2025 : quand « la Côte d’Ivoire continue de tanguer sur des eaux toujours tumultueuses »

La Côte d'Ivoire est au rang des locomotives économiques, mais elle est en bonne place dans les wagons politiques.

Si le pays peut légitimement se targuer d'être une puissance économique, au moins sous-régionale, politiquement, il n'a pas fière allure, nain qu'il est, avec une démocratie en panne.

Depuis Félix Houphouët-Boigny, qui a dirigé le de 1946 à sa mort en 1993, la longévité, s'appuyant sur un vide juridique, a été consacrée à la tête de nos partis politiques, parmi les plus importants pour être au pouvoir ou l'avoir exercé.

, successeur d'Houphouët, dirige l'ex-parti unique depuis avril 1994. Il en est de même pour et Pascal Affi N'Guessan qui, sans discontinuer, sont respectivement à la tête du RDR (devenu ) et du FPI depuis août 1999 et juillet 2001.

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Ainsi, à l'instar de son mentor Houphouët (mort au pouvoir en décembre 1993), Ouattara, parvenu à la tête du pays en avril 2011, a démantelé la Constitution.

Il a massacré la limitation à deux des mandats présidentiels et pulvérisé le verrou de la limitation, à 75 ans, de l'âge du candidat à la magistrature suprême.

Il s'est alors déclaré « indéboulonnable ». Et, de son piédestal, la Loi fondamentale de 2000, qu'il a remplacée en 2016, il l'a encore modifiée en 2020 pour faire sa seule volonté.

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La parole donnée n'est pas le fort de nos hommes politiques que les militants et autres partisans suivent moutonnièrement. Tout le monde veut oublier qu'en 2020, Ouattara s'est déclaré candidat pour « un cas de force majeure (le décès du dauphin en juillet) ».

Mieux, le 27 octobre, avant le scrutin du 31, il était encore formel sur les antennes de RFI et France 24: « Il me serait difficile, voire impossible que je sois candidat en 2025 et j'espère que la Constitution va nous régler le problème ».

Il faisait ainsi allusion au rétablissement de l'âge-limite, à 75 ans, qui les éliminerait tous, Bédié, Gbagbo et lui. Mais la proposition de loi du député Antoine Assale Tiémoko n'est pas encore à l'ordre du jour à l'Assemblée nationale. Toutes les spéculations sont ouvertes et toutes les options restent sur la table.

En réalité, la classe politique ivoirienne fait du surplace et souffre de deux maux, qui apparaissent incurables: le syndrome de l'homme providentiel et la qualité de la succession.

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A sa Une du lundi 23 janvier 2023, le quotidien , proche du PDCI-RDA, affichait : « Bédié est indéboulonnable, car garant de l'unité du parti ».

En effet, aucun de nos leaders politiques, volontairement ou pas, ne pense à préparer la relève. C'est fait à dessein, pour assister à l'impitoyable combat de tous les ambitieux, qui veulent être calife à la place du calife. Et puis, culturellement, c'est une pesanteur que nous traînons comme un boulet, un chef, comme le soutenait Houphouët-Boigny, ne connaît pas son successeur de son vivant.

Si Albert Mabri Toikeusse, président de l'UDPCI, a claqué la porte du RHDP en mars 2020, c'est parce qu'il a contesté le choix autocratique de Ouattara en faveur d'Amadou Gon Coulibaly. Et si le FPI est devenu, à partir de 2014, un parti à embrouilles au point de se fragmenter, c'est le résultat de la guerre des clans pour diriger par procuration le parti ou remplacer Laurent Gbagbo, alors détenu à la .

De plus, nos leaders veulent rester l'incontournable référence et recours, qui tire toutes les ficelles. Et toutes les campagnes menées les présentent comme des Jupiter après lesquels, c'est le chaos pour le parti et le pays.

Alors, les artifices battent partout leur plein. Battu par décision de justice pour reprendre les rênes du pouvoir au FPI, parti dont il est le fondateur, Laurent Gbagbo a porté, en octobre 2021, sur les fonts baptismaux un nouveau parti, le PPA-CI, dont il a pris la tête et qui annonce sa candidature pour un autre mandat.

Les RHDPéistes ne sont pas en reste. Ils poussent, à travers des manifestations publiques qui se multiplient, Ouattara dans le dos, fin qu'il soit encore candidat, en 2025, pour un quatrième mandat. Et, avec les discours de plus en plus guerriers et des affiches des visites de Gbagbo (à la Mé et Bayota) déchirées, la Côte d'Ivoire continue de tanguer sur des eaux toujours tumultueuses.

F. M. Bally

Written by Ferro Bally

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