Simone Gbagbo condamne fermement les sanctions inhumaines de la CEDEAO contre le Mali

Simone Gbagbo a condamné ce 26 février 2022, les sanctions inhumaines de la CEDEAO et de l'UEMOA contre le Mali.

Eu égard à ce qui précède, l'on peut affirmer que les sanctions prises contre le peuple frère du Mali sont illégales ; car aucune règle de la CEDEAO et de l'UEMOA ne les justifie. Ces sanctions à caractère purement politique sont iniques dans leurs conséquences et s'apparentent à des crimes contre l'humanité. Sur le plan éthique, elles sont inhumaines.

Que l'on ne s'y trompe pas, la crise malienne est un véritable cas d'école. Ce qui se joue au Mali est moins une guerre contre les djihadistes qu'une tentative de musèlement du peuple et de pérennisation d'une situation d'assujettissement aux relents colonialistes. Il ne s'agit pas de libérer les populations maliennes des affres du terrorisme. Les enjeux majeurs de cette crise se cristallisent autour de la problématique de la souveraineté du Mali et des ex-colonies africaines de la France qui, 62 ans après la proclamation de leur indépendance politique, subissent encore le diktat des gouvernants français.

LIRE AUSSI : Guillaume Soro : ce qu'il cherche au Mali, l'histoire secrète

Ces enjeux se déclinent comme suit :
i) La crise malienne est d'abord et avant tout une bataille pour la transformation des relations entre la France et le Mali, entre cette ancienne puissance coloniale et ses anciennes colonies. Le peuple et les autorités de ce pays sont engagés dans une conquête des leviers géostratégiques nécessaires pour garantir une véritable indépendance de leur Nation.
ii) La crise malienne est aussi une opportunité que se donnent les autorités du Mali pour tirer le meilleur parti d'une mondialisation amplifiée des relations internationales. Ces autorités profitent ainsi du conflit qui l'oppose à la France, pour faire appel à d'autres partenaires comme la Russie, la Chine, la Turquie, l'Iran, etc.
iii) La crise malienne, c'est aussi l'exemple qui peut faire tache d'huile. Les cas de la Guinée et du Burkina Faso en sont l'illustration. Le désir de lutter pour la souveraineté des États de l'Afrique francophone couve dans toutes les anciennes colonies africaines de la France. Il pourrait se généraliser.

Aujourd'hui, la France, invoquant le caractère illégitime du régime militaire, a pris la décision unilatérale de retirer ses forces de même que celles de ses partenaires du Mali. En effet, le 17 février 2022, le Président français annonce le retrait des forces militaires, « Barkhane » et « Takuba », du territoire malien.
Cependant, on peut constater qu'elle ne se retire pas bien loin du théâtre des opérations puisqu'elle compte se replier au Niger voisin, pendant qu'elle s'incruste en Côte d'Ivoire.

LIRE AUSSI : Présidence FIF : Drogba sort de sa réserve, « seule l'adoption des statuts peut nous mener à l'élection »

Au moment où cet autre épisode de la crise commence, le Mali, ce pays frère, a plus que jamais besoin de notre soutien, sans réserve.
Cette position de soutien que j'adopte ne contredit en rien mon attachement viscéral aux principes de l'accession au pouvoir par les urnes. Mais il n'échappe à personne que dans l'histoire des peuples, à des moments critiques, l'armée a su parfois investir le champ politique pour justement créer les conditions d'exercice des droits démocratiques et des libertés fondamentales.

C'est pourquoi, conformément à ma vision d'une Afrique digne, souveraine et prospère,
1- J'affirme ma solidarité au peuple frère et aux autorités du Mali ;
2- Je rappelle qu'après des siècles d'esclavage, des décennies de colonisation et d'indépendance politique, toute velléité de recolonisation de l'Afrique contemporaine est inacceptable ;
3- Je déclare que le moment est venu de retirer du continent africain toutes les forces françaises ;
4- Je condamne fermement les sanctions inhumaines de la CEDEAO et de l'UEMOA contre les populations et les autorités maliennes ;
5- Je demande la levée le plus rapidement possible de toutes les sanctions contre le Mali puisque j'observe déjà que la crise malienne impacte négativement notre pays ;
6- J'interpelle la France et l'Union Européenne, l'Union Africaine et l'ONU sur leurs responsabilités quant à la dégradation de la situation humanitaire au Mali ;

LIRE AUSSI : Arbitrage FIFA 2022: voici la liste des arbitres internationaux ivoiriens
7- J'encourage le peuple et les autorités du Mali à continuer le combat pour l'accession du Mali à la souveraineté, dans la cohésion et l'unité ;
8- J'appelle tous les peuples amis, épris de justice, de paix et de liberté, à aider le Mali et l'Afrique à s'assumer pleinement et à occuper la place qui leur revient de droit dans le concert des nations libres, démocratiques et souveraines.
9- Je demande fortement à tous les maliens habitant en Côte d'Ivoire, de respecter notre pays, sa sécurité, sa tranquillité, sa paix ; et de ne pas en faire la base-arrière de leur combat.
10- Je reste disposée et disponible pour contribuer à la cause du Mali.
Que Dieu protège le Mali, que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire et l'Afrique !

Docteur Simone Ehivet GBAGBO

Written by YECLO.com

Simone Gbagbo : l’intégralité de son discours de ce 26 février 2022 sur les sanctions de la CEDEAO contre le Mali

Simone Gbagbo à propos des sanctions de la CEDEAO contre le Mali: « elles rappellent celles contre la Côte d’Ivoire en 2010 »