Pourquoi certaines personnes ont tant de peine à mourir , à ne plus être utiles, à ne plus être considérées par tout le monde? Vincent Toh Bi Irié en parle.
Il faut apprendre à mourir un peu. Je ne parle pas de la mort biologique à laquelle personne n'échappera.
Ces derniers mois, je suis en tournée dans les villages du pays profond où AUBE NOUVELLE exécute ses projets de prévention des conflits.
Un ami qui me savait dans une zone m'a demandé d'aller visiter son beau village voisin avec un paysage de Jardin d'Eden et des cours d'eau magnifiques.
Mais je ne pouvais pas parce que le village traversait une grosse crise de chefferie.
Un haut fonctionnaire sentant venir sa retraite prochaine est en train de remuer tout le village et le désorganiser parce qu'au mépris de toutes les règles traditionnelles locales, il veut être Chef de Village au plus tard en Décembre, date de son départ à la retraite. Après la fonction publique, il veut bien continuer à exister et être indispensable en tant que Chef de village.
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Pourquoi certaines personnes ont tant de peine à mourir , à ne plus être utiles, à ne plus être considérées par tout le monde?
Cette obsession d'être toujours le point d'attraction de la communauté, de forcer le respect des gens, de recevoir privilèges, protocoles et honneurs, au prix de coups tordus, est l'une des causes des malheurs de l'Afrique .
Nous, êtres humains Africains, sommes parvenus dans notre orgueil vis-à-vis de Dieu à défier les règles de la nature et à modifier le cycle de la vie. Si les fleurs ne meurent jamais malgré leur âge, leur parcours et leur composition chimique évolutive, comment la régénération de la vie sera-t-elle possible?
Tu as été fonctionnaire puis Élu pendant 40 ans, si au soir de ta vie , tu n'es pas Chef de Village, ça voudrait dire que tu aurais vécu inutile ?
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Il y a des gens qui ont vécu sous le feu des projecteurs pendant toute leur vie et qui ont été oubliés dès leur mort . Il y a des gens qui ont dirigé des pays pendant 30-40 ans mais dont personnes ne se souvient aujourd'hui. Il y a aussi des gens qui ont été puissants mais qui, au soir de leur vie, ont honte aujourd'hui d'avoir utilisé leur puissance contre d'autres personnes.
À quoi sert-il de recevoir l'hypocrisie du respect, de la laudation et de la considération de notre vivant et de ne recevoir que crachats et critiques des mêmes personnes quand nous sommes morts ?
On ne force pas le respect ou la vénération des autres ou d'un peuple. Les actes de nos vies sont les vrais témoignages durables de ce que nous avons vraiment été et non pas les titres que nous avons revêtus.
Pourquoi les leçons apprises de la vie de ceux qui sont partis ne sont jamais des leçons pour ceux qui sont encore vivants et qui partiront peut-être dans les mêmes conditions?
Il faut apprendre à mourir un peu , à partir, à n'être plus. Il faut apprendre à avoir dans la vie d'autres sources de bonheur que les yeux et la considération des autres, que les postes et les privilèges.
Vaine prétention que cette sensation d'utilité éternelle…poussière…poussière…poussière…
