Le silence de Tiken Jah face au nouveau mandat que veut briguer Alassane Ouattara a fait l'objet d'analyse de Saïd Penda.
Souffrez que Tiken Jah ne condamne pas le prochain mandat de Ouattara ; souffrez qu'il s'autorise à réfléchir.
J'ai lu l'indignation d'un célèbre journaliste ivoirien, habitué des raccourcis, qui s'étonne du silence du reggae man sur la nouvelle candidature d'Alassane Ouattara, alors qu'il condamne le 3e mandat partout. Notre confrère estime que le chanteur aurait dû, au moins, s'indigner du cas Ouattara, ne serait que par principe.
Je voudrais dire à « monsieur le journaliste je sais tout » que les principes ne favorisent pas l'intelligence, parce qu'ils nous enferment dans des dogmes et nous contraignent à un perpétuel mimétisme.
Alors oui, quand on se refuse à la fainéantise de suivre de façon moutonnière des principes souvent établis par d'autres, on peut comprendre qu'il y a une différence entre le prochain mandat du président Ouattara, obligé par un cas de force majeure à se présenter alors qu'il avait déjà annoncé son départ, et la réforme constitutionnelle malicieuse d'un alpha condé dont l'unique but était de lui permettre de s'éterniser au pouvoir.
Lorsqu'on s'autorise à réfléchir, on peut soutenir un autre mandat du président Ouattara –travailleur acharné et développeur de génie- au moment où la seule alternative qu'offre l'opposition c'est une Côte d'Ivoire fasciste et tribaliste où la haine est la règle.
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Ceux qui, comme nous, font encore l'effort d'user de leurs neurones peuvent soutenir un coup d'État d'instauration de la démocratie (ATT en 1991 au Mali) ; un putsch de correction démocratique (Malam Wanké en 1999 et Salou Djibo en 2010 au Niger).
Nous pouvons cependant critiquer et dénoncer un putsch qui ne se justifie pas, comme le récent renversement d'IBK élu démocratiquement en 2018 ou celui qui a chassé ATT du pouvoir en 2012, à seulement trois mois de la fin de son mandat.
Un putsch contre le tyran biya ouvrirait la perspective d'un changement qualitatif dans ce pays, alors qu'un coup d'État au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Sénégal ou au Nigeria serait incontestablement une impardonnable régression.
La généralisation est un signe de paresse, alors que la recherche des particularités qui déterminent chaque situation nous impose la rigueur de l'analyse.
Pour conclure, que ceux qui voudraient voir Tiken Jah Fakoly se prononcer contre le nouveau mandat du président Ouattara souffrent que l'artiste s'autorise à réfléchir et ne pas condamner un nouveau bail du président sortant, salutaire pour la Côte d'Ivoire.
Ce qui est vrai, est vrai !