Que peut Gbagbo ou Bédié dans la libération des prisonniers politiques et militaires ?

Disons-le sans faux-fuyant, le président Ouattara a dans ses mains les clés de la réconciliation. Que peut Gbagbo ou Bédié dans la libération des prisonniers politiques et militaires ?

La Côte d’Ivoire est toujours, onze ans après la crise post-électorale à la croisée des chemins. Au plan économique et social, malgré l’embellie de l’environnement économique déclamée, les populations ivoiriennes vivent une paupérisation qui ne dit pas son nom. A la mévente des produits de rente, leurs principales sources de revenu, est venu s’adjoindre un renchérissement des coûts des produits de premières nécessités rendant difficile le quotidien de ces populations.

Au plan politique, de nombreux problèmes dont la résolution pourrait permettre d’aborder sereinement l’avenir du pays, reviennent incessamment sur la table des nombreuses discussions qui se sont tenues, sans pour autant voir les résolutions connaître un début de mise en œuvre.

Il s’agit entre autres de :

– La réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI)

– La révision de la liste électorale

– Le découpage électoral.

– La réconciliation nationale

– La libération des prisonniers politiques et militaires.

– Etc.

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Au plan de la sécurité, les populations ivoiriennes vivent la peur au ventre avec l’avènement des « microbes » ou enfants en conflit avec la loi, sans oublier les nombreux conflits inter- communautaires qui désormais ont cours avec des armes à feu, toutes choses qui font craindre le pire pour le pays. En effet, depuis 2011, aucune élection ne s’est déroulée sans qu’on ne dénombre de nombreux morts et blessés et une violence à nul autre pareil. Les récentes élections internes au Rhdp, n’ont pas échappé à cette règle.

Au regard de cet état de fait, les ivoiriens se mettent toujours à rêver de décrispation et de réconciliation, dès lors qu’est annoncée une rencontre des principaux leaders politiques. Mais les rencontres se suivent et se ressemblent. On a toujours droit aux sourires, aux mots aimables, aux tapes amicales devant la caméra et ensuite c’est le silence radio. Ainsi, on a eu la rencontre entre M. Bédié et M. Gbagbo à Bruxelles, puis entre M. Gbagbo et M. Ouattara au palais présidentiel après le retour du premier, et la dernière rencontre a réuni ces trois leaders au palais présidentiel.

Ces trois doivent encore se retrouver à Yamoussoukro pour les festivités de l’indépendance. Si on peut se féliciter de ces rencontres, qui assurément participent à décrisper l’atmosphère politique, il n’en demeure pas moins que les ivoiriens attendent que soient effectivement mises en œuvre, les résolutions du dernier dialogue politique présidé par le premier ministre Patrick Achy pour avoir une réelle décrispation. Toutes ces rencontres donnent l’impression de jouer la montre et de gagner du temps.

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Pour quel objectif ? Nul ne le sait. Mais en réalité, au stade où nous sommes, la balle est réellement dans le camp du pouvoir. Disons-le sans faux-fuyant, le chef de l’Etat a dans ses mains les clés de la réconciliation. Il dispose de tous les leviers de l’Etat pour formaliser et rendre opérantes les résolutions du dialogue politique, et conduire le pays à la réconciliation.

Que peut Gbagbo ou Bédié dans la libération des prisonniers politiques et militaires ? Rien. Quand bien même ils le voudraient, ils n’en ont pas les moyens.

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En revanche, si le chef de l’Etat décide de libérer ces prisonniers, il instruit le ministre de la Justice à l’effet de préparer un projet de loi d’amnistie à soumettre à l’Assemblée nationale, et le tour est joué. Il peut également prendre une ordonnance pour gracier ces prisonniers, et le lendemain ceux-ci se retrouvent dehors ! Et même faire usage de l’article 48, qui lui donne tous les pouvoirs ! Mais tout cela doit se faire dans la sincérité, sans calcul politicien, sans volonté de préserver une position dominante ou d’avoir une longueur d’avance sur les adversaires, même si on est conscient qu’aucun acte n’est gratuit sur cette terre injuste des hommes.

Il n’y a qu’à ce prix que nous pourrons nous en sortir. En propriétaires prudents, faisons-le pour demain.

Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.

Written by Nazaire Kadi

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