Affaire Hamed Bakayoko : voici comment s’est fait l’enquête selon Kyria Doukouré

Le ministre Hamed Bakayoko est accusé de trafic de drogue par deux journalistes. Kyria Doukouré explique comment ces derniers ont mené les enquêtes.

Début d'année 2019, une grande quantité de est saisie en . Les enquêteurs découvrent qu'elle a transité par . Les journalistes Nicholas Ibekwe et décident donc de se rendre en Côte d'Ivoire pour enquêter.

Les journalistes sollicitent une accréditation auprès du ministre de la communication de notre pays. Celle-ci leur est accordée le 1 aout 2019 et ils débarquent dans notre capitale.

Une fois sur place, ils rencontrent plusieurs informateurs dont certains travaillent pour les renseignements généraux américains et français. Ils ont des séances de travail avec les policiers français qui ont participé à une opération ouest-africaine tendant à arrêter des trafiquants assez importants de la sous-région.

Selon eux, tous leurs interlocuteurs leur signalent M. comme le parrain de la pègre locale. Nicholas Ibekwe est formel : « Plusieurs personnes haut placées (gouvernement et diplomates) à qui nous avons parlé l'ont nommé (Bakayoko, ndlr). En fait, ce nom était sur leurs lèvres. Nous avons également confirmé les grandes fêtes à sa résidence d'Abidjan ».

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Une fois leur enquête bouclée, et comme l'exige la déontologie journalistique, ils essaient d'entrer en contact avec des officiels pour confronter leurs informations à la version officielle. Ils écrivent à Mme. Touré Mabonga, commissaire divisionnaire, directrice de la de stupéfiants et la et meilleur policier de l'année 2019.

Elle décide de ne pas répondre. Idem avec le commissaire divisionnaire de police Bonaventure Adomo qui est directeur opérationnel de l'Unité de lutte contre la criminalité transnationale qui ne donne pas suite à leur sollicitation. Ils écrivent aussi à M. Hamed Bakayoko, le principal accusé qui ne jugera pas non plus nécessaire de répondre à leurs préoccupations.

Depuis 2013, M. Ouattara a procédé à la création de la Commission d'accès à l'information d'intérêt public et aux documents publics (CAIDP) dirigée par M. et M. Kebé.

Cette organisation qui est une vraie avancée démocratique a pour mission d'obliger les personnes en charge de la gestion de la chose publique à répondre aux préoccupations des citoyens ou des journalistes.

En clair, vous avez le droit de demander des informations à toutes les personnes qui gèrent le pays. Et si elles refusent de vous répondre, la CAIDP est supposée les y contraindre.

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C'est une exigence internationale de transparence. Avant de quitter la Côte d'Ivoire, ils se rendent au siège de cet organisme pour se plaindre du silence des autorités compétentes. Elles promettent de régler le problème rapidement.

Dans un courrier adressé à la CAIDP en septembre 2019, Daan Bauwens écrit : « C'est Daan Bauwens, le journaliste belge qui a eu le plaisir de vous rendre visite il y a presque un mois.

J'espère que vous allez bien. Le 13 août j'ai dirigé une demande d'information au ministère de l'intérieur et à la police nationale que j'ai également renvoyé vers vous, mais sans réponse de la part du gouvernement. Est-ce que le CAIDP pourrait intervenir pour faire ré les services concernés ? »

Un mois plus tard, il les relance encore : « On a essayé d'entrer en contact avec vous pour demander un interview avec Mme Touré Mabonga, mais on n'a jamais pu. Donc, on vous envoie les questions qu'on a pour elle dans un document et faisant référence à la loi d'accès à l'information d'intérêt public de 2013.

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On vous a déjà envoyé un courrier demandant un interview la semaine dernière, mais sans réponse de votre part. Est-ce que vous pouvez nous informer sur la possibilité d'avoir un interview avec les deux personnes et sinon, veuillez accepter notre demande d'information utilisant les formulaires en pièce-jointes ? », insiste-t-il. Toujours pas de réponse !

En désespoir de cause et las d'attendre, les journalistes écrivent un premier papier, puis un second qui est publié par un journal Nigérian en début 2020 avant les articles de ces derniers jours sur . Alors du point de vue de la procédure, qu'est-ce qu'on peut leur reprocher ? Pourquoi donner une accréditation à des journalistes quand on ne veut d'eux dans le pays ?

Jean Paul Sartre écrivait : « les mots sont des pistolets chargés ». Le pistolet ici, c'est Vice Media mais ceux qui l'ont chargé, ce sont des membres du camp présidentielle. Ce sont eux qui ont fourni la majorité des informations aux journalistes. Kyria et ses relayeurs n'ont fait qu'ajuster le tir. Vous perdrez votre temps à poursuivre des gens pour des likes.

A l'international, M. Hamed Bakayoko n'a pas bonne presse. C'est un secret de polichinelle. Déjà en juin 2017, le journal Le Monde lui consacrait un article intitulé « En Côte d'Ivoire, le sulfureux coupé-décalé du ministre et de l'ambianceur ». Sulfureux signifie : « hérétique, démoniaque, diabolique ».

D'ailleurs, qu'est ce qui explique ce silence gêné du face à ce scandale ?
Je vais me répéter : vous vous trompez de cible. La bataille pour la succession à M. Ouattara est engagée et elle va faire rage. J'aime bien M. !

Written by Kyria Doukouré

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