Amadou Gon Coulibaly « a raté l’occasion de prouver qu’il n’est pas seulement l’homme d’ADO »

Amadou Gon Coulibaly, candidat contesté au sein même du RHDP, devra relever de multiples challenges pour avoir une petite chance d'être élu selon Jean Bonin.

Partout dans le monde, dans les grands partis démocratiques, la désignation d'un candidat à une élection aussi importante que la présidentielle fait généralement suite à une compétition interne au terme de laquelle le meilleur en sort vainqueur, sauf candidature unique. Le meilleur d'entre eux a été choisi sans avoir démontré en quoi il l'était par rapport à ses prétendants. Dommage.

La première compétition que Gon Coulibaly aurait dû remporter pour asseoir une irréfutable légitimité à l'égard des diverses et éclectiques familles politiques qui composent le , c'est la confrontation interne. Il a raté l'occasion de prouver, à l'opinion dissidente et convergente du RHDP, qu'il est l'homme qu'il faut au parti pour gagner, et non seulement l'homme d'ADO.

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Malheureusement, il s'est soustrait à cet exercice lors du dernier conseil politique du RHDP et a été imposé aux autres prétendants muselés, non pas au terme d'un consensus interne mais en raison, dit-on, de sa loyauté à ADO. En quoi serait-il plus loyal et fidèle qu'un homme comme Bakayoko ou même Amon-Tanoh ? Clairement, cet argument est plus un prétexte pour tenter de justifier le contexte du choix de Gon, qu'un fait incontestable. Pourra-t-il construire la démocratie dans un pays, quand il est lui-même l'émancipation d'un processus non démocratique ?

La deuxième compétition qu'il devra absolument gagner, ce sera celle du rassemblement de son parti autour de sa candidature. En raison du couac anti-démocratique qui a permis qu'il soit imposé candidat au détriment de tous les autres, il devra arriver à convaincre, entre autres, Amon-Tanoh, lequel a brillé par son absence, de soutenir sa candidature. Il en est de même de Mabri Toikeusse qui a, sans ambiguïté, exprimé à Ouattara son désaccord sur l'adoubement de Gon. La tâche est loin d'être gagnée d'avance pour AGC et ADO. Cette double défection au sommet du RHDP, après celle des Anaky (MFA), Niamen Konan et autres Wodié (PIT) vaudra son pesant d'or en octobre 2020, si les choses restaient en l'état.

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La troisième compétition, ce sera celle du ralliement des militants du RHDP ayant rejoint le et l'inévitable partage des voix du Nord avec Soro, lequel, candidat ou pas, donnera des instructions de vote en faveur d'un des candidats de l'opposition. Que Soro représente 2 ou 20% de l'électorat du RHDP, c'est de toute façon autant de voix en moins pour AGC, notamment chez les Sénoufos de Ferkessedougou et certains Malinké. Ce seront autant de voix en moins pour Gon, et cela pèsera forcément dans la balance.

La quatrième compétition sera celle qu'il devra mener en vue de rallier à sa cause, au sein même du parti, un certain nombre de militants et sympathisants du RHDP qui étaient plus ADOïstes que vraiment RHDP, tout comme au , on a des Gbagboïstes qui ne sont pas FPI, ou qu'au PDCI on a des Houphouëtistes qui ne sont pas PDCI. Rien ne laisse penser, pour l'heure, qu'ils basculeront tous en faveur de AGC.

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La cinquième compétition, c'est celle qui devra lui permettre, en 6 mois, de se tailler un costume de présidentiable, capable de rallier majoritairement à sa cause les du nord au sud, chrétiens et musulmans… C'est de loin la plus grande bataille qu'il devra mener et gagner pour espérer être au 2ème tour, étant entendu que d'un strict point de vue arithmétique, il est improbable qu'il gagne au 1er tour. Or, au 2ème tour, quel que soit le candidat de l'opposition qui sera opposé à AGC, le « lion de  » tombera. C'est une Lapalisse et un truisme.

Si Ouattara était la dernière chance pour le RHDP de se maintenir au pouvoir, AGC, que j'aime bien d'ailleurs pour être un ancien collègue du BNETD, devrait, honnêtement et logiquement, commencer à préparer ses valises car au soir du 31 octobre prochain, la transition se fera et ce sera un candidat de l'opposition, du FPI ou du PDCI, qui sera à la barre du gouvernail ivoirien.

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Ce n'est pas une affaire de sentiments ou d'incantations, mais une question de réalisme politique que les derniers soubresauts, qui se manifestent à travers l'évident manque de volonté du RHDP de doter les Ivoiriens de leurs documents d'identité, n'y changeront rien.

D'ailleurs, en 2011, Ouattara ne disait-il pas que lorsque deux grands partis politiques se mettent ensemble pour la présidentielle… ILS GAGNENT. C'est ce que feront le PDCI et le FPI.

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Written by Jean Bonin

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