Dans son discours sur l'état de la nation, le président Ouattara informe qu'il met à la disposition de la jeunesse 1 milliard de FCFA chaque jour durant 2023. Le PPA-CI réagit.
Dans le cadre de l'emploi jeune, le gouvernement a conçu un programme appelé « PJ-GOUV » 2023-2025 pour un coût global de 1118 milliards de Francs CFA. Ce programme permettra, selon le gouvernement d'offrir 1.500.000 opportunités d'emplois, de formation et de financement de projets des jeunes.
Pour l'année 2023, le coût du PJ-GOUV est de 361 milliards de Francs CFA pour la construction et la réhabilitation d'infrastructures de jeunesse.
Par ailleurs le gouvernement a alloué aux Projets Emplois Jeunes et Développement des Compétences (PEJEDEC 3) la somme de 31 milliards au profit de 68 000 jeunes en 2023.
Dans son discours sur l'état de la nation ivoirienne, le président de la République informe le peuple ivoirien qu'il met à la disposition de la jeunesse 1milliard de nos francs chaque jour soit 365 milliards durant cette année 2023 ; ce qui signifie que jusqu'à la fin du mois d'avril 2023, 120 milliards auront été décaissés en faveur de la jeunesse.
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Nous pouvons nous demander :
– Quelles sont les sources de financement de l'emploi de jeune ?
– Quelles sont les dispositions et modalités pratiques qui ont été arrêtées pour l'attribution de ces fonds ?
– Le président de la république ne fonde-t-il pas sa promesse sur la base du financement du nouveau programme économique du FMI (2.100 milliards de Francs CFA sur 3 ans) pour décaisser 1milliard chaque jour pendant l'année 2023 ? Si tel est le cas les conditionnalités (évaluation à mis parcours) du FMI liées au programme ne permettent pas de décaisser 1milliard de Francs par jour.
Le président de la république nous a habitué depuis 2010 à des promesses non tenues. Il s'agit entre autres de :
– La construction de 5 universités par an ;
– Du financement des chef-lieu de départements. Exemple : Yamoussoukro (1.000 milliards de FCFA), Man (1.055 milliards de FCFA), Bouaké (310 milliards de FCFA), etc…
– La transformation de la Côte d'Ivoire en pays émergeant en 2020 ;
– La lutte contre le chômage.
Sur la question spécifique relative à la jeunesse, nous avons suffisamment relever la vacuité des propositions faites par le Chef de l'Etat dans le numéro 11 de la Tribune du PPA-CI. En effet, nous y avions relevé que pareilles propositions avaient été faite dans le PND 2016-2020. Il est difficile de croire encore au Chef de l'Etat dans ce registre puisqu'à ce jour, aucun bilan n'a été dressé pour faire l'état des lieux de ce PND dédié à la jeunesse. Nous ajoutons d'autres éléments qui renforcent davantage les raisons pour lesquelles les propositions relèvent plus de la propagande politique en prévision des élections futures que d'un discours sur l'état réel de la nation. Ces éléments ont déjà été exposés dans la tribune numéro 3 de la Tribune du PPA-CI du Jeudi 7 juillet 2022. Il s'agit de l'utilisation faite par l'Etat de Côte d'Ivoire des énormes sommes mises à sa disposition par l'UE suite à la rencontre de Malte la Valette entre l'UE et 36 pays africains les 11 et 12 novembre 2015. En vue d'endiguer le flot migratoire qui ne cessait de grossir, la rencontre de la Valette a abouti à la mise en place d'un Fond Fiduciaire d'Urgence au profit de la jeunesse des pays africains. 12 pays de l'Afrique subsaharienne, les plus grands pourvoyeurs de migrants vers l'Europe, ont reçu 1451 milliards de FCFA selon le site de l'UE. Soit en moyenne 123 milliards de FCFA par pays.
Cependant, la somme n'a pas été repartie de façon équitable entre les pays. Les pays les plus grands pourvoyeurs de migrants en ont eu plus. Certaines sources évaluent la part de la Côte d'Ivoire, à au moins 200 milliards de FCFA. C'est sur la base de cette manne que le gouvernement ivoirien avait bâti toute sa stratégie de la politique de la jeunesse dans le PND 2016-2020. Avant de faire de nouvelles promesses alléchantes aux jeunes, il convient de faire la lumière sur l'utilisation qui a été faite de cette aide substantielle de l'UE. Ce bilan est d'autant plus important qu'en 2017, la réunion des hauts fonctionnaires dans le cadre du Plan d'Action Conjoint de la Valette (PACV) a conclu à l'échec des mesures prises pour endiguer l'immigration vers l'Europe. Cet échec est retentissant en Côte d'Ivoire qui continue de figurer parmi les nationalités postulant à des titres de séjour en France selon les statistiques très fiables de l'Eurostat. Ces statistiques confirment celles faites par le gouvernement italien selon lesquelles, nos compatriotes constituent le tiers des migrants qui échouent sur les côtes italiennes.
Chaque mois, selon toujours les mêmes données, ce ne sont pas moins de 1500 ivoiriens qui arrivent par la voie clandestine en Europe. C'est quand même étonnant avec une politique généreuse qui octroie quotidiennement 1 milliard de FFCA aux jeunes. Aucune logique suicidaire collective de la jeunesse ivoirienne ne peut soutenir un tel paradoxe. Dans la même veine, plus de 3000 docteurs sortis de nos universités vivent une double peine : la peine de ne pas trouver de l'emploi et la peine de ne pas pouvoir exprimer leur frustration sous peine de poursuites judiciaires assorties de peine d'emprisonnement. Si et seulement si, l'on pouvait leur allouer seulement 750 000 FCFA de salaires par mois, cela ferait 2, 250 milliards de FCFA/mois. Soit moins de 7,5% des 30 milliards mensuels que le Chef de l'Etat a juré, la main sur le cœur, devant la nation d'allouer à la jeunesse.
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Le Chef de l'Etat ignore certainement que depuis 2018, le Concours de CAPA, le certificat d'aptitude à la profession d'avocat est fermé, fermant ainsi la porte du marché de l'emploie à de nombreux jeunes. Le Chef de l'Etat a-t-il conscience que ces mesures de lutte contre la COVID19 non suffisamment élaborées et prises en mimant les autres sans aucune étude épidémiologique ont coûté des milliers d'emplois aux jeunes ivoiriens. Le site de la Francophonie, dans une publication intitulée « Côte d'Ivoire-Impact économique du Covid19, veille sur l'impact économique du Covid-19 dans les 54 Etats et gouvernement, membres de l'OIF », mentionne qu'au 17 avril 2020, 18755 travailleurs du secteur formel étaient au chômage. Dans l'ensemble, toujours selon ce site, 37,7% des entreprises avaient cessé leurs activités dont 2,4% définitivement et 35,3% temporairement avec un grand risque de fermeture définitive. Nous reviendrons sur la gestion du Fond Covid-19 dans le point relatif à l'endettement.
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Le Chef de l'Etat a-t-il conscient que malgré la bonne conjoncture dont il a bénéficié, il n'a pas été capable de faire sortir les jeunes des emplois précaires du secteur informel qui reçoit plus de 90% des jeunes. Nous voulons rappeler également au Président de la République qu'en plein 21èem siècle, après 63 ans d'indépendance, des administrations essentielles de notre pays ont recours encore à compétences étrangères, notamment françaises, pour des prestations, notamment informatiques, qui peuvent être valablement assurées par des jeunes ivoiriens qui sont pétris de compétences et de talent. Ils rongent leurs freins dans l'impatience d'un hypothétique travail. Excellence monsieur le Président de la République, la jeunesse ivoirienne n'attend plus de discours de campagne. Elle demande que l'on lui fasse seulement confiance. Elle saura se prendre en charge si une bonne politique est menée à son endroit. C'est malheureusement ce que vous peinez à faire depuis plus de dix ans. D'où la répétition des promesses sans lendemain.