Cherté de la vie en Côte d’Ivoire: « le peuple ivoirien semble être tétanisé depuis 2011 face aux hausses des prix »

Cherté de la vie en Côte d'Ivoire. Douze années de gouvernance du RHDP, la situation des Ivoiriens est-elle devenue meilleure qu'en 2008 ?

En ce début du mois de février, le prix du carburant, le super sans plomb a de nouveau pris l'ascenseur, passant de 775 FCFA à 815 FCFA, soit une augmentation de 40 FCFA.

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, et pour en rajouter au bonheur que vit le peuple ivoirien, la direction des Grands Moulins d'Abidjan, dans une note d'information, annonce une augmentation de ses tarifs.

Cela veut donc dire une augmentation du prix de la farine et partant, une augmentation du prix de la baguette de pain et certainement une augmentation du prix de notre « gbofloto » national, en perspective.

Deux bonnes nouvelles pour assurer le bonheur des ivoiriens et leur faire goûter aux délices du Nirvana de la troisième République. Mais en réalité, ces augmentations de prix viennent s'ajouter à celles déjà pratiquées sur les produits de premières nécessités comme le riz, l'huile, les cubes d'assaisonnement, la viande de bœuf, exacerbant ainsi, les angoisses, la déprime et le mal-vivre, le quotidien des ivoiriens.

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Quelques temps plus tôt, le Fonds d'Entretien Routier(FER) inaugurait en grande pompe son péage sur l'axe Yamoussoukro-Tiébissou. On a applaudi à tout rompre, tout en sachant que le paiement de ce péage aura des répercussions sur le coût du transport de ceux qui sont au-delà de Yamoussoukro.

Les années passent et se ressemblent. On se rappelle que l'année dernière, en début du mois de mars, le chef de l'Etat, de retour d'un voyage, et face à la grogne qui se faisait entendre en sourdine, du fait des augmentations des prix, avait promis prendre le problème à bras le corps, après le show de ses ministres sur le terrain. Il avait surtout promis de prendre des mesures pour contenir les augmentations.

Comme un tailleur, les mesures furent prises, mais apparemment, l'habit n'est pas à la taille des ivoiriens, et la cherté de la vie est là, implacable. C'est un truisme de le dire, les augmentations actuelles auront des effets d'entrainement sur le prix d'autres produits de premières nécessités.

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Des années en arrière, le Rdr, devenu , dans l'opposition, était d'une virulence sans pareille et n'accordait aucune circonstance atténuante au gouvernement Gbagbo relativement à la cherté de la vie.

Revisitons ensemble, le discours-programme du leader du Rdr, l'actuel chef de l'Etat à la convention de ce parti en 2008, à Yamoussoukro.

Morceau choisi :

« …Cette crise économique est aggravée par la situation des finances publiques. Il ne peut en être autrement, quand on traine un boulet, une dette de 6000 milliards FCFA. Voilà un chiffre qui donne le vertige, n'est-ce pas ? 6000 milliards, c'est 60% de la richesse que nous produisons. C'est effarant. Avec un tel endettement, on peut dire que la Côte d'Ivoire vit au-dessus de ses moyens et qu'elle a cédé à la facilité. Cela signifie que nous vivons à crédit, tant sur le dos de nos enfants que sur le dos de nos petits enfants qui devront payer…On n'a pas besoin d'être économiste pour constater que les ivoiriens sont de plus en plus pauvres… ». Ayiwaaaaa Bassitè !

Belle radioscopie n'est-ce pas ?

Mais quinze années après ce discours, et douze années de gouvernance du Rhdp, la situation est-elle devenue meilleure qu'en 2008 ?

Les ivoiriens sont-ils devenus plus riches qu'ils ne l'étaient en 2008 ?

Est-ce la raison de leur mutisme face aux augmentations qu'ils subissent ?

Que dire de la dette qui serait passée de 6000 milliards hier à 23 000 milliards aujourd'hui ? Quelle lecture peut-on faire de cette évolution ?

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Il faut le reconnaître, le peuple ivoirien semble être tétanisé depuis 2011 face aux hausses des prix qu'il subit à son corps défendant. Il y a quelques années, ces décisions auraient donné lieu à des grèves et à des manifestations violentes qui auraient paralysé le pays. Mais ce peuple est extraordinaire et est devenu stoïque. Quel que soit le problème qui se pose à lui, il trouve des ressorts, soit pour le tourner en dérision, soit il s'enferme dans un mutisme qui ressemble fort à une résignation, soit il recherche une autre affaire pour y déverser sa frustration et se défouler autant que faire se peut.

Sans support et sans porte-voix, et devant le silence assourdissant des partis politiques, des associations de consommateurs, la discrétion des syndicats, surtout les plus bruyants de l'époque, les transporteurs, les ivoiriens ont choisi les réseaux sociaux comme un exutoire, pour invectiver, pleurnicher, se morfondre, se plaindre et prédire l'apocalypse. Mais toutes ces complaintes et tous ces gémissements n'iront pas au-delà des claviers de leurs ordinateurs, encore moins ne franchiront le seuil de leurs salons feutrés ou…délabrés.

Gageons que dans quelques jours, un buzz leur sera servi, qui retiendra toute leur attention. Mais d'ici là, ils boiront le calice jusqu'à la lie.

Ainsi va le pays.

Nazaire Kadia

Written by Nazaire Kadi

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