Serge Bilé fait une analyse de l'actualité politique en Côte d'Ivoire et l'échange téléphonique entre Soro et Ouattara.
J'ai suivi, avec intérêt, à distance, la sortie, ce week-end, du ministre ivoirien de la Jeunesse, Mamadou Touré, que j'apprécie, pour son verbe particulier et pour son agilité d'esprit.
Mamadou Touré est revenu sur le dégel des relations, entre Soro Guillaume et le président Alassane Ouattara, en affirmant que le premier avait, en réalité, appelé le second, en mars dernier, pour « demander pardon, pour tout le tort qu'il lui a fait ».
Depuis, cette petite phrase ou plutôt cette petite pique fait le buzz, et sème le trouble: l'ancien président de l'Assemblée nationale, Soro Guillaume, est-il allé à Canossa, comme le martèle Mamadou Touré ??
Si oui, cela brouille, quelque peu, les cartes, quant aux suites politiques du possible rapprochement entre Soro Guillaume et Alassane Ouattara, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2025.
Si, en revanche, il n'y a pas eu de demande de pardon, la sortie de Mamadou Touré pourrait trahir une erreur de communication du RHDP. En laissant Soro annoncé, lui-même, qu'il a téléphoné à Ouattara, le parti présidentiel lui a offert un boulevard, et il a tiré la couverture à lui.
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Le ministre de la Jeunesse chercherait il alors à rectifier le tir, au profit d'Alassane Ouattara ?? La question mérite d'être posée et creusée attentivement.
Dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, ce n'est pas la première fois qu'on assiste à ce genre de scènes et de passes d'armes, entre frères ennemis ou adversaires: le repentir et l'humiliation font d'ailleurs partie du jeu politique dans ce pays.
En 1986, quand le maire d'Abidjan, Emmanuel Dioulo, brava le président Félix Houphouët-Boigny, et rentra de son exil parisien, avec ce dernier, à bord du Concorde, on eut droit à un scénario, plus ou moins identique.
Les partisans de Dioulo considérèrent le retour du « paria » comme une victoire. Ses ennemis, au sein de son parti, le PDCI, laissèrent entendre qu'il implora le pardon d'Houphouët.
En 1988, lorsque le bouillant opposant Laurent Gbagbo revint d'exil, après avoir également tenu tête au président Houphouët, ses amis crièrent, eux aussi, victoire.
Puis il y eut une cérémonie à la présidence à Abidjan, où Gbagbo présenta des « excuses », pour ses propos qui avaient « blessé » Houphouët. Ce dernier lui répondit que « l'oiseau ne se fâche jamais contre l'arbre ».
Le farouche opposant fit, en la circonstance, le strict minimum, mais le lendemain, le quotidien gouvernemental Fraternité-Matin titra… « Le président reçoit Gbagbo Laurent: Le pardon »
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