Bras de fer Burkina – France : Macron est de plus en plus pris au mot et au piège

French Minister of Economy and Industry Emmanuel Macron checks his smartphone during the "Pole des reformateurs" (Reformer's Centre) meeting in Leognan near Bordeaux, southwestern France on August 27, 2015. AFP PHOTO / NICOLAS TUCAT / AFP PHOTO / NICOLAS TUCAT

Le 28 novembre 2017, à Ouagadougou, Burkina, Emmanuel Macron, tout feu, tout flamme, déclarait qu'il « n'y a plus de politique africaine de la France ».

« Je suis d'une génération où on ne vient pas dire à l'Afrique ce qu'elle doit faire, » jurait-il, « mais où partout, on encouragera celles et ceux qui, en Afrique, veulent prendre leurs responsabilités, veulent faire souffler le vent de la liberté et de l'émancipation comme vous l'avez fait ici. »

Et dans ses envolées, il se montrait avant-gardiste: « Ceux qui pensent que, aujourd'hui, en Afrique, on peut avoir la même politique qu'on a parfois eue depuis des décennies et des décennies, qui voudraient retarder le cours de l'histoire, n'ont pas regardé le à coup sûr, mais n'ont pas compris qu'il y avait un ferment essentiel à ce changement, leur propre jeunesse, la jeunesse africaine qui, elle, est en train de tourner une page. »

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Dans la capitale burkinabé, le président français a voulu délivrer une leçon à tous. Il est de plus en plus pris au mot et au piège. Ce discours de nouvelles fondations des relations franco-africaines, dans lequel il encourageait même les États africains qui ne voulaient plus du franc CFA à en sortir, fait boomerang.

Le porte-parole du gouvernement de transition du Burkina Faso, , a en effet confirmé, ce lundi 23 janvier 2023, la décision des autorités militaires de mettre fin à l'accord de coopération militaire entre les deux pays. Elles donnent un mois aux troupes françaises d'environ 400 éléments des forces spéciales de quitter le pays, afin que la lutte contre le terrorisme soit désormais l'affaire des Burkinabè (lire ci-dessous).

Et alors, chasser le naturel, il revient au galop. Macron a ravalé toutes ses prétentions et oublié tous les engagements proclamés, urbi et orbi. L'arrogance, la condescendance et l'attitude méprisante ont refait surface.

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Le chef de l'État français a explicitement moqué cette décision, considérée, à ses yeux, comme nulle et de nul effet. Si Paris, le 9 novembre 2022, a mis fin, unilatéralement et sans aucune explication aux autorités militaires maliennes, à l'opération militaire anti-djihadiste Barkhane au depuis huit ans, Ouaga ne peut bénéficier de cette même souveraineté.

Aussi, Macron est-il entré dans tous ses états après les actions de défiance des autorités militaires burkinabè, qui ont déjà réclamé le départ de l'ambassadeur français à . De guerre lasse, il a exigé, le 22 janvier 2023, des « clarifications » et donne des instructions au chef de la junte militaire de s'exprimer sur le sujet.

Le vent de l'émancipation et de liberté, que vantait Macron et qui a été contrarié par des coups d'État et des soutiens à des régimes corrompus, semble souffler à nouveau en Afrique noire francophone. La Guinée d'Ahmed Sékou Touré n'a pas hésité, en 1958, pour dire non à la communauté française.

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Et ce mauvais exemple commence à faire tache d'huile. Après la RCA d'Archange Touadera, en Afrique centrale, et le Mali du colonel , le Burkina Faso du capitaine Ibrahima Traoré, en Afrique de l'ouest francophone, est un autre pays à rompre les amarres avec l'ex-puissance tutélaire.

Et Paris peut redouter l'effet domino avec la jeunesse africaine, qui rêve de tourner la page des relations du cheval et du cavalier entre la France et ses ex-colonies, des vaches à lait.

F. M. Bally

Written by Ferro Bally

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