Jean-Pierre Dozon, directeur d'études à l'EHESS, répond aux questions de TV5Monde sur la demande de divorce de Gbagbo avec Simone.
Laurent Gbagbo a demandé le divorce avec son épouse Simone Gbagbo. La rupture familiale avec Simone est aussi une rupture politique et spirituelle ?
« Oui tout à fait. Cette rupture lui permet de reprendre pied d'un point de vue spirituel mais aussi d'un point de vue politique. Il demande un divorce patrimonial et aussi un divorce politique. Il se démarque de la ligne dure qu'incarnait politiquement Simone Gbagbo » a répondu Jean-Pierre Dozon, directeur d'études à l'EHESS, au micro de TV5Monde.
Avant d'ajouter, « il se recentre spirituellement et politiquement. Il se rapproche de l'Eglise catholique, symbole fort de l'histoire du pays. Le catholicisme était très influent sous le président Félix Houphouët-Boigny. Aujourd'hui, l'islam est la première religion du pays et gagne du terrain. Le catholicisme permet aussi de tendre la main à l'islam ce qui est moins le cas chez les pentecôtistes évangéliques ».
Selon Jean-Pierre Dozon, « le retour de Laurent Gbagbo au catholicisme est donc un geste d'apaisement pour la Côte d'Ivoire, en faveur de la réconciliation nationale. C'est aussi, je le crois, un apaisement pour lui-même. Durant ces dernières années, notamment lors de sa détention, il a eu le temps de réfléchir sur lui-même ».
« Cette conversion au pentecôtisme évangélique incarnait une forme de jusqu'au-boutisme qui, de fait, a failli le conduire à la mort. Il a échappé de très peu à la mort au moment de la pénétration des forces armées dans le palais présidentiel. Les soldats pro-Ouattara voulaient le tuer et la France a exigé que le couple ait la vie sauve. Si Laurent Gbagbo avait été tué, il serait devenu un martyr, » a-t-il conclu.