Ouattara, Bédié et Gbagbo: la rencontre de tous les possibles ou poker menteur ?

Alassane Ouattara rencontre ses prédécesseurs, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, le jeudi 14 juillet 2022. Hasard du calendrier!?

Le chef de l'État n'invente pas l'eau chaude. Avant lui, en a fait autant. Après le Forum de la réconciliation nationale (dernier trimestre de 2001), il a organisé, à Yamoussoukro les mardi 22 et mercredi 23 janvier 2002, la « rencontre des quatre grands », à savoir, par ordre alphabétique, Gbagbo Laurent, Guéi Robert, Konan Bédié et Ouattara Alassane.

La montagne a accouché d'une souris. Car, malgré la formation, le lundi 5 août, du dernier gouvernement d'union nationale comprenant cette fois-ci le RDR, une tentative de coup d'État muée en rébellion armée s'est emparée du pays, à partir du jeudi 19 septembre 2002.

Ouattara reprend donc les mêmes, à l'exception du général Guéi exécuté ce jour funeste, et recommence avec « les trois grands ». Et personne ou presque ne croit plus à ce jeu qui est celui du poker menteur entre ces acteurs qui ont choisi de se tourner en bourrique, en faisant essentiellement de la communication politique.

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Les rencontres, comme celle du 14 juillet, sont, en effet, bien scénarisées. Mais derrières les larges sourires et les chaleureuses accolades, la sincérité de ces retrouvailles interroge et laisse dubitatif.

A sa prise du pouvoir à l'issue des bombardements par les forces militaires françaises et de l'Onu, Ouattara, à l'instar de Gbagbo après son « élection calamiteuse », a mis sur pied la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). De la poudre aux yeux.

Les Premiers ministres (Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko et Jérôme-Patrick Achi) conduisent le dialogue politique, dont la dernière phase (la 5è) a été signée le 4 mars 2022. Du leurre.

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Sur les principaux points de désaccord (notamment la CEI et le découpage électoral), le président Ouattara n'accorde aucune concession, au point qu'il a fait retirer notre pays de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP). Et les violences politiques, qui ont émaillé la présidentielle du 31 octobre 2020, ont fait officiellement 85 morts.

Après ces douloureuses péripéties, il a rencontré Bédié, le 11 novembre 2020, pour « briser le mur de glace et rétablir la confiance ». Le 27 juillet 2021, il en fit de même avec Gbagbo qui, après dix ans de détention au quartier pénitentiaire de Schevenigen, à La Haye, a regagné le pays, le 17 juin, après son acquittement à la CPI. Du pipeau.

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Au moment où Ouattara va les rencontrer, toutes leurs revendications (dialogue inclusif pour définir les nouvelles règles du jeu politique, libération des prisonniers politiques, etc.) restent sur la table et font l'objet d'un dialogue de sourds.

Et comme le déplore l'ex-ministre Joël N'Guessan, dans un ouvrage qu'il a publié cette année, c'est « l'éternel recommencement ». Sans aucune garantie de lendemains qui chantent.

F. M. Bally

Written by Ferro Bally

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