Lyme : un laboratoire américain d’armes biologiques soupçonné d’être à l’origine de la maladie

Un laboratoire d'armes biologiques du gouvernement américain serait à l'origine de la maladie de Lyme, a déclaré Karl Grossman à Xinhua.

Karl Grossman, professeur de journalisme à plein temps à l'université d'Etat de New York, a passé cinq décennies à enquêter sur un laboratoire du gouvernement américain situé sur l'île Plum, connu sous le nom de Plum Island Animal Disease Center, qui se trouve à environ 1,5km au large de l'île de Long Island, à New York.

Pour M. Grossman, ce laboratoire est « entouré de secret ». « J'aimerais qu'il y ait de la ‘transparence'. C'est le mot qui a été utilisé pendant des décennies aux , pour que les gens sachent ce que leur gouvernement a fait », a-t-il dit.

« J'ai bon espoir, mais j'en doute un peu, compte tenu des décennies et des décennies de secrets concernant l'île Plum », a-t-il ajouté.

Le « parrain » du laboratoire de Plum Island était un expert nazi en armes biologiques, Erich Traub, qui avait été exfiltré aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. « Pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Traub dirigeait un laboratoire secret nazi de guerre biologique dans la Baltique, sur une île appelée Riems, avec pour mission d'empoisonner le bétail en Union soviétique. De plus, il avait une certaine familiarité avec la région de New York avant la Seconde Guerre mondiale. Il était également impliqué dans les activités nazies à Long Island », a noté M. Grossman.

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« Cet Erich Traub a peut-être pensé qu'il avait eu une idée intelligente en installant sur cette petite île un laboratoire de guerre biologique pour animaux comme celui qu'il avait dans la Baltique », a-t-il ajouté.

« Il y avait à l'époque une base militaire sur l'île depuis plus de 50 ans, qui s'appelait Fort Terry. L'idée était donc de créer ce laboratoire pour mener des opérations de guerre biologique », a-t-il ajouté, précisant que le laboratoire a ensuite été repris par le ministère américain de l'agriculture (USDA). « En 1993, un journaliste d'investigation de Newsday, John McDonald, a pu obtenir des documents, notamment un qui a été reproduit en première page », a rappelé M. Grossman.

« Ce document indiquait que la mission de Plum Island était en fait de développer des armes de guerre biologique qui seraient utilisées pour empoisonner le bétail et d'autres animaux d'élevage dans l'ancienne Union soviétique », a-t-il ajouté.

Karl Grossman a été le premier journaliste à avoir révélé que le gouvernement américain avait admis avoir effectué des travaux de guerre biologique sur l'île Plum en 1971.

« L'USDA a décidé d'ouvrir l'île Plum aux journalistes pour une visite. Le responsable des relations publiques de l'USDA m'avait dit la veille de la visite : ‘nous faisons de la guerre biologique défensive'. « Défensive » ! C'était la première fois qu'ils admettaient faire de la guerre biologique », a-t-il témoigné. La mission américaine sur l'île Plum s'était éloignée dans les années 1950 des travaux sur les armes biologiques visant le bétail en Union soviétique.

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Néanmoins, un agent pathogène utilisé à Plum Island a été lié, des années plus tard, à l'utilisation offensive américaine de la guerre biologique contre les animaux à Cuba. « Newsday, un journal de Long Island, a rapporté en 1977 que la peste porcine africaine s'était déclarée à Cuba en 1971, ce qui a eu un effet dévastateur sur les porcs cubains, et a établi un lien entre l'apparition de la peste porcine africaine à Cuba et l'île Plum », a indiqué M. Grossman.

Selon lui, « Le seul endroit où le virus de la peste porcine africaine existait dans l'hémisphère occidental était l'île Plum, où il était expérimenté. Le compte-rendu du Newsday établit un lien entre cette épidémie de peste porcine africaine à Cuba et l'île Plum, ainsi qu'avec la CIA et une opération de cette dernière dans la zone du canal, au Panama ».

Si cela s'avérait exact, cela indiquerait que l'utilisation strictement « défensive » de la guerre biologique à Plum Island n'est peut-être pas tout à fait vraie et qu'il y a peut-être eu des activités offensives de guerre biologique », a-t-il ajouté. Cependant, les famines ne sont peut-être pas le seul produit de Plum Island et certains des agents pathogènes sur lesquels elle a mené des expériences « peuvent se transmettre à l'homme ».

M. Grossman a affirmé qu'un rapport de 2007 du Government Accountability Office (GAO) des Etats-Unis a révélé que certains des agents pathogènes de Plum Island « pourraient également causer des maladies et des décès chez les humains ».

Selon un rapport de 2005 du GAO, le laboratoire de Plum Island a expérimenté des agents pathogènes qui peuvent potentiellement causer des maladies mortelles chez l'homme, notamment le virus du Nil occidental, le virus Nipah, la fièvre de la vallée du Rift.

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Le laboratoire est également soupçonné d'être à l'origine de l'épidémie mondiale de la maladie de Lyme, une maladie transmise par les piqûres de tiques et qui peut entraîner des souffrances chroniques si elle n'est pas traitée. « John Loftus est avocat, il était un spécialiste de la poursuite des nazis pour le Bureau des enquêtes spéciales du ministère américain de la Justice, et il a raconté dans son livre de 1982 que des scientifiques nazis spécialisés dans la guerre bactériologique ont expérimenté des tiques empoisonnées larguées depuis des avions. Il y suggère l'hypothèse que les tiques empoisonnées étaient la source de la maladie de Lyme », a déclaré M. Grossman, ajoutant que les tiques ont longtemps été considérées comme un vecteur de maladie dans le cadre de la guerre biologique.

Il a ajouté que Kris Newby, un « excellent auteur scientifique lié à l'université de Stanford », a écrit un livre en 2019 présentant des entretiens avec Willy Burgdorfer, à qui l'on attribue la découverte du microbe causant la maladie de Lyme, dans lequel il a révélé que M. Burgdorfer avait auparavant « développé des armes biologiques pour le département de la Défense des Etats-Unis (DOD) ». En 2019, le Congrès américain a adopté un amendement exigeant que l'inspecteur général du DOD enquête sur « l'implication possible des laboratoires de guerre biologique du DOD dans la militarisation de la maladie de Lyme chez les tiques et autres insectes ».

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L'amendement a été proposé par le légisateur Chris Smith, du New Jersey, qui a estimé que « ces entretiens, combinés à l'accès aux dossiers du laboratoire du Dr Burgdorfer, suggèrent que lui et d'autres spécialistes des armes biologiques ont bourré les tiques d'agents pathogènes pour provoquer de graves handicaps, des maladies, voire la mort d'ennemis potentiels. Les Américains ont le droit de savoir si cela est vrai ».

M. Grossman se souvient d'avoir trouvé au cours de ses trois dernières visites au laboratoire Plum Island que l'endroit était « effrayant ». « Nous devons faire la lumière, les Etats-Unis, je crois, sur ce qui se passe depuis toutes ces années à Plum Island », a-t-il conclu.

Written by Mohammed Ouattara

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