d'un ancrage dans les mentalités. A 86 ans, pourra t-il battra campagne ? quels justificatifs de Bédié face aux bases de ses lieutenants qui l'ont quitté pour le ? Bédié peut-il tenir debout pendant 2 heures au cours d'un débat ?

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Gbagbo

A sa prise de pouvoir en 2000, Gbagbo apparaissait comme le prophète politique des temps modernes pour ses militants, l'homme de la démarcation d'avec une politique antérieure. Pendant 10 ans, il a organisé à travers Agora, forum, Sorbonne, ses journaux, la télévision d'Etat, un changement de logiciel chez des millions d'ivoiriens. Le matraquage psychologique a été tellement réussi que nous pensons que Gbagbo candidat, se sont moins de 10% de ses électeurs du premier tour de 2010 qu'il perdrait. Il a hélas été fragilisé par une rébellion. Ses réalisations majeures pendant ses 10 ans sont quasi-nulles. À 76 ans, et en campagne face aux ivoiriens, pourra-t-il sortir le joker de la rébellion qui l'aurait empêché de dérouler son programme ? Pas si sûr. Il lui sera rappelé qu'une rébellion est faite pour être matée, surtout quand on a levé la main droite et juré de préservé l'intégrité territoriale. Son nom a aussi été beaucoup utilisé négativement comme fonds de commerce par les dissidents du nord pour s'attirer la sympathie des populations. En conclusion, ses arguments seront quasiment faibles pour convaincre en 2020.

Soro

Il est le plus jeune des trois et a eu très tôt des lourdes responsabilités syndicales et politiques. Leader des hommes du nord, il a géré environ 60% du territoire pendant 8 ans. Considéré pendant longtemps comme le bon petit de Ouattara, il a selon les propos de Ouattara lui-même « donné aux nordistes et beaucoup d'autres ivoiriens leur dignité ». Il a non seulement un groupe parlementaire acquis à sa cause, aussi, il a secrètement des « amitiés solides » dans les états-majors des trois vieux.

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Dommage, il n'a pu extirper de la mémoire de ses détracteurs et parents de victimes l'image du chef rebelle. 8 ans « président du nord », avec toute cette manne financière, combien de ponts à t-il réparés, combien d'écoles construites ? Après avoir présenté Gbagbo et Bédié comme justificatif de la rébellion, il s'affiche désormais avec l'un et le lieutenant de l'autre. Alors que Ouattara est l'adversaire des deux autres, il est l'ennemi de Soro. Le comble, le petit gros devient progressivement le candidat en conflit avec la cohérence et la logique dans le raisonnement. S'enfonçant chaque jour suite à sa diarrhée verbale.

Enfin, le bilan de Ouattara parle au détriment des trois. En 10 ans, il a fait plus que les trois « futurs » candidats réunis. Aucun de leurs arguments ne pèsera dans la balance face à une population rurale qui perçoit mieux les acquis de ces 10 ans. En écoutant Ouattara qui affirmait laisser le pouvoir à une nouvelle génération, nous pensons que le choix des mots n'était pas hasardeux. IL s'adressait plus au Bédié, Gbagbo et partant Soro… lorsqu'on a marqué la conscience collective pendant des décennies. Quand on a une part de responsabilité telle que la leur dans la situation actuelle des ivoiriens, il faut savoir passer le témoin.

Le PDCI regorge de talents aussi jeunes les uns que les autres : Billon, Yasmina, Tanoh… le FPI pourrait fouiller dans ses rangs des jeunes capables de relever le parti. Soro, à cause de certaines contingences devrait choisir entre la légalité et la justice. Il ne s'agit donc pas de l'incapacité de ses partis à revenir aux affaires, mais tant que ces trois seront chacun porte-flambeau face au bilan de Ouattara, il leur sera difficile d'ouvrir la bouche dans certaines régions. C'est pour cette raison que le discours de Ouattara s'adresse plus à eux. Ouattara gagnerait aussi à être plus cohérent lorsqu'il parle de nouvelle génération. Bien sûr que la volonté de partir « semble » affichée mais parlant de jeunesse, il faut une vraie jeunesse pour que ses propos coulissent avec la réalité perceptible tout simplement.

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Cependant deux éléments militent en faveur de Bédié et Gbagbo. Les ivoiriens votent plus l'homme que le parti, et plus grave, entre le bilan et l'ethnie, le vote est plus axé sur l'ethnie que le bilan en Côte d'Ivoire. 2020 risque d'être tout, sauf une promenade de santé pour tout le monde inclus le RHDP. Bouclé géré dans la bouche ? Rêvez bien !

Lors du vote pour le referendum en 2016, le président avait justifié la création et le mode du vote du vice-président par le fait que presque tous les pays aux institutions fortes avaient le même système bicéphale et le même type d'élection. Moins de 5 ans après, le sénat et l'assemblée nationale sont mis à contribution pour « déchirer » cette constitution jugée solide et forte au depart. Qu'est-ce qui pourrait justifier ces petits arrangements honteux ?

– Ouattara ira-t-il vraiment et définitivement du jeu politique ?
– S'agit-il d'une stratégie pour éviter l'anticipation d'une coalition au premier tour sachant qu'un second tour imposera OBLIGATOIREMENT coalition ?

– Y'a-t-il un cheval de Troie à venir, de telle sorte que le mal ainé gouverne et le cheval dirige ?

Written by Omar Sanson

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