Ouattara peut-il échapper à son destin ? Une analyse de Kyria Doukoué, cyberactiviste du PDCI, de la candidature d'ADO pour la présidentielle.
Dans les relations internationales, les grandes décisions, celles qui ont un impact certains sur la destinée des peuples se prennent souvent sur des détails, des postures subjectives. C'est sur ce prérequis que s'est construite la carrière politique de M. Ouattara. Pour comprendre les enjeux, il faut étudier la politique africaine de la France.
Après la période des pères fondateurs, les réseaux africains de l'Élysée ont décidé de miser sur des technocrates, formés dans les universités européennes. Cette option tout en donnant l'impression de renouveler le personnel politique entrainait un semblant de modernité et empêchait par la même occasion les ‘'opposants historiques'' d'accéder au pouvoir. Ces opposants historiques dont certains ont flirté avec le communisme étaient mal vu dans les arcanes du pouvoir français.
Cette tendance a été inauguré avec le soutien fort apporté à M. Ouattara. Qui mieux que lui pouvait symboliser ce renouveau ? M. Ouattara est un économiste ayant servi au FMI. C'est un musulman qui ne dit pas non à un apéro, marié à une juive qui aime l'argent et les mondanités. C'est un musulman moderne comme on dit dans les couloirs des chancelleries occidentales.
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Ils ont préféré M. Ouattara parce qu'en fin de compte, il est un occidental qui comprend et leurs manières et leur langage. Face à lui, Laurent Gbagbo est abrupt et Henri Konan Bédié d'une autre époque. M. Ouattara et son épouse sont de bonne compagnie. Rappelez-vous que j'ai expliqué que tout se joue sur des détails subjectifs.
La réussite de cette nouvelle option au Bénin a contribué à accentuer le soutien apporté à M. Ouattara. En effet, M. Yayi Boni, ancien de la BCEAO et de la BOAD se faire élire président en mars 2006 alors qu'il était inconnu des béninois quelques mois auparavant. La machine se rouillera quelques années après avec Lionel Zinsou parachuté premier ministre quelques mois avant la présidentielle.
C'est dans cette même logique qu'on fait circuler le nom de Tidiane Thiam depuis quelques mois maintenant. Mais revenons à M. Ouattara. Je vous ai rappelé tout cela afin que vous compreniez que M. Ouattara peu importe son entêtement est fini. (La situation tarde parce qu'autant on ne veut plus de M. Ouattara, on ne veut ni de Gbagbo ni de Bédié.)
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Qui aurait pu imaginer que des missions de la communauté internationale viendraient séjourner en Côte d'Ivoire à cause d'une élection présidentielle. Le fait même que ces missions arrivent est bien la preuve que nous sommes déjà dans une crise pré-électorale dans laquelle M. Ouattara a perdu de sa superbe.
N'oublions pas que c'est lui qui distribuait les bons et les mauvais points et qui avait un avis sur tout ce qui se passe en Afrique. Parce qu'il était soupçonné d'être un démocrate. Aujourd'hui le vernis est tombé et sa face hideuse apparait aux yeux du monde.
Il n'est plus l'homme de la situation. Le raffiné Ouattara est devenu un vil dictateur africain comme les autres. C'est ce qui se raconte dans couloirs des ambassades européennes en Côte d'Ivoire. Et peu importe son obstination. Il peut même organiser un simulacre d'élection le 31 octobre mais c'est un fait acté qu'il est fini.
En Côte d'Ivoire, toutes les fois qu'on a organisé des élections en excluant des candidats, aucun n'a terminé son mandat calmement : en 1995 on a exclu, on a eu le coup d'état de 1999. En 2000 on a exclu, on a eu la rébellion de 2002. C'est factuel et indiscutable. En écoutant aujourd'hui M. Ouattara et ses partisans tirer sur la communauté internationale, je ne peux m'empêcher de penser à Ben Laden qui a collaboré avec les américains avant de se retourner contre eux.
Un ami français s'étonnait qu'un homme élu démocratiquement comme M. Ouattara puisse se transformer en dictateur impitoyable en quelques années. Je lui ai expliqué que c'est parce qu'il manque de culture.
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La majorité des dictateurs est d'abord élu. Hitler fut élu chancelier avant d'entrainer le monde dans le chaos. Ismail Omar Guelleh a été élu avec 100% des voix à Djibouti en avril 2005. Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan a fait 95,5% en 2011.
Paul Kagame et Obiang Nguema ont obtenu respectivement 93% en 2010 pour le premier et 95% en 2009 pour le second. À cette liste on pourrait ajouter Pierre Nkurunziza (Burundi), avec ses modestes 91,6%, Abdelaziz Bouteflika (Algérie) et ses 90,2% et Ilham Aliev (Azerbaïdjan), avec 88,7%.
Tous les dictateurs ont trois choses en commun :
1- Ils sont élus
2- Ils sont mal élus. (Comme M. Ouattara en 2010 ?)
3- Ils finissent bizarrement. (Aucun homme ne peut fuir son destin)
M. Ouattara court vers son destin. »