C'est une information exclusive d'Ivoire Soir.net, Bédié et Ouattara ont longuement échangé au téléphone, le lundi 12 mars 2018, après plusieurs mois de tensions politiques. Le coup de fil est venu du président Alassane Ouattara et son aîné Henri Konan Bédié, ne l'a pas rejeté.
Les deux grands de la scène politique ivoirienne se sont enfin parlé. Leur rencontre prévue, pour se tenir le 4 mars dernier, avait été reportée sine die, suite à une décision de dernière minute d'Alassane Ouattara. Le coup de fil téléphonique qui a duré plusieurs minutes, selon les sources d'ivoire Soir.net, a permis aux deux hommes d'aplanir leurs divergences et de décider de la suite à donner au projet de parti unifié, cher à Ouattara.
« Les deux hommes ont jugé utile de renforcer les bases du RHDP, un mouvement vu comme une alliance au sommet, à laquelle la base n'adhère que très modérément »
Alors que le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) souhaitait un parti unifié avant les élections locales et qu'Alassane Ouattara avait lui-même annoncé sa création « avant la fin de l'année » 2017, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI de Bédié) a obtenu un délai d'au moins vingt-quatre mois, avant la création effective du parti unifié. Une victoire pour le parti sexagénaire qui fait régulièrement monter la tension, pour que Ouattara puisse se prononcer publiquement sur sa promesse faite à Bédié, d'une alternance, en faveur d'un cadre issu du PDCI, à la présidentielle de 2020.
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Les deux hommes ont jugé utile de renforcer les bases du RHDP, un mouvement vu comme une alliance au sommet, à laquelle la base n'adhère que très modérément. Dans les prochains jours, ils devraient à titre individuel, appeler leurs troupes respectives, au calme, en vue de préserver leurs acquis d'octobre 2010, quand Bédié, arrivé en troisième position à la présidentielle, derrière Ouattara et Laurent Gbagbo (alors aux affaires), avait décidé de soutenir l'actuel président, au second tour.
Ces derniers jours, la tension est montée d'un cran, entre les différents états-majors des deux partis. Les caciques du PDCI amenés par Jean-Louis Billon, porte-parole de Bédié, candidat à la candidature du PDCI, sans l'avoir encore officiellement déclaré et Maurice Kakou Guikahué, fidèle secrétaire exécutif de Bédié ont dézingué le RHDP et le futur parti unifié, lors d'un hommage à Bédié, à Yamoussoukro.
En retour, les caciques du RDR, conduits pas Adama Bictogo, vice-président et la secrétaire générale Kandia Camara, ont été particulièrement agressifs, envers les cadres du PDCI cités plus haut. Des injures à la place d'un débat d'idées, qui ont fait réagir l'analyste politique André Silver Konan.
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« En fait, vous noterez que jusque-là (à deux ans de la présidentielle) personne ne nous parle de programme social, de positions claires sur les enjeux économiques, d'initiatives sur le plan politique, en rapport avec les attentes des Ivoiriens. Si donc il est plus simple d'insulter (personne ne va à l'école pour ça), pourquoi attendre d'eux qu'ils fassent le moindre effort de réfléchir sur des choses utiles pour le peuple ? Faillite intellectuelle et art de se contenter de peu. Je répète : le niveau est vraiment bas ! Les Ivoiriens méritent mieux… », avait-il dénoncé, dans un post sur Twitter, abondamment repris.
Le niveau de la classe politique ivoirienne, douée dans les invectives, plutôt que les propositions, choque de plus en plus d'intellectuels. Sur les réseaux sociaux, des groupes raillent constamment la tendance à la « mangercratie » de ces derniers.
Elvire Ahonon
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