« Le faux braquage de la BCEAO contre le vrai braquage de Gbagbo par la justice ivoirienne »

Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville
Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville © Crédit Photo Service Communication PPA-CI

Koné Katinan est revenu le 18 avril 2024 sur le braquage de la BCEAO et pourquoi c'est finalement le Laurent Gbagbo qui a été braqué.

𝗟𝗘 𝗙𝗔𝗨𝗫 𝗕𝗥𝗔𝗤𝗨𝗔𝗚𝗘 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗕𝗖𝗘𝗔𝗢 𝗖𝗢𝗡𝗧𝗥𝗘 𝗟𝗘 𝗩𝗥𝗔𝗜 𝗕𝗥𝗔𝗤𝗨𝗔𝗚𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗥𝗘𝗦𝗜𝗗𝗘𝗡𝗧 𝗟𝗔𝗨𝗥𝗘𝗡𝗧 𝗚𝗕𝗔𝗚𝗕𝗢 𝗣𝗔𝗥 𝗟𝗔 𝗝𝗨𝗦𝗧𝗜𝗖𝗘 𝗜𝗩𝗢𝗜𝗥𝗜𝗘𝗡𝗡𝗘

Le 9 avril dernier, nous avons publié un dossier très détaillé sur l'ubuesque prétendu braquage de la BCEAO par le Président Laurent GBAGBO. Ce dossier, traduit en plusieurs langues, est entrain de faire le tour du monde. Il n'est donc pas opportun de revenir sur l'intégralité de ce dossier. Cependant, certains détails méritent une reprise pour montrer davantage le caractère malhonnête de la condamnation du Président Laurent GBAGBO et pourquoi celle-ci ne peut servir de moyen pour empêcher sa candidature à l'élection présidentielle de 2025.

Nous reviendrons sur l'inexistence du fameux braquage de la BCEAO (A) et pourquoi c'est finalement le Président Laurent GBABO qui a été finalement braqué (B).

𝗔. 𝗗𝗲 𝗹'𝗶𝗻𝗲𝘅𝗶𝘀𝘁𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗱𝘂 𝗯𝗿𝗮𝗾𝘂𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗕𝗖𝗘𝗔𝗢 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗯𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗿𝗰𝗶𝗮𝗹𝗲𝘀

Il convient de retracer les cas de vol au niveau de la BCEAO et des banques commerciales.

𝟭. 𝗔𝘂 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗕𝗖𝗘𝗔𝗢

Les dépositions faites par les responsables de la BCEAO et des banques commerciales devant le procureur de la République et devant le juge d'instruction dans le cadre des enquêtes et de l'instruction de l'affaire dite de « vols à main armée de la BCEAO » sont formelles. Il n'y a jamais eu de vol à la BCEAO du moins, pas pendant la période de la réquisition. Trois témoignages font foi en l'espèce. Il s'agit du témoignage du Directeur national de la BCEAO, de certains directeurs de banques commerciales au moment des faits et de la réponse du ministre de l'économie et des finances à une requête de la Cour des Comptes en 2015.

Monsieur Aman Ayayé Jean-Baptiste, le représentant de la BCEAO dépêché spécialement de Dakar pour reprendre du service en Côte d'Ivoire après le 11 Avril 2011 et qui a pris fonction le 20 avril 2011, a été entendu par le procureur de la République, monsieur Koffi K. Simplice le 20 juin 2011. Nous reprenons l'intégralité de sa déposition dans les parties relatives au présumé vol.

– Procureur : « Parlez-nous du vol à main armée à la BCEAO relayé par la presse ?»

– Aman Ayayé JB : « comme je n'étais pas présent au moment des faits, je ne peux dire s'il y a eu vol à main armée à la BCEAO. La BCEAO fait un inventaire pour connaître les montant exact des sommes retirées pour le compte de l'Etat de Côte d'Ivoire ».

Deux informations majeures se dégagent de la réponse du directeur national par intérim de la BCEAO.

4 mois après les faits et deux mois après sa prise de fonction, le directeur national par intérim de la BCEAO ne pouvait affirmer qu'il y a eu une soustraction frauduleuse d'argent à la BCEAO. Il est évident que celle-ci, si elle a eu lieu, aurait dû forcément faire l'objet d'un rapport détaillé qui lui aurait été remis par les autorités de la BCEAO qui ont dirigé pendant la période de la réquisition, à moins que ces dernières ne se fussent rendues complices de ce vol. Or, comme le dit monsieur Aman Ayayé Jean-Baptiste dans sa déposition devant le procureur de la république, les principaux dirigeants de la BCEAO pendant la période de la réquisition ont été rappelés au siège de la BCEAO à Dakar où ils ont continué d'exercer. Il s'en suit donc que la BCEAO ne les a pas poursuivis dans le prétendu vol qui y a eu lieu. Au contraire, ils ont été maintenus dans l'effectif de la BCEAO et ont continué de servir cette banque. S'il y avait eu vol, dès sa prise de fonction, le directeur intérimaire, monsieur Aman Ayayé Jean-Baptiste, aurait été informé immédiatement par son prédécesseur. Il n'avait pas besoin d'attendre la fin de l'inventaire pour connaitre non pas le montant du vol, mais selon ses propres dires : « le montant exact des sommes retirées pour le compte de l'Etat de Côte d'Ivoire ».

Deuxième information importante de la déposition du sieur Aman Ayayé Jean-Baptiste, la BCEAO a effectué un inventaire pour connaitre le montant total des sommes qui en ont été retirées pour le compte de l'Etat de Côte d'Ivoire. Non seulement monsieur Aman Ayayé dit clairement que l'argent utilisé pendant cette période appartenait à l'Etat et non à la BCEAO, mais mieux, il indique clairement qu'un inventaire des opérations menées pendant cette période a été fait. Cet inventaire est déterminant pour la manifestation de la vérité.

La déposition de monsieur Dogoni Souleymane, alors directeur général de la Banque de l'Habitat de la Côte d'Ivoire (BHCI), est encore plus claire sur l'inexistence de vol commis à la BCEAO. Cette déposition a été enregistrée le 26 mai 2011 à 11h10 mn.

Le Procureur de la République : « durant la crise post-électorale, plusieurs infractions ont été commises au dépens de la BHCI, quelle est votre part de connaissance de ces faits ? ».

Monsieur Dogoni : « Comme dans n'importe quel système bancaire, nous avons travaillé normalement jusqu'à ce que le lien soit coupé entre la BCEAO et le système bancaire ivoirien. Je voudrais indiquer qu'il y deux grandes catégories de banques. Les principales banques privées et les principales banques publiques appelées aussi banques nationales. Les banques majeures qui logent 70% des comptes des fonctionnaires et du secteur privé ayant fermé, les banques nationales comme la BHCI ont été réquisitionnées de fait pour remplacer les banques fermées et elles devraient payer les salaires des clients. Je voudrais indiquer que nous recevions les fonds dédiés au payement des salaires de l'agence nationale de la BCEAO ».

Le gouvernement ivoirien ne dit pas autre chose dans sa réponse à une requête de la BCEAO sur certains comptes du Trésor Public.

En effet, dix ans durant, le gouvernement ivoirien a été interpellé, en vain, par la Cour des comptes pour régulariser son compte d'avances de trésorerie. Ce compte, qui est réputé d'attente, doit être absolument régularisé en fin d'exercice comme l'exige l'arrêté n° 178/MEF/CAB-01/20 du 13 mars 2009 fixant les modalités de recours aux avances de trésorerie. Cette régularisation est nécessaire pour établir l'harmonie entre les engagements budgétaires et les comptes du Trésor public. Il y va de la sincérité de la comptabilité de l'Etat. Dans son rapport pour la gestion 2018, rendu public, la Cour des comptes a relevé que, non seulement le compte 470 (avances de trésorerie) n'avait pas été apuré, mais en plus, il s'était accru. Il était ainsi passé de 102 464 763 097 FCFA à 107 183 088 813 FCFA. Le gouvernement, dans sa réponse, justifia la persistance de ce compte par le fait que le montant inscrit correspondait aux « salaires payés par avances sur la période de crise post-électorale (décembre 2010, janvier 2011, Février 2011) non régularisés du fait de l'ordonnance n°2011-007 du 14 avril 2011, par laquelle l'Etat de Côte d'Ivoire n'a pas reconnu les opérations effectuées au cours de cette période ».

Toutes ces dépositions attestent de ce que les fonds utilisés pour payer les salaires étaient les fonds du Trésor public logés à la BCEAO. Ce n'était donc pas des fonds de la BCEAO. La BCEAO a mouvementé les comptes du Trésor sur la base de la signature des différents comptables publics dont les spécimens avaient été déposés à la BCEAO pendant tout le temps qu'ils occupaient lesdits postes. Si la BCEAO avait mouvementé lesdits comptes sur la base de signatures non enregistrées à son niveau, elle se serait rendue coupable de complicité de vol. Or, ni le ministre en charge de l'économie, ni celui en charge des finances, ni le Premier ministre, a fortiori le Président de la République n'avaient de signature sur un compte du Trésor à la BCEAO.

A ce propos, il convient de rappeler comment fonctionnent les postes comptables du Trésor. L'assignataire d'un poste comptable du Trésor en est pénalement et pécuniairement responsable jusqu'à ce qu'un nouvel assignataire soit nommé et que la passation de charges entre l'assignataire entrant et le sortant ait été dument faite. De ce qui précède, les comptables publics assignataires des différents comptes ne pouvaient se détacher de leurs obligations de leur chef sans s'exposer à de graves conséquences. Et nul ne peut leur reprocher d'avoir fait fonctionner leurs postes comptables sous le prétexte d'une crise politique.

Cependant, la réponse de l'Etat au reproche de la Cour des Comptes sur le compte d'attente invite à se poser une question fondamentale. Que sont devenus les 200 millions d'Euros que la France, à travers l'AFD, avait octroyés à l'Etat de Côte d'Ivoire après le 11 Avril 2011, pour dit-on apurer les arriérés de salaires ? La réponse à cette question peut aider à comprendre l'ubuesque condamnation du Président dans cette affaire abracadabrante dite de « casse de la BCEAO ».

En effet, Tout juste après l'éviction manu militari du Président Laurent GBAGBO du pouvoir, le gouvernement français a alloué un prêt de 200 millions d'Euros (environ 263 milliards de FCFA) au gouvernement de monsieur Ouattara pour, dit-on, payer les salaires comme l'a annoncé une dépêche de l'AFP du 21/4/2011. On peut lire dans cette dépêche les propos de madame Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie qui dit :

« 𝙅'𝙖𝙞 𝙨𝙞𝙜𝙣𝙚́ 𝙖𝙪𝙟𝙤𝙪𝙧𝙙'𝙝𝙪𝙞 𝙡𝙖 𝙜𝙖𝙧𝙖𝙣𝙩𝙞𝙚 𝙙𝙚 𝙡'𝙀𝙩𝙖𝙩 𝙛𝙧𝙖𝙣𝙘̧𝙖𝙞𝙨 𝙦𝙪𝙞 𝙥𝙚𝙧𝙢𝙚𝙩 𝙖̀ 𝙡'𝘼𝙜𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙛𝙧𝙖𝙣𝙘̧𝙖𝙞𝙨𝙚 𝙙𝙚 𝙙𝙚́𝙫𝙚𝙡𝙤𝙥𝙥𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙚 (𝙙𝙚́𝙗𝙡𝙤𝙦𝙪𝙚𝙧) 𝙪𝙣 𝙥𝙧𝙚̂𝙩 𝙙𝙤𝙣𝙩 𝙡𝙖 𝙥𝙧𝙚𝙢𝙞𝙚̀𝙧𝙚 𝙩𝙧𝙖𝙣𝙘𝙝𝙚 𝙨𝙚𝙧𝙖 𝙫𝙚𝙧𝙨𝙚́𝙚 𝙖𝙫𝙖𝙣𝙩 𝙡𝙖 𝙛𝙞𝙣 𝙙𝙪 𝙢𝙤𝙞𝙨 𝙙'𝙖𝙫𝙧𝙞𝙡. 𝘾𝙚𝙨 200 𝙢𝙞𝙡𝙡𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙙'𝙚𝙪𝙧𝙤𝙨 𝙥𝙚𝙧𝙢𝙚𝙩𝙩𝙧𝙤𝙣𝙩 𝙙𝙚 𝙛𝙖𝙞𝙧𝙚 𝙛𝙖𝙘𝙚 𝙖𝙪𝙭 𝙗𝙚𝙨𝙤𝙞𝙣𝙨 𝙪𝙧𝙜𝙚𝙣𝙩𝙨 𝙚𝙩 𝙣𝙤𝙩𝙖𝙢𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙖𝙪𝙭 𝙖𝙧𝙧𝙞𝙚́𝙧𝙚́𝙨 𝙙𝙚𝙨 𝙨𝙖𝙡𝙖𝙞𝙧𝙚𝙨. 𝘾𝙚 𝙥𝙧𝙚𝙢𝙞𝙚𝙧 𝙫𝙚𝙧𝙨𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨𝙚𝙧𝙖 𝙨𝙪𝙞𝙫𝙞 𝙪𝙣 𝙥𝙚𝙪 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙩𝙖𝙧𝙙 𝙙'𝙪𝙣𝙚 𝙙𝙚𝙪𝙭𝙞𝙚̀𝙢𝙚 𝙩𝙧𝙖𝙣𝙘𝙝𝙚 𝙙𝙚 150 𝙢𝙞𝙡𝙡𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙙'𝙚𝙪𝙧𝙤𝙨.»

Or, il est constant que lesdits salaires avaient été déjà payés par le gouvernement précédent et aucun fonctionnaire et agent de l'Etat ne se souvient avoir été payé derechef pour les trois mois pour lesquels ils avaient déjà perçu leur salaire. Malheureusement pour les négateurs des évidences, la comptabilité, qu'elle soit publique ou privée, est une science exacte. L'exactitude de la comptabilité publique a restitué la vérité. Dans l'impossibilité de justifier l'usage qu'il a fait des 200 millions à lui alloués par l'Etat français pour payer des salaires qui avaient été déjà payés, le gouvernement ivoirien n'a pas trouvé d'autre parade que la prise de l'ordonnance ci-dessus rappelée. Mais sa propre décision politique a placé le gouvernement dans une impasse comptable sans issue. Dès lors, la vérité implacable que le gouvernement a été obligé d'admettre, à force de relances de la Cour des Comptes, a été de reconnaître au moins que les salaires des fonctionnaires et autres agents de l'Etat avaient été dûment payés y compris aux anciens membres de l'hôtel du Golf et les magistrats ivoiriens qui ont condamné le Président Laurent GBAGBO à 20 ans.

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Mais cette condamnation en même temps offre une porte de sortie comptable à l'usage encore non élucidé des 200 millions.

En effet, en condamnant le Président à 20 ans de prison, le gouvernement ne voulait qu'une chose, l'éliminer politiquement. En le condamnant à payer 329 milliards de FCFA (500 millions d'Euros) de dommages et intérêts à payer non pas à la BCEAO, mais à l'Etat de Côte d'Ivoire, le gouvernement se crée un débiteur fictif. Sur le plan comptable, le Président Laurent GBAGBO devient le débiteur des 329 milliards. Toute chose qui permet, par le jeu comptable, d'apurer le compte 470 ci-dessus visé en transférant le montant inscrit au débit de ce compte sur le crédit d'un compte de gestion définitif « titré dommages et intérêts attendus » dont le débiteur serait « Laurent Gbagbo ». La conséquence est que les 200 millions d'euros d'arriérés de salaires, qui n'existaient pas, deviendraient du coup les salaires normalement comptabilisés. Ainsi le compte 470 qui ne pouvait être apuré deviendrait alors un compte à solde nul.

Au niveau des banques centrales, les choses sont encore davantage claires et nettes. Il y a des vols, mais ceux-ci n'ont pas été commis par les préposés du Président Laurent GBAGBO.

𝟮. 𝗟𝗮 𝗺𝗮𝘁𝗲́𝗿𝗶𝗮𝗹𝗶𝘁𝗲́ 𝗱𝗲𝘀 𝘃𝗼𝗹𝘀 𝗮𝘂 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 𝗱𝗲𝘀 𝗯𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗰𝗲𝗻𝘁𝗿𝗮𝗹𝗲𝘀

Toutes les dépositions des dirigeants des banques indiquent que leurs agences, dans certains quartiers, avaient fait l'objet de pillage après le 31 mars 2011.

Sur ce point, la déposition de monsieur Hyacinthe Kouakou OKOU, directeur général adjoint de la Caisse Nationale des caisses d'épargne (CNCE), faite devant le procureur de la République, le 9/6/2011 à 12h51 mn, est sans équivoque.

– Procureur de la République : « dites-nous votre part de connaissance des faits de pillage de l'agence centrale de la CNCE du plateau »

– Monsieur OKOU : « Notre banque a fonctionné normalement jusqu'au 31 mars 2011 exceptées nos agences d'Abobo et d'Anyama. La nuit du mardi 19 avril 2011 au 20 mercredi 20 avril 2011, les dirigeants de la CNCE ont été informés que l'agence centrale de notre banque était entrain d'être pillée par des personnes en armes. La situation de crise empêchait quiconque d'aller sur les lieux. Le lendemain, un huissier a été commis pour aller constater les faits. Une fois sur les lieux, les dirigeants de la banque ont remarqué la présence de deux militaires de FRCI sur les lieux. Ces derniers ont refusé l'accès à la banque aux responsables et aux travailleurs de la banque pour défaut d'autorisation de la part de leur hiérarchie (des deux militaires). Toutes nos tentatives pour avoir cette autorisation ont échoué. Tout le personnel de la banque est resté dehors de 8h du matin à 17 h. Selon les dires de monsieur Ouattara Mory, l'un des gardiens de la banque, présent lors de l'attaque dont les propos ont été recueillis par l'huissier que nous avons commis, le véhicule qui transportait les braqueurs était une Mitsubishi 4X4 immatriculée 6391 EP 01. A l'intérieur du véhicule se trouvaient des hommes lourdement armés portant des tenues militaires. Selon les propos recueillis par l'huissier, les nuits du 20 et 21 avril à 19 h, des personnes portant des tenues militaires sont venues en renfort des deux autres militaires qui étaient postés devant la banque pour casser le caveau de la banque après avoir attaché les gardiens de la banque. Après le vol, ils ont kidnappé les gardiens et ont menacé de les tuer avant de les relâcher aux premières heures du 21 avril 2011. Je voudrais indiquer que selon l'huissier, le constat n'a pas pu être fait le 21 Avril parce que les FRCI présents sur les lieux refusaient tout accès à la banque. Durant ce pillage à main armée notre banque a perdu 2.326.167 353 ».

Le procureur : « Où avez eu les fonds pour payer les salaires des fonctionnaires du mois de février 2011 ? ».

M. OKOU : « Les fonds utilisés pour le payement des salaires à la fin du mois de février provenaient du Trésor et le montant total était de 7.394.097.613. Cette opération s'est faite comme à l'accoutumée. Notre compte à la BCEAO a été crédité par le Trésor de l'Etat pour le payement des salaires ».

Procureur : « Tous les fonctionnaires ont-ils été payés ? »

Okou : « oui. Tous les fonctionnaires dont les comptes sont logés à la CNCE ont été entièrement payés »

Procureur : « Durant la crise, votre banque a-t-elle été obligée de faire des dons à des personnes ».

Okou : « non pas du tout ».

Il convient de relever que le vol en question a eu lieu les 19 et 20 avril 2011, soit 8 jours au moins après le 11 avril 2011. Le Président Laurent GBAGBO et son gouvernement ne géraient plus le pays puisque le premier avait été arrêté le 11 Avril 2011.

Il convient également de relever que la déposition faite par le responsable de la banque devant le procureur est précise. Le pillage de cette banque a été opéré par les FRCI, c'est-à-dire, l'armée qui combattait contre l'armée régulière de l'Etat de Côte d'Ivoire. Le numéro de la plaque d'immatriculation du véhicule transportant les voleurs a été donnée.

De ce qui précède, trois constats s'imposent.

1er constat : Il n'y a jamais eu de vol ni directement par le Président Laurent GBAGBO, ni indirectement par l'un de ses préposés. Si l'élément matériel d'une infraction n'existe pas, nul ne peut être reconnu complice de sa commission. C'est très simple à comprendre pour tout le monde sauf pour celui qui a décidé souverainement de quitter la nature humaine pour une autre nature.

2ème constat. Il y a eu, selon la déposition des témoins des vols dans certaines banques. Cependant, les témoignages affirment que ce sont les FRCI qui ont opéré ces vols, notamment à la CNCE dans la nuit du 19 au 20 Avril 2021. Soit au moins 8 jours après la chute manu militari du pouvoir du Président Laurent GBABO. Les FRCI, c'était l'appellation de l'armée qui combattait pour le Président Ouattara. Si l'on se réfère à la logique de monsieur Cissé Bacongo, ce vol serait à mettre à l'actif du Président Ouattara pour la simple raison que les éléments de cette armée répondaient de lui.

Le 3ème constat est que toutes les dépositions disent que l'argent de l'Etat a servi au paiement des salaires des fonctionnaires. Ces fonctionnaires n'ayant pas été payé à nouveau par le nouveau pouvoir d'après 11 Avril 2011, l'Etat n'a donc pas subi de préjudice. En condamnant le Président Laurent GBAGBO à lui verser des dommages et intérêts de 329 milliards de FCFA pour un préjudice qu'il n'a pas subi, c'est l'Etat, par certains juges interposés, qui a braqué le Président Laurent GBAGBO.

𝟯. 𝗟𝗮 𝗰𝗼𝗻𝗱𝗮𝗺𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗟𝗮𝘂𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗚𝗯𝗮𝗴𝗯𝗼 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗯𝗿𝗮𝗾𝘂𝗮𝗴𝗲

Le paiement des dommages et intérêt répond de la logique de la réparation d'un préjudice causé à autrui au sens de l'article 1382 du code civil qui stipule que « Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». L'article 1384 complète les stipulations de l'article 1382 comme suit :

« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses qu'on a sous sa garde »

Celui qui demande réparation d'un préjudice suivant l'un de ses deux articles doit préalablement établir qu'il a subi effectivement un préjudice. En l'espèce de la condamnation du Président Laurent GBAGBO,

La BCEAO ne s'est pas constituée partie civile parce qu'elle dit n'avoir subi aucun préjudice.

Les banques prétendument volées ne se sont pas constituées parties civiles, estimant n'avoir pas été volées. Elles n'ont donc pas subi de préjudice.

C'est l'Etat ivoirien qui s'est constitué partie civile et l'on ne sait en quelle qualité.

Comme démontrer supra, l'Etat n'a pas subi un seul préjudice puisqu'il n'a pas eu à payer les dépenses antérieurement exécutées par le gouvernement du Président Laurent GBAGBO. L'ordonnance illégale du 14 Avril 2011 ne lui donne pas les moyens de se créer de préjudice.

Donc la condamnation, infondée dans la forme et dans le fond, est un braquage de ses droits civiques à des fins purement politiques.

Sa condamnation à payer des dommages et intérêts à l'Etat pour un dommage qui n'existe pas constitue un braquage financier opéré par l'Etat, en utilisant la justice ivoirienne.

Pour comprendre pourquoi la justice a pu prononcer une telle ridicule condamnation, il faut se référer à un article de Jeune Afrique publié le 27 janvier 2011 intitulé « La réquisition agences BCEAO, un braquage pour le camp Ouattara ». La justice ivoirienne n'a fait qu'entériner une volonté politique. Pas plus. Pour les mêmes faits la justice ghanéenne avait blanchi totalement le ministre Justin Katinan KONE dans le procès en extradition intenté contre lui par l'Etat ivoirien.

De ce qui précède, le rappelle que cette condamnation illégale et ubuesque ne peut constituer de moyen pour empêcher la candidature du Président Laurent GBAGBO. C'est pourquoi notre parti se donnera tous les moyens légaux et démocratiques pour s'opposer à ce qui relève tout simplement de la forfaiture.

La Côte d'Ivoire a besoin d'avancer pour en finir avec les risques qui planent sur son avenir. Et la boulimie du régime pour la dette constitue assurément un risque existentiel pour notre pays.

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