Lettre ouverte à Ahoussou : « Vous avez honte de notre démocratie ? Démissionnez ! » (Sylvain Takoué)

Jeannot Ahoussou-Kouadio, président du sénat

Ivoiresoir.net vous propose la lettre ouverte de à , président du Sénat ivoirien.

Nous avons connu tout dans ce pays, le coup d'Etat, la rébellion, la crise postélectorale, nous disons que ça suffit ! Que toute la classe politique puisse avoir un accord à minima pour faire la politique, mais la politique qui grandit, qui anoblit, une politique qui met la Côte d'Ivoire en valeur, pas une politique qui rabaisse la Côte d'Ivoire (…) Nos petits palabres à l'occasion des élections municipales, ça me fait honte, je le dis, j'ai honte parce qu'on mérite mieux, les méritent mieux, respectons les ivoiriens ! », a déclaré le Président du Sénat ivoirien, Jeannot Kouadio-Ahoussou. C'était le 19 décembre dernier, à , à la clôture de la première session sénatoriale.

Aujourd'hui, faire de la politique en Côte d'Ivoire, c'est tout un risque que tu prends sur ta famille et sur tous tes biens

Mais c'est, comme on le voit bien, un cri du cœur et de dépit, lancé par le Président du tout premier Sénat de notre pays, mais le vénérable Jeannot Ahoussou-Kouadio n'en est pas à son tout premier plaidoyer. Car le 2 novembre 2018, le Journal Le Nouveau Réveil avait déjà publié un autre cri du cœur qu'il lançait, comme un prophète esseulé dans le désert, et que revoici :

« … Tous les partis politiques doivent pouvoir faire leur introspection pour qu'à travers ce bilan,  nous puissions trouver un accord à minima pour faire la politique en Côte d'Ivoire. Et que les élections ne soient pas des occasions d'assassinats, des occasions de destruction de biens… Aujourd'hui, faire de la politique en Côte d'Ivoire, c'est tout un risque que tu prends sur ta famille et sur tous tes biens que tu as acquis tout le long de ta carrière professionnelle. Parce que tu forges une opinion, tu donnes une opinion, on va incendier tes biens et tu perds tout. Cette manière de faire la politique, il va falloir que tous les partis politiques se retrouvent pour prendre des engagements de paix vis-à-vis de la population ivoirienne… C'est pour cela que j'en appelle, en ma qualité de président du Sénat, qui est la chambre des sages, vraiment à la sagesse.

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Que tous ceux qui ont gagné aient le triomphe modeste et que tous ceux qui ont perdu acceptent leur défaite dans la dignité en disant que la prochaine fois sera la bonne. Pour des élections locales, plus de 5 morts, il y a des villes qui sont encore en ébullition. En ce qui me concerne personnellement, je n'apporterai pas mon fagot de bois pour allumer le feu en Côte d'Ivoire. Au contraire, je serai auprès du puits pour chercher de l'eau pour éteindre le feu. La situation politique est là, il faut la regarder avec sérénité et qu'on revoie certaines conditions de faire la politique. Il y a trop de partis politiques. Nous avons près de 200 partis politiques et quand il y a des élections, ils apparaissent. Quant à la situation des indépendants, il faut légiférer, tout cadrer, aller au parrainage. C'est la liberté, mais cette liberté doit être encadrée. Qu'au niveau des partis politiques, on arrête de se cannibaliser, de se dévorer ».

C'est pourquoi, nous nous permettons de rebondir aux propos du Président du Sénat pour lui faire cette adresse que voici :

Vénérable Président, si vous avez si mal à la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui, devenu un pays en perte de valeurs et de repères, et que vous en avez honte à ce point, votre plaidoyer, s'il ne reste qu'à l'état de verbiage et de lamentations, peut-il être vraiment entendu du côté de ceux qui gouvernent maladroitement la Côte d'Ivoire et qui la mettent ainsi en danger et en péril ?

Puisque vous parlez de mettre raisonnablement fin à l'escalade et au règne des violences politiques et électorales, et que vous semblez prêcher dans le désert, ne vous serait-il pas opportun de jouer significativement la carte du retrait ?

Oui, vénérable Président, ne vous suffirait-il pas d'envoyez un signal fort à l'Exécutif, en lui remettant, en douceur, votre tablier de Président de cette Institution

Oui, vénérable Président, ne vous suffirait-il pas d'envoyez un signal fort à l'Exécutif, en lui remettant, en douceur, votre tablier de Président de cette Institution, sans pour autant renoncer à votre statut Sénateur élu et non nommé ? Ne serait-il pas de bon aloi, pour vous, de poser un tel acte sacerdotal, empreint de sagesse, qui aura, tout aussi, le don et le pouvoir moral de faire passer, dans les consciences et devant les yeux, une protestation légitime qui vous brûle la gorge et qui manque encore de devenir un acte historique ?

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Le Sénat, cette nouvelle Institution de la République ivoirienne, deuxième Chambre parlementaire et représentative  installée en avril 2018, que vous présidez sans la dirigez vraiment, semblerait une coquille vide et ressemblerait même à un grand boxeur surentraîné, mais frappé par un  handicap de dernière minute. Il lui manque d'être correctement fonctionnel, parce qu'il est dépourvu de ses organes vitaux, tels que le règlement intérieur intégral invalidé par le Conseil constitutionnel, les groupes parlementaires, le Bureau et les Commissions techniques permanentes. C'est une Institution à laquelle l'Exécutif ivoirien qui l'a forgé en pompes pour la manipuler à sa guise, a retiré, aujourd'hui, sa compétence et ses attributions pour les transférer, au mépris de toute procédure constitutionnelle, à l'Assemblée nationale. Après tout, votre Sénat n'est-elle pas une institution fantoche, plongée dans une vacuité formelle incroyable ?

Mais oui, vous l'avez dit, Vénérable Président : Respectons les Ivoiriens, ils méritent mieux ! Car ce sont eux qui vont ont élu, tout comme vos pairs. Mais vous pourriez dire plus : Les Ivoiriens méritent mieux que ce régime qui ne respecte pas le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et qui reste incapable de donner les moyens de son fonctionnement à un Sénat qui n'a pas demandé, lui, à naître handicapé. Et si vous quittiez la présidence de cet autre instrument de violence morale et de violation institutionnelle, ne verriez-vous pas que  votre cause et votre plaidoyer seront entendus par l'Histoire ?…

Sylvain Takoué

Président du Rassemblement des fiers ivoiriens (R.F.I.)


Written by YECLO.com

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